Réduction des gaz à effet de serre : les leviers d’action - La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/RUMINANTS

Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU

Le rapport de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra)1 correspond au résultat d’une commande de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et des ministères de l’Agriculture et de l’Environnement. L’objectif était d’identifier une dizaine d’actions et d’en quantifier les effets.

L’Inra a privilégié d’une part des leviers qui ne demandent pas de changement important des pratiques, de la répartition ou de l’orientation des terres ; d’autre part des actions qui correspondent aux attentes de la société (par exemple la diminution des intrants, l’impact environnemental faible, etc.). Celles-ci tiennent compte des réticences vis-à-vis des biotechnologies, à la différence d’autres études européennes, notamment britanniques, qui privilégient l’intensification et les solutions technologiques (par exemple la transgenèse et les modifications de la flore ruminale).

Dix actions (voir encadré), qui apparaissent comme les plus efficaces en termes de réduction des gaz à effet de serre (GES), ont été choisies. Certaines (comme les mesures 1, 2, 6, 8 et 10) peuvent également engendrer des économies financières alors que d’autres (4, 5, 7) induisent des dépenses. En élevage, trois mesures concernent directement les animaux.

Gestion des prairies : durée du pâturage et chargement animal

Les prairies constituent des puits à carbone, et leur utilisation optimale permet de compenser les émissions de GES de l’élevage. L’allongement de la durée de pâturage des ruminants dans les élevages qui n’utilisent pas déjà au maximum leurs ressources en herbe, à raison de 20 jours supplémentaires par an, offre un gain limité pour la réduction des GES et un gain net pour l’éleveur qui peut aller jusqu’à 12,50 € par vache (grâce à une moindre consommation d’ensilage de maïs). En revanche, une augmentation de 20 % du chargement des prairies les moins intensives, sous réserve qu’il y ait de l’herbe sous-utilisée dans l’élevage, n’apporte qu’un gain réduit, surtout si cela s’accompagne de travail supplémentaire pour l’éleveur.

Modifier les rations

Les actions 7 et 8 développent l’hypothèse que des modifications de rations peuvent limiter les émissions entériques de GES. L’Inra s’est penché sur l’ajout de lipides dans la ration (à raison de 3 à 3,5 % de la matière sèche), essentiellement de l’huile de colza (disponible et peu onéreuse) ou du lin (pro­duction en développement), et sur le recours à un additif qui capte le dihydrogène produit par fermentation ruminale (il s’agirait du nitrate, mais son utilisation n’est pas encore validée). L’ensemble permettrait un gain de 1,5 à 2,4 millions de tonnes de CO2 par an, mais avec un coût financier non négligeable pour l’éleveur lié au différentiel de prix entre les céréales et les oléagineux.

La réduction des apports protéiques, en revanche, semble un peu plus intéressante. Chez les bovins adultes, il serait possible de limiter les émissions de GES par une diminution des matières azotées totales (MAT) sans pertes de production, sous réserve que les besoins en acides aminés essentiels soient couverts. Cela s’adresse principalement aux vaches laitières en alimentation hivernale à base d’ensilage de maïs, pour lesquelles il est possible de limiter le taux de MAT à 14 %. Chez les porcs à l’engraissement, qui reçoivent parfois un, voire deux types d’aliments tout au long de leur vie, il s’agirait de généraliser le passage à une alimentation multiphase, donc avec des rations évoluant au cours du temps. L’impact sur les émissions de GES est modéré, mais s’accompagne d’un gain pour l’éleveur de l’ordre de 20 € par vache laitière et de 50 € par truie et par an.

LES DIX ACTIONS SÉLECTIONNÉES PAR L’INRA

Elles se décomposent principalement en quatre grands leviers.

→ Diminuer les apports de fertilisants minéraux azotés pour réduire les émissions de N2O associées

1. Réduire le recours aux engrais minéraux de synthèse.

2. Augmenter la part des légumineuses.

→ Stocker du carbone dans le sol et la biomasse

3. Développer les techniques culturales sans labour.

4. Introduire davantage de cultures intermédiaires (en grandes cultures), intercalaires (dans les vignes et les vergers) et de bandes enherbées.

5. Développer l’agroforesterie et les haies en périphérie des parcelles agricoles.

6. Optimiser la gestion des prairies : augmenter la durée de pâturage, le chargement des parcelles les moins intensives et la longévité des prairies temporaires.

→ Modifier la ration des animaux pour réduire les émissions

7. Substituer des glucides par des lipides insaturés et utiliser un additif dans les rations des ruminants pour réduire les émissions de CH4.

8. Réduire les apports protéiques dans les rations animales pour limiter les teneurs en azote des effluents et les émissions de N2O associées. La teneur en azote de la ration des vaches laitières et de celle des porcs est visée.

→ Valoriser les effluents et réduire la consommation d’énergie fossile pour diminuer les émissions de CH4 et de CO2

9. Développer la méthanisation et installer des torchères.

10. Réduire la consommation d’énergie fossile des bâtiments et des équipements.

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