Bilan et évaluation préopératoire chez les nouveaux animaux de compagnie - La Semaine Vétérinaire n° 1563 du 06/12/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1563 du 06/12/2013

Formation

NAC

Auteur(s) : Frédéric Vlaemynck*, Hélène Vandenberghe**

Fonctions :
*praticien à CaduVet, Loos-lez-Lille (Nord). Article tiré d’une conférence présentée lors du congrès annuel du Genac au Puy du Fou, en septembre 2013.

La mortalité est élevée lors d’anesthésie chez les nouveaux animaux de compagnie, souvent parce que l’examen clinique préopératoire et la préparation à la chirurgie ne sont pas menés avec suffisamment de rigueur », affirme Frédéric Vlaemynck. La phase préopératoire nécessite en effet une gestion rigoureuse et adaptée à chaque espèce.

CHEZ LES PETITS MAMMIFÈRES

→ L’examen clinique d’admission doit impérativement avoir lieu en présence du propriétaire. Cela permet de mieux cerner l’animal, son historique, et d’expliquer en détail l’intervention chirurgicale. Le poids précis de l’animal est relevé et réévalué régulièrement, tout au long de l’hospitalisation.

L’évaluation précise du fonctionnement du système cardio-respiratoire est indispensable, même si elle peut se révéler délicate, notamment chez le lapin dont les lobes pulmonaires craniaux sont difficilement auscultables. En outre, chez ces animaux, les affections respiratoires hautes sont fréquentes. Or le rôle des voies respiratoires supérieures est prépondérant dans leur respiration. Il convient donc de s’assurer qu’elles ne sont pas obstruées, surtout si l’animal n’est pas intubé lors de l’intervention. Au besoin, un examen d’imagerie est réalisé en complément. Des valeurs de base des fréquences cardiaque et respiratoire, ainsi que de la température, sont relevées à cette occasion, et servent de référence par la suite.

Enfin, la déshydratation et l’anorexie sont évaluées. Ces deux facteurs de risque importants doivent être, dans la mesure du possible (sauf urgence), rétablis avant l’opération.

→ D’éventuels examens complémentaires peuvent être nécessaires pour limiter le risque chirurgical et sont décidés avec le propriétaire. La connaissance des valeurs de l’hématocrite, des protéines totales et du glucose au cours de l’hospitalisation est utile. Les valeurs de l’urée et de la créatinine doivent être connues chez le furet et le lapin vieillisants (respectivement dès quatre et six ans), sujets aux insuffisances rénales. Dans l’idéal, un examen biochimique complet, une numération-formule sanguine et le temps de coagulation sont aussi à connaître.

→ Une réhydratation est possible par voies sous-cutanée, orale et intraveineuse. Le transit digestif des herbivores (la­pin, chinchilla, cochon d’Inde et octodon) doit impérativement être relancé avant l’opération (a minima excrétion de fèces, même si l’animal ne s’alimente pas spontanément). Les herbivores amaigris ou anorexiques peuvent être nourris efficacement et précisément à l’aide d’aliments spécifiques (de type Oxbow Critical Care for Herbivores® ou Recovery Supreme Food®).

Un gavage par petites pressions courtes est effectué en introduisant une seringue en arrière des incisives, le long du diastème, et en appuyant légèrement sur la langue de l’animal. Mieux vaut préférer une multiplication de petites administrations aux gavages plus volumineux et plus stressants. Du métoclopramide, à la dose de 0,5 mg/kg/6 heures, peut être administré en complément.

→ La question de l’hospitalisation préopératoire doit être posée, avec un rapport risque/ bénéfice évalué au cas par cas. Si elle permet de différer le stress, d’effectuer une diète correcte (pas trop anticipée) et d’évaluer précisément l’état général de l’animal, certaines espèces sensibles (cochon d’Inde) ou sociables (rat) peuvent mal la supporter. Dans ce cas, l’hospitalisation synchrone d’un congénère ou à la maison sont à considérer. Elle doit en tout cas, pour ces animaux qui sont majoritairement des proies, être assurée à l’écart des chiens et des chats.

→ Enfin, même si les lapins et les rongeurs ne peuvent vomir, de par leur conformation anatomique, une diète demeure nécessaire, sauf chez les espèces dont le transit digestif est rapide (rat, souris, hamster, voir tableau). Elle permet de limiter le volume abdominal, donc la compression des organes thoraciques, et d’éviter les reflux gastriques, en particulier chez les espèces difficiles à intubaber, mais aussi de limiter le remplissage du cæcum, donc le risque d’incision accidentelle lors de l’acte chirurgical. Néanmoins, la diète ne supprime pas totalement la tendance à vomir chez le furet en phase postopératoire, et augmente le risque d’hypoglycémie et d’iléus fatal chez les mammifères herbivores. Il existe donc certaines contre-indications : chirurgie longue, insulinome du furet, etc.

CHEZ LES REPTILES

→ S’ils ne sont pas soumis à une évaluation clinique rigoureuse à leur admission à la clinique, les reptiles peuvent être de mauvais candidats aux traitements chirurgicaux. Il faut absolument identifier et hiérarchiser les troubles auxquels l’animal est sujet, les traiter et les prendre en compte, afin d’adapter l’anesthésie. En outre, tous les agents anesthésiques sont des dépresseurs respiratoires. Or, les rhinites et les pneumonies sont particulièrement graves chez ces animaux. Il convient donc, dans ce cas, d’être particulièrement vigilant lors de l’anesthésie.

→ Des examens complémentaires peuvent être utiles pour déterminer l’ampleur et l’origine de certaines maladies :

– coprologie si l’animal est en état carenciel ;

– mise en culture et antibiogramme lors d’écoulement purulent ;

– dosages du calcium, du phosphore, de l’acide urique, du glucose, et éventuellement de l’urée ;

– évaluation de l’état d’hydratation via le dosage de l’hématocrite et des protéines totales ;

– radiographie pour vérifier l’intégralité du système respiratoire chez la tortue.

→ Une hospitalisation est possible. Les reptiles sont poïkilothermes et il faut idéalement les hospitaliser à la bonne température selon l’espèce.

→ Ces animaux sont souvent déshydratés et une réhydratation (par voie orale, sous-cutanée, intrapéritonéale, ou intra-osseuse par le biais d’un cathéter) est alors nécessaire, afin de ne pas assombrir le pronostic. La diète, à éviter chez les herbivores afin de ne pas dégrader leur flore bactérienne, permet de prévenir les régurgitations lors de la contention ou de la chirurgie. Elle doit durer entre 18 et 96 heures.

CHEZ LES OISEAUX

→ La connaissance de l’anamnèse et des commémoratifs (historique médical et historique de vie de l’animal) est importante dans l’évaluation du risque chirurgical. Un examen clinique à distance (locomotion, état général, position, attitude, mouvements respiratoires, qualité du plumage) et rapproché est nécessaire. Il convient aussi d’écouter l’animal (voix, flatulences, bruits respiratoires). Lors de l’examen rapproché, le bec, les narines, les yeux, les oreilles sont observés attentivement et précisément. Un écouvillon pour analyse peut être réalisé dans le bec (ouvert avec un spéculum). Le jabot, les muscles pectoraux, le cloaque et les membres sont palpés et examinés. Les ailes sont étirées (palpation des abords osseux, de la membrane alaire) et l’auscultation de l’animal peut commencer. Elle se termine en face dorsale après son retournement. La pesée est également importante (balance dotée d’un perchoir pour les animaux calmes, ou dans une serviette pour les plus stressés).

→ Le bilan sanguin doit au moins comprendre l’hématocrite, les protéines totales et le glucose, idéalement une numération-formule sanguine et une biochimie.

→ Une diète de trois heures est recommandée chez les petits oiseaux, versus 12 à 24 heures chez les rapaces.

→ Ces animaux doivent être stabilisés (hors urgence) à l’aide d’une réhydratation par voie sous-cutanée, voire intraveineuse ou intra-osseuse, un nourrissage et une complémentation en oxygène chez les sujets dyspnéiques ou qui souffrent de troubles respiratoires.

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