LE MARWARI, UN CHEVAL DE ROI RÉHABILITÉ AU RAJASTHAN - La Semaine Vétérinaire n° 1554 du 04/10/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1554 du 04/10/2013

Reportage

Auteur(s) : Myriem Lahidely

Descendant de maharadjah, Raghuvendra Singh Dundlod se bat depuis 25 ans pour la réhabilitation du marwari en Inde. Ce cheval de légende avait quasiment disparu après l’indépendance. Il retrouve peu à peu ses lettres de noblesse dans l’État du Rajasthan, au nord-ouest du pays. Mais tout reste à faire, en médecine vétérinaire équine et en génétique.

Bravoure, courage, loyauté… Depuis le xiie siècle, le marwari était le cheval “divin” des cavaliers Rathores et des souverains du Mârvar, une région de Jodhpur. Ces guerriers, seuls autorisés à chevaucher et à élever cet animal, le plaçaient au-dessus des hommes. Ses étonnantes oreilles en croissant de lune ont, très tôt, nourri la légende. « Le marwari était encore présent dans la cavalerie indienne au début du xxe siècle, mais les Britanniques, préférant à ces chevaux “indigènes” leurs propres pur-sang et poneys de polo, ont largement favorisé le déclin de la race », explique Raghuvendra Singh Dundlod, fils du thakur (le régnant) de la petite province de Dundlod. Le marwari fait partie des six races équines indiennes en voie de disparition. « La République, en abolissant les États princiers et en privant l’aristocratie indienne de ses pouvoirs et de ses privilèges, a aussi rendu caduque l’utilité du cheval qui en était un symbole, précise-t-il. De fait, beaucoup de familles les ont vendus, parfois tués, ou cédés pour une bouchée de pain à des paysans. »

Une médecine équine encore sommaire

Aujourd’hui, ces chevaux sont de nouveau présents dans des foires réputées, comme celle de Pushkar. Toutefois, la médecine équine y reste très sommaire. « Il n’existe pas de formation universitaire spécifique, le cheval fait partie du bétail au même titre que la vache, le buffle ou le cochon. Rares sont les vétérinaires spécialisés », confirme le chirurgien Mahendra Singh Rathore, membre du Conseil vétérinaire indien. « Nous n’avons pas d’ambulance pour le transport des chevaux, nous opérons sur place, au sol. Le gouvernement nous autorise à euthanasier en cas de fracture. » Son activité équine se résume à des castrations et à des soins pour des hernies, des occlusions ou des blessures articulaires… Le Centre national de recherche équine de Bikaner (au nord du Rajasthan), chargé de développer une activité génétique pour confirmer les pedigrees, dispose lui-même de moyens dérisoires.

Création d’une école de maréchalerie indienne

La politique de réhabilitation des étalons remonte à une trentaine d’années. Raghuvendra Singh Dundlod a débuté un élevage en 1985, à la suite de l’acquisition de 25 marwaris en “fin de contrat” après le tournage d’une série télévisée sur l’histoire du Raj britannique. Son objectif initial était de relancer la race et de développer un usage viable économiquement, notamment via les safaris à cheval. « Protéger cet animal était capital, même si c’est le business qui permet sa sauvegarde en Inde », résume-t-il. L’éleveur a cofondé la Société indienne du cheval indigène, incluant le cheval marwari, avec Francesca Kelly. Cette cavalière (éleveuse dans le Massachusetts) produit des chorégraphies équestres en Inde et à l’étranger. Ils avaient déjà fondé, en 1995, le Marwari Bloodlines afin de promouvoir cet équidé dans le monde entier. Francesca Kelly a été la première à l’exporter : « Tout le travail fait depuis une quinzaine d’années avec le gouvernement, les éleveurs et le public a ramené les projecteurs sur ce cheval. »

Le fort de Dundlod pourrait devenir le lieu central de réhabilitation du marwari. La première école de maréchalerie indienne vient d’y être créée par un professionnel suisse, et un spécialiste français de l’alimentation équine devrait participer à l’essor d’une nutrition appropriée. « Il convient d’apporter ce savoir. Les Indiens adorent leurs chevaux, mais ne leur prêtent pas l’attention méritée, faute de connaissances », estime Raghuvendra Singh Dundlod.

Des conflits de pouvoir

Le gouvernement du Rajasthan a créé un stud-book en 1997, puis un registre d’élevage officiel en 2009. Une collaboration entre les divers acteurs de la filière (autorités nationales ou locales, institutions publiques ou privées, éleveurs ou fermes d’État) s’est ainsi mise en place. Mais elle se heurte parfois à des rivalités “princières”, notamment les luttes d’influence du maharadjah de Jodhpur, alors que son palais abrite la Société du cheval marwari reconnue par le gouvernement et que les vétérinaires habilités à émettre les certificats de race y exercent.

Enfin, l’export reste circonscrit pour ce cheval que l’État indien refuse de banaliser. Mahendra Singh Rathore lie ces restrictions à « l’absence de vaccin contre la piroplasmose ». Pour le moment, quelques centaines de pur-sang sont répertoriés. Le seul à avoir séjourné en France (au Musée vivant du cheval à Chantilly) provenait de l’élevage de Dundlod.

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