Premier colloque conjoint entre les ministères de la Santé et de l’Agriculture - La Semaine Vétérinaire n° 1561 du 22/11/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1561 du 22/11/2013

Antibiorésistance

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Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Il aura fallu la menace de perdre les antibiotiques pour enfin réunir, dans une même pièce, santé humaine et animale. Du moins le temps d’un colloque, organisé conjointement et pour la première fois par les ministères de la Santé et de l’Agriculture, en présence du directeur général de la Santé, Benoit Vallet, et du directeur général de l’Alimentation, Patrick Dehaumont. Cette réunion s’est tenue le 14 novembre dernier dans les locaux de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) à Paris, lieu emblématique du concept « une seule santé » qui, ce jour-là, était appliqué à l’antibiorésistance.

L’objectif n’était pas tant de faire le point sur le suivi des deux plans actuellement en vigueur (plan d’alerte sur les antibiotiques 2011-2016 par la Direction générale de la santé et plan ÉcoAntibio 2012-2017 par le ministère de l’Agriculture) que d’alimenter la réflexion et de comparer ce qui est appliqué chez les uns et les autres.

De toute façon, comme l’a si bien souligné Bernard Vallat (OIE), « la responsabilité est partagée entre la santé animale et la santé humaine ».

La nécessité de réduire et d’améliorer l’utilisation des antibiotiques constitue un objectif majeur pour les deux parties.

Baisse en médecine vétérinaire, hausse en humaine

Sur le chapitre des usages, les molécules vétérinaires sont moins consommées, mais de manière toujours irrégulière selon les filières et les familles d’antibiotiques1. Les résultats sont cependant qualifiés d’encourageants. En médecine humaine, le succès des campagnes lancées en 2001 (« les antibiotiques, c’est pas automatique ») s’est érodé et le niveau de consommation est en phase ascendante. L’angine, virale dans 75 à 90 % des cas chez l’adulte et 60 à 75 % des cas chez l’enfant, est un exemple typique d’usage inapproprié des antibiotiques. Les médecins ont pourtant accès gratuitement, via la Cnam TS, à un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) qui permet de déterminer si la cause est bactérienne ou non. Cependant, il n’est utilisé que par 20 % des praticiens. La réalisation du test prend quelques minutes, ce qui exige de le prévoir au cours de la consultation. Ce n’est pas toujours facile, notamment dans certaines régions où les médecins, peu nombreux, disposent d’un temps limité.

Le recours aux vaccins rencontre aussi des difficultés d’acceptation sociale, comme en témoigne la vaccination contre la grippe humaine. Les instances administratives ont en outre cité les refus rencontrés lors de la campagne de vaccination obligatoire contre la fièvre catarrhale ovine.

Développer des alternatives aux antibiotiques

Outre les résistances aux antibiotiques actuels, une autre problématique est soulevée : le manque de nouvelles molécules. Actuellement, seules 109 substances à effet antibiotique sont en développement, dont 31 en phase 2 et 9 en phase 3. La recherche est pointée du doigt. Il faut 10 à 15 ans pour lancer un nouveau produit, les procédures réglementaires sont exigeantes et le retour sur investissement incertain : des raisons qui expliquent le désengagement des laboratoires pharmaceutiques du secteur de l’antibiothérapie. Côté alternatives, ce n’est guère mieux : phagothérapie, immunothérapie, transplantation de flore, inhibition du système SOS des bactéries, utilisation de substances non antibiotiques ou d’adjuvants (qui permettraient de continuer à les employer en augmentant leur efficacité, leur diffusion, etc.), les possibilités sont légion, mais la plupart encore à l’état de recherches, d’évaluations, ou en attente d’une réglementation adaptée.

Un contrôle exercé par le “payeur”

La Cnam TS exerce un rôle d’information et de contrôle de la prescription médicale. Selon les recommandations de la Haute autorité de santé, les thérapeutiques et les examens complémentaires sont encadrés et régulés. Lors d’infection urinaire, par exemple, sauf en présence d’un facteur de risque particulier, un examen cytobactériologique des urines n’est pas recommandé en première intention, alors qu’il peut être pratiqué plus facilement par les vétérinaires. L’enregistrement des prescriptions d’antibiotiques par la Cnam TS lui permet de connaître, pour chaque médecin, le nombre effectué dans l’année, total ou par classe d’âge et famille d’antibiotiques, et de déterminer si cela correspond à la médiane observée dans les populations similaires. Il n’y a pas de système punitif, en revanche les « bons élèves » bénéficient d’une rémunération sur objectif, un bonus, le seuil étant fixé à 37 prescriptions pour 100 patients par an (44,3 en moyenne en 2012).

  • 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1557-1558 du 1er/11/2013 en pages 14-15 et 25-30.

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