Que préconisez-vous dans la lutte contre l’antibiorésistance canine ? - La Semaine Vétérinaire n° 1549 du 30/08/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1549 du 30/08/2013

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : Frédéric Thual

Privilégier les antibiotiques de première génération

Christine Médaille, spécialiste de biologie clinique, titulaire d’un DU de bactériologie médicale.

Les antibiogrammes montrent l’émergence, depuis six à sept ans, de multirésistances bactériennes aux antibiotiques dans des infections communes, urinaires et cutanées, chez les chiens et les chats. Des souches de plus en plus résistantes à de multiples classes d’antibiotiques, y compris de dernière génération (comme les céphalosporines ou les fluoroquinolones), sont isolées. Même si la comparaison avec la médecine humaine apparaît difficile et que les liens de causalité sont complexes à démontrer, les usages à mauvais escient favorisent l’émergence de souches mutantes antibiorésistantes aux posologies classiques. D’où l’importance de mieux former les praticiens à la pharmacologie de ces molécules.

Il convient également de privilégier les antibiotiques de première génération et de réserver les autres aux récidives et aux infections graves. Dans ces deux cas, un antibiogramme préalable est requis. Une communication auprès des propriétaires, qui trop souvent interrompent prématurément le traitement ou ne respectent pas les doses, est également essentielle. Les praticiens doivent en outre les sensibiliser aux risques de l’automédication. Les traitements mal suivis ou renouvelés sans prescription sont une des causes des échecs thérapeutiques et des rechutes.

L’aromathérapie donne d’excellents résultats

Pierre May, praticien à Faverges (Haute-Savoie).

Nous sommes confrontés à l’antibiorésistance depuis des années. Il y a 35 ans, au début de ma carrière en rurale, nous devions nous battre avec des germes résistants, en particulier lors de mammites et d’affections respiratoires. Déjà, nous utilisions des traitements homéopathiques ou phytothérapiques autant que possible. Depuis 15 ans, notre clinique a choisi l’option “médecine naturelle” en s’orientant vers l’ostéopathie, l’acupuncture, la phytothérapie, l’aromathérapie et l’homéopathie. Ce sont de vraies médecines, structurées, modernes, efficaces et, de plus, écologiques. Elles répondent aussi aux attentes de notre clientèle. Nous n’avons pas abandonné tout usage des antibiotiques, mais il est devenu moins systématique, raisonné et toujours limité dans le temps. En infectiologie, notamment en dermatologie et en urologie, nous les avons presque abandonnés en raison de résistances de plus en plus fréquentes.

L’aromathérapie donne d’excellents résultats. Par exemple, il n’existe pas de résistance connue de Pseudomonas à un mélange de cannelle, écorce, de tea tree et de laurier noble, trois huiles essentielles connues et bon marché. Dans quelques années, les antibiotiques seront devenus inactifs et nous aurons exclusivement recours à ces huiles en thérapeutique et aux immunostimulants en médecine préventive.

La problématique est leur utilisation appropriée

Mathieu Faucher, praticien à Bordeaux (Gironde).

Dans le cadre de mon exercice en médecine interne, qui comporte une part importante d’uro-néphrologie, impossible de dire que telle ou telle molécule marche mieux ou moins bien qu’avant. En revanche, des germes résistants à une ou à plusieurs familles d’antibiotiques sont régulièrement isolés, parfois chez des animaux sans facteur de risque particulier. Des données objectives rapportent, en outre, que la prévalence des infections urinaires provoquées par des germes multirésistants est en hausse chez le chien.

Pour contrer cette tendance, il convient d’agir en amont, c’est-à-dire au niveau de notre usage des antibiotiques. Nous savons que les infections résistantes se développent de préférence chez les animaux qui ont déjà reçu un ou plusieurs antibiotiques, en particulier si le traitement a été incomplet. Les antibiotiques doivent donc être choisis selon l’antibiogramme lorsque c’est possible, en sélectionnant en priorité les molécules de première génération. Ensuite, il faut prescrire une dose élevée et suffisamment longtemps et effectuer un suivi thérapeutique rigoureux en réalisant des cultures de contrôle. Pour finir, mieux vaut prescrire des antibiotiques que lorsqu’ils sont vraiment utiles ! La baisse d’efficacité des molécules n’est donc pas en cause, elles sont toujours capables de détruire les bactéries. La solution réside en réalité dans leur utilisation appropriée.

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