« Un plan d’actions ne se consulte pas pendant la crise, il doit être connu avant »

Comment définir le bioterrorisme et le risque associé ?

Il convient plutôt, s’agissant d’attentats visant l’homme au travers d’actions sur les animaux, les végétaux ou tout maillon de la chaîne alimentaire, de parler d’agroterrorisme. La réémergence du risque biologique, relativement récente, alimente les craintes à travers l’utilisation de micro-organismes ou de toxines à des fins malveillantes. À ce jour, aucune action d’ampleur utilisant un agent biologique n’est à déplorer dans notre pays. Les suspicions restent rares. Le risque n’est cependant pas à négliger, car une attaque biologique est potentiellement facile à mettre en œuvre, avec des moyens simples, dès lors que le terroriste dispose d’une souche ou d’une toxine pathogène. Plutôt qu’une “bombe sale”, la contamination d’un réseau d’eau potable par une toxine toucherait rapidement une large population. La multiplication d’attentats localisés, mais simultanés, est aussi susceptible de submerger la chaîne d’intervention. L’atteinte peut enfin être d’ordre économique, dans l’hypothèse d’une maladie d’élevage sans impact sanitaire humain.

Sommes-nous armés pour nous défendre ?

Dans ce contexte, la prévention est de mise. Elle repose sur un inventaire des risques, son actualisation perpétuelle, et la planification de la réponse opérationnelle. L’an dernier, une refonte intégrale des plans NRBC, associés aux risques nucléaire, radiologique, biologique et chimique, a eu lieu. Classés “confidentiel défense”, ils sont complémentaires du populaire plan Orsec, qui organise la réponse collective de sécurité civile.

Imaginons une épizootie déclenchée volontairement dans une série d’élevages. Techniquement, le plan d’actions sanitaires ne serait pas différent de celui suivi dans le cadre d’une contamination naturelle (diagnostic, confinement, abattage, etc.). À cela près qu’il s’organiserait en collaboration avec d’autres services (police technique et scientifique, justice, sécurité publique), notamment pour la préservation des traces et des indices et la prévention du surattentat. En pratique, le centre opérationnel départemental est piloté par le préfet, entouré d’experts des différents services de l’État, des collectivités territoriales, des opérateurs. Selon son ampleur, la gestion de la situation peut monter au niveau de la zone de défense (sept en France), voire à l’échelle nationale.

Ces plans sont-ils testés en conditions réelles ?

Les exercices font partie intégrante de la planification. Ils permettent d’évaluer les mesures et de les corriger au besoin. Ils ne sont pas nécessairement spécifiques au risque biologique, dont la reproduction “grandeur nature” n’est pas aisée. Le dernier organisé dans la zone Sud-Est a simulé une contamination chimique dans le métro lyonnais.

Une fois rédigés dans une large concertation et validés, les plans d’intervention doivent être assimilés par les différents acteurs. Ce n’est pas le jour de la crise qu’il faut s’y intéresser, mais bien avant !

À quel niveau se place l’intervention du vétérinaire ?

Le vétérinaire sanitaire est un acteur de première ligne dans les actions opérationnelles. Mais en amont, le praticien détient un rôle de surveillance primordial, auquel il est bien sensibilisé. Il émet une suspicion et doit en alerter les services vétérinaires du département.