Enquête épidémiologique sur la maladie de Derzsy chez le canard mulard - La Semaine Vétérinaire n° 1549 du 30/08/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1549 du 30/08/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : CYRIL PARACHINI-WINTER

Bien qu’elle affecte des palmipèdes comme l’oie ou le canard de Barbarie, c’est dans la filière du canard mulard que l’impact de la maladie de Derzsy est le plus frappant. Cette parvovirose, dont l’agent GPV (pour Goose Parvovirus) est très résistant dans l’environnement, est importante non pas tant par ses formes cliniques dites “nanisme-bec court” que par ses formes subcliniques, qui se manifestent par une hétérogénéité des lots, des boiteries, ou encore des fragilités osseuses. Ces dernières sont objectivées par les éleveurs au cours de la phase d’enlèvement vers le gavage (“ailes cassantes, fractures spontanées, petits becs”).

Les 10es journées de la recherche avicole et palmipèdes à foie gras (JRA-JRFG), qui se sont déroulées à La Rochelle en mars dernier, ont été l’occasion pour notre consœur Isabelle Devaud de présenter des travaux d’enquêtes ciblés sur des canards mulards en Aquitaine et d’actualiser les données épidémiologiques sur cette maladie1.

52 % de cas confirmés sur 142 suspicions en 2011

La dominance des formes subcliniques peut laisser penser que la maladie est sous-diagnostiquée sur le terrain. L’assistance technique laboratoire (ATL), mise en place depuis 2008 par Merial, permet d’avoir une photographie épidémiologique annuelle de la maladie.

Dans ce cadre, deux types d’analyses sont réalisés : des prélèvements de rate sur lesquels sont pratiquées des polymerase chain reaction (PCR) pour détecter et quantifier la souche sauvage du parvovirus Derzsy (GPV), et des prélèvements de nerf sciatique, cœur et muscle du bréchet pour identifier les lésions histopathologiques caractéristiques provoquées par ce virus.

Le bilan présenté aux dernières JRA-JRFG est dressé à partir de 142 cas de suspicion de la maladie de Derzsy en élevage en 2011. Au total, dans 74 cas sur 142 suspicions (52 %), le GPV est identifié, avec une majorité de quantification virale supérieure à 104. Néanmoins, dans 55 cas confirmés sur les 142 suspicions (soit 38,7 %), l’identification virale n’est pas associée à des lésions histologiques.

Les résultats montrent par ailleurs une augmentation de la positivité des PCR avec l’âge : alors que 50 % reviennent positives pour des animaux âgés de moins de 21 jours (dont 25 % de PCR avec un nombre de copies du génome viral supérieur à 104), 29 % le sont pour des animaux d’âge compris entre 21 et 49 jours (mais 71 % de PCR supérieures à 104), et 65 % ressortent positives si les animaux sont âgés de plus de 49 jours (avec 82,4 % de PCR supérieures à 104).

Ces résultats concordent avec ceux obtenus lors d’enquêtes de terrain similaires, effectuées les années précédentes. Selon une étude publiée en 2009, près du tiers des élevages de canards prêt-à-gaver étaient contaminés par le GPV en France. Compte tenu de la fréquence et de l’importance des charges virales et de la persistance de ce virus dans l’environnement, ces résultats confrontent les deux points suivants : le respect des normes de biosécurité et l’intérêt de la vaccination à J1 et J17 à l’aide d’un vaccin vivant atténué de la souche Hoekstra par rapport à une injection unique au couvoir.

Un portage cloacal observé à trois semaines d’âge

En parallèle, une enquête longitudinale a été réalisée sur trois élevages de canards mulards en Aquitaine en 2011. Ils ont en commun l’absence de la pratique de la vaccination contre la maladie de Derzsy et un démarrage toutes les cinq ou six semaines. Des prélèvements sont effectués en pool en vue d’une analyse PCR pour détecter la souche sauvage GPV sur 25 sujets (écouvillons cloacaux), à une semaine et à trois semaines d’âge, et sur 25 écouvillons cloacaux en pool à neuf semaines d’âge, sur trois ban­des successives. De plus, un écouvillonnage du bat-flanc de l’abri d’élevage et/ou d’une trémie d’alimentation est réalisé pour évaluer la contamination de l’environnement dans lequel évoluent les canetons. Dans deux des élevages, les prélèvements de rate sont négatifs sur les deux premières bandes chez les animaux âgés d’une à trois semaines, et sont positifs pour les canetons de trois semaines de la dernière bande. En revanche, pour le dernier élevage, les PCR effectuées sur les rates ou les écouvillonnages environnementaux sont positifs plus précocement, à partir de trois semaines d’âge pour deux des bandes. Ainsi, le portage cloacal est observé à trois semaines sur chaque site (sur au moins une bande) et omniprésent à neuf semaines, pour chaque bande et chacun des élevages. L’absence de contamination par le GPV à l’âge d’une semaine est probablement à rapprocher d’une vaccination efficace des reproducteurs. « Néanmoins, à partir de trois semaines, une contamination est détectée dans les trois élevages », précise Isabelle Devaud. Cette observation met en lumière l’importance des mesures de biosécurité sur les sites en pseudobande unique et de la vaccination du caneton contre la maladie de Derzsy, car celui-ci est contaminé avant l’âge de trois semaines par le biais de ses congénères plus âgés ou par l’environnement.

  • 1 I. Devaud et coll. « Maladie de Derzsy : actualités épidémiologiques et enquête ciblée sur les canards mulards en Aquitaine ».

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