IBR : facteurs de risque identifiés dans le Brionnais

UN CHEPTEL NAÏF ET UNE INTENSE CIRCULATION VIRALE

Lors de la campagne 2012-2013 de prophylaxie contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR), des séroconversions massives ont été observées dans le Brionnais, une région au sud de la Saône-et-Loire, notamment dans la commune de Saint-Bonnet-de-Cray. Toutes les générations ont été touchées, mais aucun signe clinique n’a été relevé. Ce phénomène avait déjà été observé près de cette commune en 2009. En raison de l’impact économique important du statut IBR dans ce secteur qui exporte de jeunes bovins, une enquête épidémiologique a été menée par le Groupement de défense sanitaire (GDS Saône-et-Loire) avec l’appui de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses Niort).

Selon les informations collectées au cours de l’enquête, cet épisode a sans doute découlé d’un enchaînement d’événements. Ainsi, la circulation virale s’est révélée intense, avec 100 % de séroconversions dans certains lots. Cela a été favorisé par un niveau d’excrétion virale élevé (10 000 à 100 000 fois plus important lors d’une primo-infection versus une réactivation) en raison du caractère essentiellement naïf de la population bovine vis-à-vis de l’IBR.

De plus, la commune de Saint-Bonnet-de-Cray se caractérise par de nombreux exploitants (près de 60 éleveurs différents), un morcellement des parcelles et un nombre élevé d’élevages d’engraissement à l’herbe. Ces particularités constituent autant de facteurs qui favorisent la diffusion de l’infection.

DES CONDITIONS GÉO-ÉPIDÉMIOLOGIQUES ET CLIMATIQUES FAVORABLES

Cinq unités géo-épidémiologiques ont été identifiées, avec une zone commune dans un secteur essentiellement dédié à l’engraissement, caractérisé par un taux de renouvellement du cheptel important. Des îlots isolés de positivité ont été constatés dans des zones qui semblaient épargnées.

L’enquête épidémiologique a permis d’observer une fréquente situation sous le vent dominant des parcelles hébergeant des animaux positifs et/ou le long d’axes de circulation (passages de bétaillères). De plus, la vaccination de certains animaux séropositifs, en transhumance sur le territoire de la commune, n’avait pas été réalisée dans leur département d’origine. Inversement, des îlots négatifs ont été identifiés dans des zones à forte séroprévalence, soit sur des parcelles bordées de haies fournies ou de taillis, soit parce que les bovins y ont été installés après la circulation virale, soit en raison de la présence majoritaire de bovins vaccinés dans les effectifs concernés (loi dite de Charles Nicolle¹). La circulation virale a eu lieu durant l’été 2012, alors que le virus circule habituellement en hiver. Les températures de l’été 2012 sont restées basses avec un taux d’humidité élevé, des conditions plus favorables à la survie du virus. Deux pics brutaux de grosse chaleur sont peut-être également à l’origine d’un stress qui a réactivé l’excrétion virale.

Le cas index n’a pas été identifié et aucune hypothèse concernant l’introduction du virus dans la zone ne peut être exclue : animal provenant de l’extérieur, bovin de la zone entré en contact avec un animal infecté lors d’une foire par exemple, ou réactivation chez un animal séropositif. Aucun lien n’a pu être effectué entre cet épisode et celui de 2009, l’absence de séroconversion chez les jeunes générations entre ces deux épisodes indiquant l’absence de circulation du virus.

Une mutation de la souche virale, qui aurait augmenté ses capacités de diffusion, ne peut être écartée, mais aucune analyse virologique n’a été possible.

DES RECOMMANDATIONS

Cette enquête a permis d’établir une liste de recommandations.

→ Vacciner les cheptels à fort taux de renouvellement, surtout en cas d’engraissement à l’herbe. Un vaccin vivant délété, qui ne nécessite qu’une seule injection, est conseillé en primovaccination. Il permet une meilleure maîtrise de l’excrétion chez les individus en primo-infection et une surveillance de la circulation virale.

→ Améliorer la connaissance des mouvements d’animaux : les primes incitent en effet les propriétaires à mettre leurs pâtures à la disposition d’élevages plus éloignés, ce qui augmente les déplacements d’animaux, dont certains peuvent être infectés.

→ Mettre en place des mesures de biosécurité afin de limiter les contacts avec les effectifs au statut inconnu ou positif (isoler les animaux de retour d’une foire ou d’un concours), mettre en place des doubles clôtures au voisinage de cheptels à fort taux de rotation, réserver les parcelles bien isolées pour les jeunes générations, favoriser les échanges de parcelles, etc.

• 1 D’après cette loi, la vaccination de 75 % d’une population permettrait d’empêcher la circulation de l’agent infectieux dans la totalité de cette dernière.