Cystite idiopathique : état actuel des connaissances - La Semaine Vétérinaire n° 1565 du 20/12/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1565 du 20/12/2013

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Thierry Francey*, Christelle Maurey-Guenec**, Géraldine Blanchard***, Laurent Masson****

Fonctions :
*université de Berne (Suisse).
**ENV d’Alfort.
***consultante en nutrition à Antony (Hauts-de-Seine) et via Internet. Article tiré des conférences présentées au congrès du chat d’Arcachon-Gemi, en mai 2013.

POINTS FORTS

– La cystite idiopathique représente 60 à 70 % des causes d’affections du bas appareil urinaire non obstructives.

– Son diagnostic s’établit après la recherche des autres causes.

– La gestion de la douleur, à l’aide d’analgésiques centraux, est primordiale, de même que le contrôle de l’environnement.

– La prévention passe en partie par des mesures nutritionnelles.

Les affections du bas appareil urinaire sont fréquentes chez le chat. Cependant, leurs moyens de prévention sont sujets à controverses, principalement en raison du nombre élevé de causes regroupées sous cette nomenclature (voir encadré) et du manque d’éléments diagnostiques effectués en pratique.

DIAGNOSTIC

Thierry Francey recommande au minimum la réalisation d’un examen cytobactériologique des urines (ECBU) et d’un examen d’imagerie (radiographie, échographie). Le diagnostic d’affection du bas appareil urinaire idiopathique pourra être établi seulement si ces recherches de base se révèlent infructueuses.

Notre confrère rappelle que la méthode de prélèvement et les conditions de stockage interviennent. La cristallurie augmente en effet avec le délai entre le recueil et l’analyse, et avec la conservation au froid. Il faut par ailleurs distinguer la cristallurie et l’existence de calculs : un calcul peut être présent sans cristallurie décelable (65 % des cas d’oxalates de calcium chez le chien). L’uroculture est recommandée chez le chat en raison de maladies intercurrentes fréquentes et d’Enterococcus multirésistants. Enfin, comme le chien, le chat peut présenter des calculs de struvites secondaires à une infection urinaire à germes uréasiques.

Étiologie

La forme idiopathique est la principale cause de cystite chez le chat (60 à 70 % des affections du bas appareil urinaire non obstructives), suivie par les lithiases (15 à 20 %), les infections du tractus urinaires (2 à 15 %) et les tumeurs (2 %). Plusieurs facteurs de risque de cystite idiopathique sont identifiés : chat mâle, jeune adulte, stérilisé, en surpoids, sédentaire, nourri avec une alimentation sèche, qui boit peu, anxieux (cohabitation avec des congénères, problème de litières, déménagement, etc.). Par ailleurs, notre consœur Christelle Maurey-Guenec suspecte une relation avec les bouchons urétraux : « La cystite idiopathique sous sa forme obstructive pourrait se traduire par des bouchons urétraux. En outre, on peut repousser un bouchon urétral par sondage et en fait conclure à une affection du bas appareil urinaire non obstructive. »

D’après les recherches actuelles, la cystite idiopathique est rencontrée chez des « chats sensibles qui vivent dans un environnement provocateur ». Ces animaux présentent une urine concentrée (donc potentiellement irritante), une cristallurie, une couche superficielle protectrice amoindrie (déficit en glycosaminoglycanes) et une perte de l’intégrité épithéliale de la muqueuse vésicale.

TRAITEMENT

Médical

Les chats atteints d’affections du bas appareil urinaire idiopathiques sont plus sensibles à la douleur, aux stimuli extérieurs du système nerveux noradrénergique (hyperactivation du système sympathique) et d’autres voies neuro-endocriniennes. Dès l’apparition des symptômes, une analgésie centrale est instaurée, notamment à l’aide de buprénorphine (5 à 20 µg/kg toutes les six à huit heures, pendant trois à cinq jours) ou de butorphanol (0,2 à 0,4 mg/kg toutes les quatre à six heures). Les AINS sont également recommandés malgré l’absence d’étude pour cette indication.

Comportemental

L’identification et la gestion d’agents provocateurs de stress dans l’environnement sont primordiales : accès à l’extérieur, situation familiale, cohabitation avec des congénères, nombre et emplacement des litières, distribution de la nourriture, abreuvement, etc.

Une aide médicamenteuse peut compléter les mesures d’enrichissement environnemental (Pipolino(r) par exemple) si celles-ci se révèlent insuffisantes. Le choix se porte alors sur l’amitriptyline (essai thérapeutique à la dose de 5 à 12,5 mg, une ou deux prises par jour) ou la clomipramine (0,5 mg/kg/j). Une autre approche de stabilisation neurovégétative repose sur l’utilisation de phéromones félines. Enfin, l’intérêt d’une supplémentation en glycosaminoglycanes n’est pas démontré, mais pourrait entraîner une amélioration clinique.

Diététique

Après un premier épisode d’affections du bas appareil urinaire, les recommandations nutritionnelles ont pour objectifs d’obtenir une urine diluée, une composition urinaire stable et un pH urinaire physiologique entre 6 et 6,5 (mesuré de préférence le matin à jeun).

Notre consœur Géraldine Blanchard propose de suivre des règles nutritionnelles précises.

→ Tout ou partie de l’alimentation fournie sous la forme humide, afin d’augmenter l’apport en eau, essentiel pour obtenir une urine plus diluée. Cela permet aussi d’augmenter le volume du bol alimentaire (3 à 4,5 kcal/g de croquettes versus 0,6 à 1,2 kcal/g d’aliment humide). Si le chat préfère les croquettes, il convient de lui donner en complément des courgettes (0,16 kcal/g seulement).

→ Une alimentation stable et adaptée.

→ Une distribution fractionnée en trois ou quatre repas de l’aliment humide ou des courgettes et autant de repas, ou pour la partie croquettes une mise à disposition d’une quantité limitée dans un jouet. L’utilisation d’un distributeur à minuterie est possible.

L’incorporation de l’aliment humide doit se faire progressivement.

La teneur en minéraux est d’autant plus modérée que l’aliment est sec. Selon la formule “taux de cendres brutes / (100 % humidité) x 100”, le pourcentage optimal est compris entre 5 et 8 à la suite d’un premier épisode d’urolithiase. En outre, il convient de lutter contre la sédentarité et l’obésité. « Le chat stérilisé et sédentaire voit ses besoins énergétiques réduits d’environ 40 %, alors qu’il consacre énormément de temps à la consommation de sa ration », rappelle Géraldine Blanchard. Il faut aussi prévenir tout stress en distribuant une quantité d’aliment suffisante sans dépasser ses besoins.

Hygiénique

La mise à disposition de plusieurs bacs à litière dans la maison et leur entretien fréquent est un moyen supplémentaire d’inciter ces chats à uriner dès qu’ils en ressentent le besoin, ce qui limite encore la concentration urinaire en cas de miction retardée.

CAUSES DE DYSURIE CHEZ LE CHAT

→ Lithiases : prédisposition des races à poils longs (persan, ragdoll, scottish) et des mâles.

→ Infection : plus fréquente chez le chat âgé (prévalence de 45 % chez les plus de dix ans) et les femelles. Souvent associée à des facteurs favorisants (dysendocrinie, urétrostomie, iatrogène postsondage, vessie neurogène, néoplasie).

→ Tumeur : surtout chez le chat de plus de 10 ans (carcinome à cellules transitionnelles dans 60 % des cas).

→ Cystite idiopathique : touche surtout les jeunes adultes, sans prédisposition sexuelle.

→ Bouchons urétraux : ces substrats, qui mêlent cristaux de struvites, cellules inflammatoires et matrice protéique, pourraient constituer l’expression clinique particulière de la cystite idiopathique.

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