Mortalité des agneaux : maîtrise des nombreux facteurs de risque via le conseil - La Semaine Vétérinaire n° 1553 du 27/09/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1553 du 27/09/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/OVINS

Auteur(s) : Lorenza Richard*, Fabien Corbière**

Fonctions :
*UMT santé des troupeaux de petits ruminants, ENV de Toulouse, pathologie des ruminants.

Une étude, menée entre 2011 et 2013 dans 54 élevages ovins allaitants du Massif Central, montre que le taux de mortalité moyen des agneaux avant le sevrage (60 jours) est de 15 % et que la mortalité précoce (avant 10 jours) représente plus des deux tiers de la mortalité totale enregistrée. Les causes renseignées par les éleveurs sont multiples et, jusqu’à dix jours d’âge, principalement liées à la vigueur de l’agneau ou aux qualités maternelles (insuffisance de production laitière notamment, voir tableau). Après dix jours d’âge, les causes infectieuses sont majoritaires, avec notamment des entérotoxémies, des affections respiratoires et des diarrhées.

DÉSAMOUR INJUSTIFIÉ POUR LE VÉTÉRINAIRE

Malgré la prépondérance de la mortalité précoce, c’est celle qui survient après deux mois d’âge (8 % de la mortalité totale) qui préoccupe le plus les éleveurs et les pousse à appeler le vétérinaire. En revanche, ils estiment avoir peu de marge de progrès concernant la mortinatalité (avortons/mort-nés ou morts au cours des deux premiers jours de vie), considérant ces pertes comme faisant « partie du système », alors qu’elles représentent près de 52 % de la mortalité totale enregistrée (voir graphique). Dans ce contexte, ils sollicitent peu le praticien pour maîtriser ces morts précoces.

Ainsi, alors qu’un budget spécifique était alloué dans le cadre de l’étude à la réalisation d’autopsies et d’examens complémentaires afin d’établir un diagnostic et de mettre en place des moyens de maîtrise, seuls 5 % des éleveurs ont fait appel à leur praticien pour en bénéficier. Notre confrère Fabien Corbière déplore cette situation, qui « met en évidence un désamour pour le vétérinaire, pourtant premier référent en matière sanitaire, mais qui n’est souvent sollicité que trop tardivement ». Cela indique toutefois que la profession dispose d’une grande marge de manœuvre pour proposer du diagnostic et du conseil à ces éleveurs qui n’ont pas “le réflexe” de faire appel au praticien.

CAUSES MULTIPLES ET NOMBREUX FACTEURS DE RISQUE

Les facteurs de risque de mortalité des agneaux apparaissent principalement liés à l’augmentation de la taille des exploitations sans une hausse des moyens matériels et humains, au non-respect de certaines bonnes pratiques d’élevage et à un manque d’encadrement technique performant.

En effet, dans 11 % des lots d’agnelages suivis dans cette étude, le nombre de brebis par unité de main-d’œuvre dépasse 200 lors des mises bas. Cela ne permet pas de disposer de suffisamment de temps pour surveiller les animaux à problèmes et leur apporter les soins appropriés, notamment pour les agneaux nés de primipares ou ceux issus de portées triple ou quadruple chez lesquels la mortinatalité est significativement plus élevée. Par ailleurs, la note d’état corporelle des brebis est apparue fortement hétérogène au sein d’un lot, car les éleveurs pratiquaient peu d’adaptation nutritionnelle lors de la gestation. La note d’état corporelle moyenne est ainsi inférieure à 2,8 dans 60 % des lots à la mise bas (la recommandation Inra est de 3 à 3,5) et, dans 44 % d’entre eux, plus de 20 % des brebis affichent une note inférieure à 2, ce qui est insuffisant pour une mise bas dans de bonnes conditions. De même, dans près de 30 % des lots, des carences en sélénium, modérées à marquées, sont mises en évidence.

Enfin, les politiques de réforme des brebis sont apparues insuffisamment sévères : cette étude révèle ainsi que seuls 55 % des éleveurs réforment les brebis à risque (avortements répétés, prolapsus vaginal ou déchirure du col, quartier mammiteux ou manque de lait), alors qu’elles devraient l’être systématiquement pour limiter les risques lors de la prochaine saison de reproduction.

POSSIBILITÉS DE CONSEIL ET DE DIAGNOSTIC

Si les éleveurs indiquent, dans une large majorité, assurer une surveillance de la prise colostrale, les critères retenus pour évaluer sa qualité semblent malheureusement tardifs. En effet, c’est l’observation d’un agneau « creux » dans 61 % des cas (c’est-à-dire qui a déjà puisé dans ses réserves) ou d’un animal faible dans 15 % des cas (c’est-à-dire couché, donc bien affecté) qui les alerte sur l’insuffisance de la tétée, alors que ces situations sont déjà trop avancées. Une évaluation systématique de l’état de remplissage de la caillette par une palpation ou un soulever de l’agneau est à conseiller. De même, la solution de trempage des cordons ombilicaux est souvent renouvelée seulement deux fois par semaine, ce qui ne permet pas une bonne désinfection et représente même un risque de contamination des agneaux les uns après les autres. En outre, aucune maîtrise du parasitisme n’est pratiquée dans plus d’un quart des lots. Quant aux conditions d’ambiance dans les bâtiments (densité animale, températures, ventilation, curage de la litière, absence de vide sanitaire, mélange d’animaux d’âges différents, etc.), elles étaient à risque vis-à-vis d’une bonne survie des agneaux à la naissance et de la limitation du risque infectieux dans 20 à 40 % des élevages, selon les critères retenus.

Ainsi, l’alimentation des brebis, la gestion des réformes, la surveillance de la prise colostrale, l’ambiance des bergeries, le plan sanitaire d’élevage et l’établissement de diagnostics par autopsie des agneaux sont autant de points pour lesquels le vétérinaire peut proposer un service de conseil, avec une grande marge de manœuvre.

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