Océan Arctique : les enjeux

Si la fonte de la banquise dans l’océan Arctique se poursuit, la population mondiale d’ours polaires, estimée à 22 000 individus, diminuera des deux tiers d’ici à 2050.

La fonte de la calotte glaciaire arctique va rendre navigable, l’été, le passage par le nord, raccourcissant le voyage entre l’Asie et l’Occident. Un exemple : par rapport au trajet par le canal de Suez, transporter du minerai de fer de Norvège à Shanghai par la route du nord-est sera possible avec un gain de 6 400 km (soit 180 000 $ de fuel). Cette fonte va également rendre accessible les ressources minérales et pétrolières du grand Nord (30 % des réserves mondiales de gaz et 13 % des gisements de pétrole).

Les États riverains de l’océan Arctique (Canada, Danemark, Finlande, États-Unis, Islande, Norvège, Russie et Suède) ont déposé de nombreuses demandes d’extension de leurs droits d’exploitation du sous-sol, au-delà des 200 milles marins, jusqu’au pôle Nord lui-même. La convention de l’Organisation des Nations unies sur le droit de la mer arrivera-t-elle à résoudre ces conflits ?

La Chine vient d’obtenir, au sein du conseil de l’Arctique, le statut très convoité d’observateur permanent (seuls six pays, dont la France, le détiennent). Elle a investi 3 milliards de dollars dans les usines islandaises de silicium (le quart du produit intérieur brut islandais !) et a tenté, sans succès, d’acheter 300 km² de terrains dans le nord de l’île. Des tentatives similaires ont eu lieu au Groenland et au Canada (16 milliards investis dans des projets énergétiques). Hormis la question cruciale de la fonte du permafrost, qui pourrait libérer d’énormes quantités de méthane à fort effet de serre, les questions environnementales semblent, pour le moment, accessoires…

Les ours blancs trouvent la nourriture la plus riche sur la banquise située à l’aplomb des plateaux continentaux, en marge des côtes. Ces derniers temps, la glace s’est retirée loin de ces zones. Leur période de chasse estivale sur la banquise se raccourcit, entraînant un jeûne plus long. La glace, moins épaisse, risque de dériver davantage au gré des vents et des courants, et d’emporter ainsi les ours vers des territoires étrangers. Ces animaux s’épuisent alors à nager en pleine mer pour trouver des plaques de glace hospitalières ou pour regagner la terre ferme. En 2008, une femelle équipée d’une balise a nagé sur 687 km pour rejoindre la banquise, au large de la côte nord de l’Alaska.