Les dermatoses parasitaires chez les rongeurs

Fréquentes chez les rongeurs, les principales dermatoses parasitaires rencontrées en consultation sont la gale, la pseudo-gale, la démodécie, la phtiriose et la pulicose. Elles se traduisent par un érythème, un prurit, une alopécie, la présence de croûtes, de squames et d’excoriations. Lors d’infestation peu importante, elles peuvent rester asymptomatiques ou subcliniques, puis s’exprimer au fur et à mesure du temps et/ou en raison de facteurs favorisants (surpopulation, stress, hygiène défectueuse, maladie intercurrente, etc.). Chaque espèce développe ses affections (^{voir tableau 1}).

PRINCIPALES DERMATOSEs PARASITAIRES

Gale

La gale notoédrique du rat et du hamster (Notoedres muris) et la gale trixacarique du cobaye (Trixacarus caviae) sont les plus fréquemment rencontrées en consultation. Notoedres cati, Sarcoptes scabiei et Trixacarus diversus sont plus rares. La gale notoédrique (Notoedres muris) affecte les extrémités : le museau, les oreilles, la queue, les membres et la région périnéale. Chez le rat, les lésions sont caractéristiques, avec des croûtes et des excroissances sur le bord des pavillons, des papules et des vésicules sur la queue (^{voir photo 1}). La gale trixacarique (Trixacarus caviae) s’étend sur le dos, les flancs et les cuisses. Lors d’atteinte chronique et/ou généralisée, des signes généraux peuvent apparaître (apathie, anorexie, amaigrissement, hyperesthésie, convulsions, avortement chez la femelle gestante, puis mort). Il s’agit d’une zoonose qui entraîne une dermatose prurigineuse avec des papules sur les zones de contact avec l’animal (bras, cou et/ou jambes).

Pseudo-gale

Les pseudo-gales sont surtout observées chez la souris (Myobia musculi, Myocoptes musculinus, Psorergates simplex, Radfordia affinis), le rat (Radfordia ensifera) et le cobaye (Chirodiscoides caviae). Les pseudo-gales à Myobia musculi, Psorergates simplex et Radfordia spp. affectent essentiellement le museau, la tête, le cou et les oreilles (^{voir photo 2}). Myocoptes musculinus est localisé surtout au niveau du cou, des épaules, du dos et parfois de l’abdomen. Chirodiscoides caviae est surtout retrouvé en régions dorsale, lombo-sacrée et périnéale (^{voir photos 3} et ⁴).

Démodécie

La démodécie est la principale dermatose parasitaire du hamster (Demodex aurati, D. criceti) et de la gerbille (D. aurati, D. criceti, D. merioni). Son expression clinique est généralement secondaire à une immunodépression (animal âgé, carence alimentaire, maladie intercurrente de type hyperadrénocorticisme, insuffisance rénale, lymphome T épithéliotrope chez le hamster, etc.). Elle se traduit par une alopécie diffuse, avec parfois un érythème, une séborrhée, un squamosis et un prurit modéré (^{voir photo 5}). Les lésions sont localisées sur la face, le tronc, les membres, la ligne dorsale (hamster) et l’abdomen (gerbille). Une extension au reste du corps est possible.

Phtiriose

Les poux sont parfois rencontrés chez le rat et la souris (poux piqueurs, respectivement Polyplax spinulosa et Polyplax serrata), ainsi que chez le cobaye (poux broyeurs : Gliricola porcelli, Gyropus ovalis, Trimenopon hispidium). Les lésions sont situées sur la tête, le cou, éventuellement le tronc, avec une extension possible au reste du corps (^{voir photos 6} à ⁹). Polyplax serrata est un vecteur de Francisella tularensis (agent de la tularémie) et Polyplax spinulosa de Rickettsia spp. (agent du typhus). Ces deux parasites sont par ailleurs des vecteurs d’Encephalitozoon cuniculi (agent de l’encéphalitozoonose), d’Eperythrozoon coccoides et de Mycoplasma haemomuris (agents responsables d’anémie hémolytique).

Pulicose

La puce du chat (Ctenocephalides felis) peut parasiter la souris, le rat, le hamster et le cobaye. La puce du chien (C. canis) est observée chez le cobaye. Nosopsyllus fasciatus peut affecter la souris, le rat et le cobaye. Leptopsylla segnis et Xenopsylla cheopis sont rencontrés chez la souris et le rat. Une anémie est possible lors d’infestation massive. Les lésions sont localisées au niveau des régions dorso-lombaire et périnéale, ainsi qu’aux cuisses. Ces puces peuvent occasionnellement piquer l’homme.

Autres

Les tiques (Ixodes spp.) et les myiases (Calliphora spp., Lucilia spp.) concernent toutes les espèces, mais sont plus rares. Lors de myiase, les lésions sont localisées sur la partie ventrale du corps (face ventrale du cou, région sternale, abdomen ventral et surtout région périnéale).

DIAGNOSTIC

Le diagnostic de certitude est établi via un examen microscopique, sur un produit de raclage pour les parasites qui vivent au sein de l’épiderme (gale, démodécie) et sur un produit de brossage ou un scotch-test pour ceux présents dans le pelage, à la surface de la peau (pseudo-gale, phtiriose, pulicose ; voir photo 10). Une anesthésie est parfois nécessaire pour réaliser des raclages cutanés multiples et profonds dans de bonnes conditions.

TRAITEMENT

Plusieurs molécules antiparasitaires externes sont utilisables chez les rongeurs (^{voir tableau 2}).