L’amélioration de la qualité du lait à l’américaine

Aider les éleveurs à améliorer la qualité du lait produit par leurs vaches est l’objectif du programme proposé par le service “qualité du lait” de l’université de Cornell (Ithaca, état de New-York) aux vétérinaires.

Les praticiens invités par le laboratoire Hipra ont bénéficié de la formation assurée par le professeur d’épidémiologie et de santé des troupeaux Ynte H. Schukken, assisté de nos consœurs Sandy Costello et Ellen Schmitt. Au programme, des rappels de biologie et d’épidémiologie, des techniques de diagnostic de laboratoire, mais aussi une méthodologie permettant d’appréhender et de résoudre les problèmes de qualité du lait et de mammite. En résumé, tout ce qu’il faut savoir pour améliorer la qualité du lait dans un troupeau, et proposer des visites de conseil en élevage, avec un objectif de gains financiers pour l’éleveur et le vétérinaire, quelle que soit la taille du cheptel. « Entre les petits et les grands troupeaux, la biologie est la même, mais l’épidémiologie change et le vétérinaire endosse un rôle différent, a expliqué Ynte Schukken. La méthodologie élaborée pour les grands peut être employée pour les petits. »

Définir une stratégie

Face à un problème de mammite ou une concentration des cellules somatiques élevée dans une exploitation, le praticien et l’éleveur doivent définir une stratégie pour améliorer la situation. Le programme “qualité du lait” propose un organigramme afin de déterminer la meilleure stratégie, c’est-à-dire celle qui permettra à l’éleveur d’augmenter ses bénéfices.

Selon les facteurs de risque ou les germes pathogènes identifiés, le praticien peut proposer des solutions adaptées aux objectifs fixés. Ces derniers déterminent les seuils d’alerte, les priorités, les investissements et l’implication de l’éleveur. La clé réside dans le recueil des données, et leur interprétation est spécifique à chaque exploitation. Plus l’élevage est grand, plus la partie analytique prend de l’importance. La collecte des informations doit donc être rigoureuse : résultats du comptage des cellules somatiques dans le lait, nombre de mammites cliniques ou subcliniques chez les vaches et les génisses, identification des agents pathogènes présents, période d’apparition des mammites (vêlage, pic de lactation, etc.), taux de guérison et de rechutes, etc. Des seuils sont fixés pour certains indicateurs afin de déterminer les moments d’intervention.

Appliquer une démarche standardisée

Le programme du service “qualité du lait” propose une méthode de diagnostic étiologique par étapes successives, élaborée pour permettre l’identification de l’agent pathogène en utilisant au mieux les moyens analytiques disponibles, donc en minimisant son coût. L’application d’une démarche standardisée, formalisée sur un support écrit, est conseillée, surtout lorsque, comme aux États-Unis, les analyses sont en partie effectuées directement à la ferme.

Ainsi, un programme d’amélioration de la qualité du lait doit :

résoudre les problèmes immédiats ; déterminer des objectifs réalisables ; être fondé sur les résultats de l’analyse des données de l’élevage ; identifier les facteurs de risque ; hiérarchiser les problèmes majeurs et proposer des actions pour les corriger ; veiller à leur exécution correcte ; prévoir un suivi et une évaluation.

Plusieurs facteurs de réussite

Le succès dépend de l’aptitude au changement de l’éleveur. Plusieurs facteurs entrent en compte : ses habitudes, son expérience, son exposition à l’information, l’apprentissage, la perception de ses propres capacités à mettre en place des process différents, etc. L’intervention du vétérinaire se situe à différents niveaux : former les éleveurs et sensibiliser leurs salariés pour les encourager à noter les résultats de production et de santé des vaches, leur apprendre à faire des prélèvements pour garantir des résultats d’analyses fiables, suggérer des actions immédiates (lors de mammite clinique ou de dégradation des concentrations cellulaires) ou à plus long terme, identifier les facteurs de risque, proposer des protocoles de traitement et de prévention et s’assurer qu’ils sont correctement appliqués.

Il importe de déterminer des objectifs chiffrés (par exemple, moins de 10 % de mammites chroniques, ou moins de 5 % de vaches dont le lait présente un nombre de cellules élevé). Une estimation des gains financiers générés par la réalisation de l’objectif doit être présentée afin d’emporter l’adhésion de l’éleveur. Sandy Costello utilise des tableurs Excel qui permettent de comparer les bénéfices actuels de l’exploitation et ceux à prévoir si les objectifs sont réalisés.