CHEVALAIT, UNE EXPLOITATION DESTINÉE À LA PRODUCTION DE LAIT DE JUMENT - La Semaine Vétérinaire n° 1542 du 31/05/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1542 du 31/05/2013

Reportage

Auteur(s) : Jean-Michel DELAGE

Tout autour des bâtiments de la ferme de la Moisière, dans l’Orne, s’étendent des prairies en mode panoramique : un théâtre de 120 hectares de verdure divisés en petits espaces est consacré aux chevaux. Le troupeau est destiné à la production de lait de jument. Julie et Étienne Decayeux ont lancé cette activité en 2003, dans un village de Seine-Maritime. « J’ai trait mes premières juments le 19 octobre, nous en avions six, se souvient Julie. Quand j’ai dit à mon vétérinaire de l’époque que nous allions produire du lait de jument, il m’a regardé avec étonnement. Alors je l’ai invité pour assister à la traite. Ce jour-là, chaque jument a donné trois litres ! » Julie Decayeux a une passion pour les chevaux de trait. Et un faible pour la race des traits du Nord. Il y a cinq ans, le couple s’est installé près de Sées, en Basse-Normandie, afin de développer son élevage. « Aujourd’hui, nous avons 200 chevaux, dont une centaine de juments adultes, quatre étalons et le reste comprend tous les jeunes jusqu’à deux ans », reprend l’éleveuse. Des traits du Nord, bien entendu, mais aussi des percherons. « Et nous essayons de conserver des races pures avec des chevaux intéressants aux niveaux mental et physique. »

5 à 7 litres de lait par jour pour une jument

Dans les prés, les chevaux sont parqués par lot : ici un étalon avec quelques juments, plus loin, un groupe de jeunes pouliches d’un an. Deux prairies sont réservées aux juments allaitantes et à leurs poulains. Après cinq semaines d’allaitement de son poulain, la jument peut commencer à donner son lait. Vers 5 h du matin, un employé les rentre à la jumenterie. Elles vont y passer la journée auprès de leur poulain. Celui-ci ne pourra téter sa mère qu’en fin de journée. « Mais pas de stress, car il peut toucher sa mère, la lécher, la renifler, précise Julie Decayeux. À cinq semaines le poulain boit déjà de l’eau et se nourrit de grains et de foin. » Yentl, une apprentie, est chargée de la traite. Avec sa machine mobile, elle va de jument en jument. Selon les saisons, entre 35 et 45 juments sont en période de lactation, avec un pic de naissances au printemps. Quand la dernière femelle a donné son lait, Yentl se rend directement à la laiterie où le précieux breuvage est transféré directement dans une cuve. En 2012, Chevalait a misé sur une production de près de 90000 l de lait de jument (chacune produit entre 700 et 800 l pendant la période de lactation, soit entre 5 et 7 l par jour). La moitié est commercialisée en lait frais, dans les magasins “bio” de l’Hexagone, et aussi à l’export, en Allemagne, en Belgique et même à Singapour. Le reste de la production est transformé en poudre, devenant soit du lait à reconstituer, soit un ingrédient pour les cosmétiques. La bouteille de 75 cl est vendue 10 € dans les magasins biologiques.

Environ 80 naissances chaque année

Entre deux traites, le travail ne manque pas pour le personnel qui, il faut le souligner, est entièrement féminin, en dehors du patron ! D’abord, le nourrissage dans l’écurie, mais aussi dans les prairies. Les rations sont très variées : de l’orge, de l’avoine, de l’épeautre, « ainsi que des cures de levure ou de plantes. C’est bon pour la santé de nos chevaux, bien entendu, mais aussi pour valoriser le goût du lait, pour que les gens prennent du plaisir à le boire », précise l’éleveuse. Environ 80 poulains naissent chaque année et les femelles restent presque toutes dans l’exploitation. De leur côté, les mâles sont vendus à un client allemand qui les emploie au débardage. « Nous avons peu de pertes, reconnaît Julie Decayeux. On tire beaucoup d’enseignements de notre vétérinaire, Frédéric Barbazange. Il est très compétent pour ce qui touche aux problèmes locomoteurs du cheval. Et surtout, il parvient à faire naître des poulains qui sont mal placés. » Car sans poulain, il n’y a pas de lait. « Pour moi, ce sont des chevaux comme les autres, admet Frédéric Barbazange. Ils sont soignés de la même façon que ceux de loisir. Les particularités sont plutôt d’un point de vue économique. Alors, j’essaie de faire un peu plus de conseil et de prévention tout en respectant les choix des exploitants. » Car chez Chevalait, il existe une volonté d’utiliser le plus possibles des substances homéopathiques, des huiles essentielles. « Frédéric nous suit dans notre philosophie et nos outils. Mais je ne suis pas vétérinaire. Donc, quand cela ne va pas, je l’appelle », conclut Julie Decayeux.

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