Approche clinique du cheval en coliques

Les coliques sont l’expression d’une douleur le plus souvent abdominale, due à un dysfonctionnement digestif primaire. Cependant, d’autres origines doivent être prises en compte dans le diagnostic différentiel (fourbure, rhabdomyolyse, pleurésie, douleurs abdominales génitales ou urinaires, etc.). Les manifestations de la douleur sont très variées. Associés à ces signes visibles, certains paramètres cliniques peuvent également être modifiés. Ainsi, la fréquence cardiaque est souvent en hausse. La motilité intestinale est diminuée avec parfois la présence d’une certaine distension gazeuse, qui peut être aussi augmentée. Enfin, le cheval peut présenter une sudation excessive.

EXAMEN CLINIQUE

La consultation débute par le recueil de l’anamnèse et des commémoratifs. En effet, certains facteurs de risque sont liés à l’âge : les poulains nouveau-nés font des coliques par rétention de méconium, les chevaux âgés sont plus souvent atteints de strangulation par lipome pédiculé ou de hernie dans le foramen épiploïque. D’autres facteurs sont liés au sexe, comme la hernie inguinale chez le cheval entier ou le déplacement ou la torsion du côlon replié des juments poulinières. Il convient d’interroger le propriétaire sur les récents changements d’alimentation, de litière, de travail et la gestion du parasitisme. Puis après un examen classique (température, muqueuses, fréquence cardiaque, auscultation digestive et respiratoire), le sondage naso-œsophagien et l’exploration transrectale sont réalisés de façon systématique lors de coliques (sous réserve de conditions de sécurité pour l’animal et le praticien).

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Les examens complémentaires sont parfois indispensables pour préciser le diagnostic.

L’examen échographique peut être assuré en pratique ambulatoire et permet d’identifier le gros intestin avec les haustrations, les anses de l’intestin grêle, la présence de liquide péritonéal et la rate, le foie et les reins. On s’intéresse à la mobilité, à l’épaisseur de la paroi, au diamètre et à la forme des anses et à la quantité du liquide. On décèlera par exemple facilement un entrappement néphro-splénique avec le côlon gauche visualisé au-dessus de la rate.

La paracentèse abdominale n’est pas toujours facile à réaliser sur le terrain. Il s’agit d’un examen complémentaire à interpréter avec précaution, car les modifications peuvent être tardives. Elle peut être effectuée sous échoguidage et permet de visualiser le liquide abdominal.

La numération-formule sanguine ne permet pas un diagnostic différentiel de coliques. Les cas de neutropénie sévère (globules blancs inférieurs à 2 500/mm) sont en faveur d’une entérotoxémie ou d’une entérite proximale, et les cas de neutrophilie sont signe d’abcès ou de péritonite. L’hématocrite et les protéines totales permettent d’apprécier l’état d’hydratation. La lactatémie peut être réalisée au chevet de l’animal, elle révèle un métabolisme anaérobique lors du choc. Elle ne permet pas de différencier les cas médicaux des cas chirurgicaux, mais possède une valeur pronostique.

La décision thérapeutique médicale ou chirurgicale lors de coliques ne peut se faire qu’après un examen complet du cheval et le recueil des indications en faveur d’une laparotomie exploratrice.