Gale ovine : des conséquences sur la peau dès le premier jour - La Semaine Vétérinaire n° 1543 du 07/06/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1543 du 07/06/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/OVINS

Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU

Psoroptes ovis est un agent de la gale chez les moutons qui provoque une dermatite allergique prurigineuse et exsudative. Son impact sur la barrière cutanée a été étudié1.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Avant l’infestation, une zone sur le flanc gauche est tondue et des chambres d’isolation plastiques sont posées. Des biopsies sont effectuées chez chaque animal afin de déterminer l’état de la peau à l’instant T0. Ensuite, 20 à 50 psoroptes sont placés sur les zones préparées de chaque mouton et des biopsies effectuées 1 heure, 3 heures, 6 heures et 24 heures après l’infestation (respectivement notées T1, T3, T6 et T24). Chaque prélèvement fait l’objet d’une extraction d’ARN, une analyse transcriptomique sur biopuce, pour identifier les gènes dont l’expression est modifiée, de PCR temps réel quantitatives afin d’étudier en particulier trois gènes du complexe de différenciation de l’épiderme, de tests histochimiques, d’une analyse histopathologique qualitative et semi-quantitative pour évaluer les changements épidermiques et les pertes d’eau transépidermiques.

RÉSULTATS

L’expression de deux clusters de gènes EDC impliqués dans le contrôle terminal de la différenciation cellulaire a significativement évolué durant les premières 24 heures d’infestation. Le premier cluster comprend des gènes codant pour les petites protéines riches en proline et son expression a augmenté. Le second comporte des protéines qui ont un rôle de barrière protectrice de l’épiderme (filagrine, loricrine) et son expression a diminué. En parallèle, la quantité de ces protéines présentes dans l’épiderme est également réduite.

D’un point de vue histopathologique, les biopsies effectuées à T3 montrent une formation faible à modérée de pustules dans trois prélèvements sur neuf, et une perte de l’architecture de l’épiderme chez sept brebis sur neuf. 24 heures après l’infestation, les modifications de l’épiderme sont plus sévères, avec des pustules ou une perte d’architecture d’intensité marquée dans sept biopsies sur neuf et, dans trois cas, une forte dégradation de la membrane basale de l’épiderme.

Une augmentation significative du nombre de cellules polynucléaires (voir tableau), surtout des éosinophiles, est observée entre T0 et T1, T0 et T24, T1 et T3 et T1 et T24. La perte d’eau transépidermique augmente de manière significative au cours de la première heure.

DISCUSSION

Les protéines codées par les gènes étudiés sont connues pour jouer un rôle dans l’intégrité de la barrière épidermique. Leur faible quantité après l’infestation peut s’expliquer de deux façons : soit la régulation négative sur les gènes induite par la réaction de l’organisme (réponse immune dominée par les cytokines Th 2) a pour conséquence une production plus faible de ces protéines ; soit la désorganisation de l’épiderme s’accompagne d’une réduction du nombre de cellules (kératinocytes) qui contiennent ces protéines. Un autre facteur est l’effet des protéases du parasite qui coupe les protéines. Les enzymes protéolytiques contenues dans la salive de Psoroptes ovis (Pso o 1 et 3) sont respectivement homologues à la cystéine protéase Der p 3 de Dermatophagoides pteronyssinus et à la sérine protéase Sar s 3 de Sarcoptes scabiei, d’autres agents de la gale.

Les conséquences pour la peau sont rapidement visibles. Dès la première heure, les pertes d’eau sont significativement élevées, et même si ce phénomène tend à diminuer par la suite, elles le demeurent après 24 heures. Il n’existe pas d’autre étude à laquelle comparer les pertes d’eau transdermique chez le mouton, mais les résultats sont cohérents avec ceux obtenus lors de gale canine ou humaine.

Des modifications au niveau cellulaire se développent également de manière précoce. Ainsi, trois heures après l’infestation, des pustules apparaissent avec une désorganisation de l’épiderme. Par comparaison, chez le veau, ce parasite provoque des altérations plus tardives et d’intensité moindre sept jours après l’infestation.

De plus, l’infiltration rapide par des cellules polynucléées est cohérente avec les propriétés des enzymes (Pso o 1, 3 et 9) qui, comme leurs homologues chez Dermatophagoides pteronyssinus, ont une action chimio-attractive sur ces cellules.

  • 1 Stoeckli et coll. « The effect of Psoroptes ovis infestation on ovine epidermal barrier function », Veterinary Research 2013, 44:11.

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