L’examen des chats et des chiens difficiles - La Semaine Vétérinaire n° 1559 du 08/11/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1559 du 08/11/2013

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gary Landsberg*, Kendal Shepherd**

Fonctions :
*praticien au Canada
Article tiré de conférences présentées à l’International Veterinary Behaviour Meeting, à Lisbonne, en septembre 2013
**consultante au Royaume-Uni. Article tiré de conférences présentées à l’International Veterinary Behaviour Meeting, à Lisbonne, en septembre 2013
***Matthieu Broussois

Les visites chez le vétérinaire peuvent rapidement devenir un cauchemar pour certains animaux. Or ce comportement de peur est souvent le fruit d’un apprentissage lié aux visites passées. La manière dont chaque consultation est gérée conditionne la façon, positive ou négative, dont l’animal la perçoit. L’objectif est donc que chaque visite se passe bien afin de ne jamais avoir à affronter un animal considéré comme “difficile”, qui ne peut être examiné ou soigné correctement.

Un animal manipulable présente de nombreux avantages. Au-delà de la sécurité pour l’équipe soignante et son propriétaire, cela influence la relation entre ce dernier et la clinique vétérinaire. Si le comportement immédiat du maître est influencé, cela a aussi un impact sur celui de l’animal, la justesse de l’examen et la qualité des soins. De plus, le comportement de l’animal en dehors de la clinique pourra être modifié en cas d’expérience traumatisante. Son bien-être mental est alors en jeu. Comme un chien peureux est potentiellement dangereux, il est raisonnable de penser qu’il s’agit même d’un enjeu de sécurité publique.

RECONNAÎTRE LA PEUR

L’échelle de l’agression canine, en partie transposable chez le chat, place la morsure à l’ultime barreau, qui n’est utilisé que si les étapes précédentes d’intimidation n’ont pas été efficaces. La détection des premiers signaux émis est donc essentielle pour reconnaître la peur au plus tôt. Si, naturellement, le chat explore et recherche le contact, au fur et à mesure de l’augmentation de la peur, il devient tendu, ses oreilles se positionnent à l’horizontale, le dos se vousse, la queue et les membres sont cachés sous le corps et la pilo-érection apparaît. Si le chat est approché de plus près ou qu’il n’a pas la possibilité de s’enfuir, l’escalade commence, les oreilles s’aplatissent, la queue remue, les pupilles se dilatent et le chat feule ou gronde. La seule procédure sûre est alors d’arrêter, de reculer, de laisser l’animal s’apaiser et de recommencer plus tard, plus doucement, avec des friandises ou des jeux.

DIMINUER LA PEUR

Lors du trajet

Le voyage, qui conduit l’animal en salle de consultation, débute bien avant l’entrée dans la clinique. Plus cette première partie du trajet est agréable, plus l’animal arrive détendu. Le vétérinaire doit promouvoir l’utilisation de friandises, d’herbe à chat, de jouets ou de phéromones pour la prochaine visite. Chez le chat, le libre accès à la caisse de transport à la maison, où sont déposées régulièrement des choses agréables, l’incite plus facilement à y entrer. Des caisses possédant une ouverture sur le dessus ou complètement escamotables rendent la manipulation plus aisée. Enfin, une habituation au transport et à la voiture est nécessaire, et d’autant plus rapide qu’elle est accompagnée de friandises, de jouets, etc.

À la clinique

Arrivés à la clinique, les animaux devront probablement attendre quelques instants. Si la solution de salles d’attente dédiées à chaque espèce est idéale, le cloisonnement d’une seule pièce est possible grâce à des panneaux permettant de limiter le contact visuel entre les animaux. Une gestion de l’emploi du temps, certes fastidieuse mais possible, peut permettre de définir des plages horaires réservées à telle espèce. La possibilité de faire entrer rapidement un chat dans une salle de consultation libre est également appréciable.

Les stimulations sensorielles influencent le statut émotionnel de l’animal. Les bruits anxiogènes sont à diminuer grâce à une bonne isolation phonique ou à un fond musical. Les odeurs sont éliminées à l’aide de détergents doux ou de destructeurs d’odeur. L’utilisation de diffuseurs de phéromones pour chaque espèce peut se révéler utile. Le statut émotionnel des propriétaires, mais également de l’équipe soignante, est susceptible d’apaiser la peur, ou au contraire de l’aggraver.

Des serviettes ou des couvertures permettent de garder la table d’examen chaude et confortable. Les cages d’hospitalisation doivent aussi être confortables, chaudes, et contenir la nourriture habituelle de l’animal, ses jouets, des vêtements appartenant aux propriétaires, etc. Les chats sont préférentiellement laissés dans leur panier de transport, placé dans une cage, et restent isolés des chiens. Une lumière douce, de la musique classique ou des diffuseurs de phéromones peuvent contribuer au calme ambiant.

Lors des manipulations

La formation et la participation de l’équipe médicale sont indispensables pour une prise en charge la moins anxiogène possible. En début de consultation, pendant le recueil des commémoratifs, le chat peut librement sortir de son panier et se promener ou le chien explorer la salle. L’animal est ensuite approché doucement, sans mouvements brusques et en essayant de le faire venir de son propre chef.

Si l’animal ne bouge pas, l’utilisation de jouets ou de friandises peut aider. Il est déconseillé d’attraper le chat par la peau du cou et préférable d’enlever la partie supérieure du panier et de le sortir, si nécessaire, à l’aide de serviettes. Certains chats préfèrent passer une grande partie de la consultation dans leur panier.

Tout en continuant à offrir des friandises pendant les soins, l’identification des signes du langage corporel permet de choisir la technique la plus adaptée (examen sur la table, dans la caisse, par terre, dehors, etc.). Plutôt que de chercher à imposer ce que l’on souhaite à l’animal, il est préférable de se demander ce que celui-ci attend de nous et toujours s’efforcer d’utiliser la contention la plus douce possible, en le laissant exprimer sa position préférée. Si besoin, il est possible d’utiliser une couverture ou une serviette pour emmailloter le chat ou le recouvrir afin qu’il se sente davantage en sécurité.

L’équipe médicale doit maîtriser plusieurs techniques de contention et adapter la moins stressante à chaque cas. L’emploi de produits injectables à température ambiante, en choisissant des aiguilles fines et neuves à chaque injection, diminue la douleur, surtout si des friandises sont proposées en même temps. Le cas échéant, une anesthésie locale peut être nécessaire. Dans tous les cas, la prise en compte des réactions lors des dernières visites permet d’adapter au mieux son comportement.

En outre, il est illusoire d’essayer de faire “ami-ami” avec l’animal une fois l’événement douloureux terminé. Cette approche amicale doit avoir lieu avant toute manipulation désagréable. Si le chien refuse la friandise proposée, le vétérinaire peut la confier au propriétaire. En cas de nouveau refus, la demande « assis » place l’animal dans une situation connue à la maison et favorise la prise de la friandise. En cas de succès, le vétérinaire pourra alors renouveler l’opération. La relation amicale s’établira plus facilement.

GÉRER LA PEUR

Si l’animal est trop peureux pour être manipulé avec une contention légère, plusieurs options sont possibles.

→ Essayer de mettre fin aux soins de la façon la moins stressante possible (friandises, serviette, sac de contention, etc.).

→ Délivrer un traitement anxiolytique pour une prochaine visite ou sédater l’animal si les soins sont urgents.

→ Lorsque le propriétaire est motivé, une thérapie de désensibilisation et de contre-conditionnement lui est expliquée, en prenant soin de travailler sur chaque point de la visite, à commencer par l’entrée dans la voiture, le trajet, la pose de la muselière, etc.

→ Dans tous les cas de figure, une bonne sédation via une injection intramusculaire, le plus souvent sur un animal emmailloté dans une serviette, est préférable à une bagarre traumatisante avec lui. Le Veterinary Anesthesia & Analgesia Support Group (VASG) recommande l’association de butorphanol, de dexmédétomidine (sauf contre-indication cardiaque) et de midazolan. Si nécessaire, de la kétamine peut être ajoutée. L’utilisation d’acépromazine est déconseillée, notamment chez le chat.

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