Des résultats prometteurs en santé animale - La Semaine Vétérinaire n° 1557 du 25/10/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1557 du 25/10/2013

Antibiorésistance

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Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

La 4e journée de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, dédiée à la pharmacovigilance et à l’antibiorésistance, s’est tenue le 21 octobre dernier à Paris.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a placé son 4e rendez-vous sous le thème de l’antibiorésistance. Comme chaque année, trois rapports annuels1 produits par l’agence étaient présentés [celui sur la pharmacovigilance vétérinaire (voir en page 16), celui sur le suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques (voir dossier en page 25), et celui sur le suivi mené par le Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath)] ainsi que d’autres sujets comme la surveillance réglementaire induite par la directive “zoonose” et certaines recherches en cours.

Comme l’a souligné Marc Mortureux, reconduit au poste de directeur général de l’Anses le 2 octobre dernier, « les résultats enregistrés sont encourageants, tant sur le plan du volume des ventes que sur ceux de l’utilisation raisonnée des antibiotiques et de la surveillance de l’antibiorésistance chez les bactéries associées aux maladies animales ».

Des points positifs, mais une marge de progression encore conséquente

Outre une réduction du tonnage total et de l’exposition globale des animaux aux antibiotiques, une amélioration est perçue au niveau de la surveillance effectuée par le Résapath. Ce réseau collecte les résultats des antibiogrammes : 30,4 % proviennent d’échantillons prélevés chez des bovins, 21,4 % chez des volailles, 16,5 % chez des chiens, 10 % chez des chevaux et 8,4 % chez des porcs.

La bactérie isolée est Escherichia coli dans 70 % des cas chez les volailles, 50 % chez les bovins et les porcs, 25 à 35 % chez les carnivores domestiques et les petits ruminants. Une décroissance de sa résistance aux fluoroquinolones (voir courbe 3) est observée dans toutes les filières (stabilisation chez les bovins). Selon Jean-Yves Madec (chef de l’unité “antibiorésistance et virulence bactériennes” à l’Anses Lyon), cela peut être relié aux premiers effets de la mobilisation des différents acteurs, mais également à une dynamique de dissémination des résistances différente de celle des céphalosporines de troisième et quatrième générations (C3G et C4G). Pour ces dernières, la tendance est à la hausse (voir courbes 1 et 2), en miroir de ce qui est observé chez l’homme, à l’exception des filières volailles (poules pondeuses et poulets de chair). Cela est d’autant plus positif que ces productions sont suspectées de contribuer aux taux de résistance observés dans le cadre des affections humaines.

En revanche, Escherichia coli est porteur de multirésistances, avec une grande variation de sensibilité des souches selon les espèces (voir tableaux). Les E. coli issus d’échantillons prélevés chez des équidés ne présentent aucune résistance dans 72,7 % des cas, mais 3,5 % en ont au moins quatre. À l’inverse, chez le porc, il y a moins de bactéries sensibles aux cinq antibiotiques considérés (seulement 15,6 %), mais la proportion de souches multirésistantes y est moins élevée que chez les bovins pour lesquels 11,2 % des souches sont résistantes aux quatre ou cinq familles testées.

Chez les chiens, les staphylocoques à coagulase positive sont les plus fréquents (35 % des antibiogrammes), avec une surreprésentation (de l’ordre de neuf pour un) de S. pseudintermedius par rapport à S. aureus, qui peut être porteur de résistances à la méticilline (MRSP) dans une proportion évaluée à 10 % par le Résapath. Quelques souches de S. aureus résistant à la méticilline (Sarm) sont parfois retrouvées chez les chiens, mais il s’agit en général de clones humains.

Les plasmides, disséminateurs de résistances

Dans le cadre réglementaire, la surveillance de la résistance aux antibiotiques des bactéries zoonotiques, décidée au niveau européen, concerne obligatoirement Campylobacter jejuni, E. coli et les salmonelles productrices de Β-lactamases à spectre étendu (BLSE), d’AMPc ou de carbapénèmases.

Les prélèvements sont effectués dans les élevages de poules, de poulets et de dindes pour la recherche des salmonelles, et dans les abattoirs sur les carcasses de volailles, de porcs et de bovins pour l’ensemble des souches. Une réduction des taux de résistances est observée chez E. coli (indicateur chez le porc), et une stabilisation de la résistance aux céphalosporines pour E. coli (indicateur chez les poulets de chair).

Les différents systèmes de surveillance représentent chacun des contextes différents : les données collectées par le Résapath reflètent les résistances associées à des maladies, tandis que la surveillance réglementaire traduit l’état sanitaire des viandes destinées à la consommation.

Les bactéries productrices de BLSE rencontrées chez l’homme et l’animal font l’objet d’un suivi particulier, car cette résistance est codée par des gènes portés par des plasmides. Ceux-ci constituent des éléments majeurs de la diffusion de résistances, car ils sont facilement échangés entre les bactéries et les familles de bactéries. Une étude, menée par le Résapath, montre que la résistance au ceftiofur est présente sur un plasmide retrouvé aussi bien dans des souches d’E. coli présentes chez de nombreuses espèces animales (chats, chiens, chevaux, chèvres) en France, que dans des souches de Salmonella enterica isolées chez l’homme, les volailles et les bovins.

  • 1 Les rapports sont téléchargeables sur www.anses.fr.

  • 2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1533 du 29/3/2013 en page 16.

Première cartographie de l’usage des antibiotiques chez l’animal disponible en 2014

Fin 2011, l’Agence nationale de sécurité sanitaire s’est auto-saisie afin d’évaluer « les risques d’émergence d’antibiorésistance liés aux modes d’utilisation des antibiotiques dans le domaine de la santé animale », et constituer une première base de données de ce qui est effectivement pratiqué en médecine vétérinaire. Charlotte Dunoyer (direction de l’évaluation des risques de l’Anses) a présenté les modalités de cette évaluation, réalisée par un groupe de travail assisté d’un comité d’experts.

Ce travail de titan sera matérialisé dans un rapport présenté début 2014. Il contiendra un recensement des pratiques en 2012, ainsi qu’une évaluation des modes d’utilisation et des différents contextes à risque, en association avec des recommandations. Selon elle, « la dynamique impulsée par le programme ÉcoAntibio et les débats au sein des filières et entre praticiens et chercheurs a déjà permis beaucoup d’avancées ».

Ce rapport se présentera sous la forme d’une cartographie selon les espèces, les types de productions, avec les usages principaux, mais aussi les moins fréquents, sans toutefois en tirer une liste de molécules critiques, car cela n’est pas l’objet du travail demandé par la saisine. La répartition des usages sera détaillée, en indiquant les pratiques qui n’exigent pas de précautions particulières, celles qui sont à encadrer, sur lesquelles les experts font un certain nombre de remarques, et qu’il conviendrait de supprimer à plus ou moins brève échéance. Pour ces pratiques jugées les plus à risque, tout un travail est mené pour déterminer si elles sont indispensables ou non, et quelles sont les solutions alternatives. Le premier exemple d’alternative évaluée par l’agence concerne le recours à l’oxyde de zinc2 chez le porcelet en postsevrage. La résistance au zinc est codée par un plasmide, et des résistances croisées entre ce dernier et les antibiotiques sont possibles.

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