Le Bas-Rhin joue l’entraide pour la continuité des soins - La Semaine Vétérinaire n° 1549 du 30/08/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1549 du 30/08/2013

Dossier

Auteur(s) : Pauline Serman

L’Alsace, avec ses jolis villages fleuris et ses maisons à colombages, est en fait la troisième région de France la plus densément peuplée. Comme son voisin le Haut-Rhin (68), le département du Bas-Rhin (67) a perdu ses nombreux petits élevages et l’exercice canin y est désormais majoritaire. Malgré une forte entraide pour assurer la continuité de soins, la profession peine à mobiliser les jeunes confrères. Cinq praticiens bas-rhinois, qui ont réussi à allier leur passion du métier à celle, parfois, d’un tout autre domaine, témoignent.

Avec 224 habitants au kilomètre carré, l’Alsace est l’une des régions de l’Hexagone à forte densité de population, sur la plus petite superficie de France. Du coup, l’image bucolique du village avec son clocher et une délicieuse campagne environnante ne correspond plus vraiment à la réalité.

« En 1980, lorsque j’ai démarré mon activité, il y avait encore beaucoup de rurale. À Hœrdt, près de Strasbourg, nous avions des problèmes de prophylaxie, et nous faisions des vaccins et des contrôles. Aujourd’hui, il n’y en a quasiment plus », constate Denis Bilger, président de l’Ordre régional. « Malgré tout, la rurale est encore présente dans les secteurs de Wissembourg, Sélestat et Sarre-Union, précise-t-il. Mais nous sommes passés de 90 % de rurale à 90 % de canine en dehors de ces zones. » Autour de Strasbourg, seuls deux praticiens font encore de la rurale. La région compte quelque 315 vétérinaires, en majorité installés dans le Bas-Rhin. Ces « 168 confrères et 147 consœurs ont une activité fortement dominée par les animaux de compagnie. La proportion de vétérinaires ruraux et équins est faible », souligne le secrétaire de l’Ordre, Arnaud Mourey1.

LES JEUNES CONFRÈRES PAS TOUJOURS ATTIRÉS

« Nous sommes dans une région très médicalisée. Un Alsacien qui aime son chat le soigne », constate néanmoins Denis Bilger. Paradoxalement, les habitants cultivent une image d’eux-mêmes comme « proches de la terre », alors que dans la pratique, ils sont très urbains. Peut-être veulent-ils « se mettre en règle », affirme Arnaud Mourey. « Nous prenons davantage soin de nos animaux en Alsace qu’ailleurs, nous avons le sens des responsabilités. Une obligation morale est une véritable obligation », poursuit-il.

Pour autant, « nous ne sommes pas une région d’élevage », précise Marie-Christine de Fontbonne, présidente du Syndicat des vétérinaires d’exercice libéral (SVEL 67). « Ici, il n’y a que des vaches laitières et le nombre d’exploitations a beaucoup diminué ces dernières années, au profit de quelques grosses structures. Il y a 30 ans, on comptait une multitude de petites fermes, de 2 à 10 vaches chacune, poursuit-elle. En Alsace, l’élevage de moutons ou de cochons est relativement faible par rapport à d’autres régions de France. Mais il convient de souligner l’existence de quelques endroits qui privilégient le bien-être animal comme la ferme de Thierry Schweitzer, dans le village de Schleithal, au sud de Strasbourg. Les truies y sont élevées à l’ancienne, sur de la paille. »

Dans ce contexte, le président du conseil ordinal s’inquiète des difficultés à mobiliser les jeunes professionnels : « Nous avons du mal à trouver des relais, tant au niveau de l’Ordre que du syndicat ou de l’Amicale vétérinaire Bade-Alsace2. La région est notamment l’une des rares à organiser une cérémonie pour la prestation du serment de Bourgelat. Et même pour cela, ils sont peu nombreux à se déplacer. » Ainsi, lors de la dernière cérémonie, le 25 mai dernier, « seuls 26 confrères sont venus prêter serment, alors que tous les inscrits des quatre dernières années étaient conviés », regrette-il.

UNE ENTENTE ENTRE LES COMMUNAUTÉS URBAINES

Pour assurer la continuité des soins, les vétérinaires du Bas-Rhin s’organisent souvent eux-mêmes. Dans la communauté urbaine de Strasbourg (CUS), qui compte une quarantaine de praticiens, « un tour de garde existe, sans obligation, mais pratiquement tous y participent ». Cette situation est identique à Colmar et à Mulhouse, dans le Haut-Rhin. Mais selon le président du CRO, « c’est comme en médecine humaine : en cas de pépin, les propriétaires d’animaux rejoignent la grande ville la plus proche. En rurale, les vétérinaires s’organisent souvent entre eux. En équine spécialisée, les clients ont le choix entre deux vétérinaires, à Truchtersheim et à Hoerdt. Parfois, ils vont aussi en Allemagne ». Seuls 14 praticiens équins sont répertoriés pour toute l’Alsace3. En fonction de leur situation géographique, les vétérinaires renvoient vers d’autres structures. « Il existe aussi des échanges entre les villes de Sélestat et de Colmar », précise Denis Bilger.

Dans la communauté urbaine, « nous avons décidé de structurer cette organisation de gardes, y compris pour les frais. Nous avons créé une association des vétérinaires de garde de Strasbourg, avec un téléphone commun qui bascule chez le praticien d’astreinte. Avec notre système, nous avons trois gardes par an à assurer, explique Andreas Vom Scheidt, président de l’association des gardes du Bas-Rhin. Nous avons étendu le système aux gardes de semaine, depuis quatre ans. Nous assurons ainsi celles de nuit, une semaine sur six. Cela libère les autres. Mais il y a toujours un vétérinaire en second qui peut intervenir si c’est nécessaire. C’est le revers de la médaille ».

DES STRUCTURES RÉFÉRENTES

Faire appel à d’autres confrères est également possible. « Trois structures de la CUS ont accepté d’être référentes. Lorsque l’équipement fait défaut, nous pouvons leur envoyer des clients. Dans la nôtre, nous avons notamment un chirurgien orthopédique. Mais quand il y a trop de cas à régler, nous n’hésitons pas à nous tourner vers ces cliniques, souligne le président de l’association. C’est une démarche volontaire des vétérinaires. Nous avons créé une association de droit local. » L’urgence ressentie est ainsi prise en compte. « Si les clients qui nous appellent sont inquiets après nos premiers échanges, nous leur demandons de venir nous voir. Dans la CUS, nous avons chacun notre plateau technique. Un système de gardes à Haguenau, la deuxième ville du Bas-Rhin, fonctionne depuis plus de cinq ans. Celui de Strasbourg existe depuis 1976. La nouveauté, c’est le numéro unique qui fonctionne vraiment bien », conclut Andreas Vom Scheidt, avec plus d’un an de recul.

  • L’Annuaire Roy dénombre un total de 71 vétérinaires mixtes et ruraux en Alsace, dont 48 dans le Bas-Rhin.

  • L’Avab est une section de l’association France Allemagne Vétérinaire (FAV), coprésidée par Pierre Haas.

  • Source : Annuaire Roy.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr