L’enchantement de la fiction animalière, sans le discours

Le film Amazonia s’achève là où Il était une forêt¹ débute : un pan de forêt massacrée. Alors que Luc Jacquet part du désastre pour raconter l’idéale renaissance de la nature, celui de Thierry Ragobert ne vise qu’à immerger le spectateur dans le merveilleux de celle qui, par miracle, est restée inviolée.

Un accident d’avion précipite un jeune capucin né en captivité au cœur de la jungle amazonienne, le contraignant à l’apprentissage forcé de l’exubérante vie sauvage. Partageant les peurs et les facéties du petit singe, nous nous enfonçons avec lui dans la forêt épaisse, essuyant des pluies diluviennes, à la rencontre d’une faune chamarrée, spectaculaire : tapir, tamanoir, toucan, paresseux, harpie, dauphin rose, anaconda, colibri, tatou, ara, ouakari, jaguar, insectes insolites, etc. Retrouvant un groupe de congénères sauvages, puis finalement les hommes, le primate choisira son camp.

D’une incroyable maîtrise technique, le film, entièrement tourné en 3D relief, n’abuse pourtant d’aucun effet de virtuosité ni de dramaturgie. Plus rare, le montage construit la fiction sans l’aide d’aucun commentaire, écueil souvent explicatif, pontifiant ou anthropomorphique de ces productions. Si, à de rares moments, le récit se relâche, Amazonia relève néanmoins son pari et, par sa qualité, s’inscrit dans la digne tradition animalière française.

Amazonia de Thierry Ragobert, 3D relief, 2013, France/Brésil, 1 h 25, sorti le 27 novembre 2013. Trois ouvrages autour du film sont parus aux éditions La Martinière, dont Amazonia, un beau livre de photographies d’Araquém Alcântara (texte de Thierry Piantanida), 232 pages, 240 x 310 mm, 35 €.

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1560 du 15/11/2013 en page 49.