« Les soins aux poissons sauvages nous échappent »

Président de l’association des vétérinaires de garde de Strasbourg, Andreas Vom Scheidt a toujours eu la vocation. « Dès la sixième, je voulais être vétérinaire », se souvient-il. Et pourtant, il ne connaissait aucun professionnel dans son entourage. Cette inclination est née avec sa passion pour la pêche.

« Dès l’âge de 9 ans, sur les bords de l’Ill, j’étais fasciné par les flotteurs qui dansaient sur l’eau. Je me mettais derrière les pêcheurs et j’observais. » Le jeudi, quand il accompagnait son père au port autonome de Strasbourg, il en profitait pour développer ses connaissances. À 15 ans, il prend régulièrement son vélo pour aller pêcher sur le plan d’eau de Krafft-Plobsheim, et dans la réserve naturelle de l’île du Rohrschollen, près du port du Rhin, où vivent quelques 170 espèces d’oiseaux. Tant et si bien que sa thèse sera consacrée aux maladies parasitaires des poissons. Aujourd’hui praticien canin, il est aussi vice-président de la fédération départementale de pêche et de protection du milieu aquatique du Bas-Rhin.

L’occasion de nombreux voyages

« J’ai profité de ma thèse pour contacter la fédération départementale. Il s’agissait pour moi d’avoir des poissons à autopsier. Je leur donnais, le cas échéant, un avis scientifique », explique-t-il. Il participe de manière informelle aux conseils d’administration de l’association. Après avoir rencontré son président, Robert Erb, et proposé ses services, il est élu vice-président en 2011. L’association est l’une des plus grandes de France, elle regroupe près de 20 000 pêcheurs. Andreas Vom Scheidt est également sollicité par d’autres sociétés de pêche lorsqu’elles remarquent une surmortalité de carpes ou d’autres poissons. Il affiche d’ailleurs une préférence pour les poissons sauvages. C’est pourquoi il part volontiers à leur rencontre, que ce soit en Alaska, au Soudan, en Amazonie ou en Europe. Autant d’occasions d’effectuer des opérations insolites. « J’étais au Soudan, sur le lac Nasser, lorsque j’ai vu un bidon marcher tout seul. C’était en réalité un crocodile accroché à un hameçon. Je lui ai ficelé la gueule et je l’ai opéré pour le lui retirer. Deux heures après, l’animal repartait. » Est-ce à dire qu’à la clinique canine, où il travaille avec deux associés, il s’occupe de poissons ? Pas vraiment. « C’est une clientèle qui nous échappe souvent. Beaucoup sont soignés via Internet ou par le biais de vendeurs pas forcément compétents. »