UN CONFRÈRE DÉVELOPPE UNE ACTIVITÉ COLOMBOPHILE - La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013

Reportage

Auteur(s) : FRÉDÉRIC DECANTE

En France, les pigeons sont convoyés sous la responsabilité des groupements colombophiles locaux sur le lieu du départ de la course, un point géolocalisé et agréé par la fédération nationale. À heure fixe, tous les pigeons sont libérés en même temps. Ce sont alors jusqu’à 5 000 oiseaux qui partent en vol circulaire. Ils tournent dans le ciel jusqu’à ce que se mette en place la magie de l’orientation et qu’un groupe ou, mieux, un individu isolé, file vers le pigeonnier. L’angoisse du colombiculteur est d’apprendre que les oiseaux n’ont cessé de tourner sans trouver leur chemin. En effet, un pigeon qui s’oriente mal peut se perdre. Pour le groupement colombophile du Calvados, la dernière course partie de Marsac-sur-l’Isle, en Dordogne, a été catastrophique, avec plus de 50 % de pertes !

Les oiseaux volent vite, avec des moyennes à 70 km/h. Le colombophile n’est pas présent lors du lâcher, mais il apprécie l’heure approximative d’arrivée. C’est donc dans son jardin qu’il attend avec impatience son champion. Le temps réalisé est comptabilisé lors de l’entrée dans le pigeonnier, grâce à une bague magnétique individuelle lue par le “constateur”. Ce capteur, relié à une horloge électronique, est situé au niveau de la trappe d’entrée, appelée “spoutnik”. Le pigeon gagnant est celui qui aura volé le plus rapidement.

Des traitements réduits a minima

Emmanuel Leysens a été happé par cette passion. Pourtant, les médications ont mauvaise réputation dans le monde colombophile, soupçonnées d’altérer les qualités du vol. Ainsi, ses premiers clients étaient plutôt demandeurs de conseil et désireux de sortir de la simple réponse médicamenteuse ou, a minima, de réduire les traitements systématiques.

Pour notre confrère, cette discipline et l’approche vétérinaire qui va avec sont similaires à celles des sports équestres, avec des problématiques majeures d’équilibre alimentaire et de récupération cardiaque : « Le cœur doit battre lentement pour qu’un pigeon termine une course de fond. En termes d’alimentation, il est nécessaire de gérer en amont l’apport d’énergie et de protéines, tout en limitant le leste, c’est-à-dire les aliments à faible digestibilité comme les pois, car cela augmente la masse des animaux (ils pèsent de 400 à 440 g). La tendance est à l’allégement de ces sportifs. En matière de vitamines, le facteur limitant demeure la B12. »

Un sport animal peu rémunérateur

L’activité est faiblement rémunératrice car, en France, ce milieu n’est pas irrigué par des flux financiers : « Les colombophiles dépensent beaucoup pour leur passion, surtout en équipements, et s’autofinancent en totalité. Quand ils gagnent, ils ne remportent qu’un trophée. Les paris sont limités à 5 € par personne, et chacun ne peut parier que sur l’un de ses oiseaux ! Aucun argent extérieur n’est donc injecté dans ce milieu, comme c’est le cas avec le PMU. »

Les seuls gains éventuels concernent le commerce des reproducteurs, en particulier avec l’entrée en lice des Chinois, dont la culture est marquée par l’amour des oiseaux. Les ventes internationales ont également bondi grâce aux enchères en ligne, avec le record de 310 000 € pour un reproducteur. Le prix moyen, lui, s’établit à environ 2 500 €.

En France, les bons géniteurs se négocient autour de 300 € ou s’échangent. Mais leur valorisation est délicate. Tout d’abord, la réputation des pigeonniers français est mauvaise au plan international, or les pigeons sont identifiés par une bague qui renseigne sur la provenance géographique et l’année de naissance. Ensuite, la colombophilie est une discipline sportive par définition, localisée géographiquement, car les pigeonniers ne sont pas mobiles. De ce fait, celui qui veut faire valoir l’excellence de ses oiseaux ne peut accéder à des courses de rang national ou in­ternational. Il reste cantonné au niveau départemental. Enfin, il n’existe pas de herdbook officiel français permettant de valider et de vendre de la génétique.

Au final, si personne ne veut dévoiler ses secrets, des élans de solidarité demeurent : quand un jeune colombophile s’installe, la communauté lui offre ses premiers oiseaux. Toutefois, on imagine bien qu’il ne débute pas avec des champions !

Une approche clinique classique

Au plan sanitaire, tous les pigeons doivent être vaccinés contre la maladie de Newcastle et chaque Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) du point de départ doit valider l’autorisation d’envol, qui peut être refusée lors d’épizootie aviaire. La mise sous tutelle du ministère de l’Agriculture est récente, car jusqu’en 1992, la colombophilie était placée sous la responsabilité du ministère de la Défense en raison du passé militaire de l’activité.

Pour Emmanuel Leysens, le suivi sanitaire peut consister en un appel d’urgence afin d’identifier les causes d’une mortalité anormale. Comme pour tout praticien, le diagnostic repose alors sur les données nécropsiques et sur les analyses bactériologique et virologique.

En routine, l’examen de base vise à mettre en évidence la prévalence parasitaire, via la coprologie et l’écouvillonnage du jabot pour la recherche de Trichomonas. Toujours présent chez le pigeon, ce parasite peut proliférer dans le cas d’une fatigue, d’un stress ou d’une maladie concomitante. L’oiseau, comme tout sportif, est ausculté au niveau cardiaque, son plumage examiné (qualité des plumes, parasites externes) et ses muscles pectoraux évalués.

Enfin, un test à la fluorescéine permet de vérifier la perméabilité des sinus, en raison de l’importance de l’olfaction pour ce voyageur. Normal que ces sportifs de haut vol exigent des vétérinaires de développer une spécialité.

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