Histoire de la médecine à l’ENV d’Alfort

Le 20 avril, deux sociétés se consacrant à l’histoire de la médecine ont tenu une réunion commune à l’école d’Alfort : la Société française d’histoire de la médecine, entendez “de l’homme” (SFHM), et la Société française d’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires (SFHMSV). L’intention était de rappeler, s’il en était besoin, les affinités des deux domaines, humain et animal.

Le matin, vétérinaires, médecins, pharmaciens, dentistes et historiens ont suivi une passionnante visite-conférence du musée Fragonard. Après un repas convivial, les six communications qui ont occupé l’après-midi portaient sur des thèmes communs à l’homme et à l’animal.

→ Christophe Degueurce, revenant sur les mannequins de papier mâché de Louis Auzoux, a montré avec quel succès ce médecin, après avoir mis au point sa technique pour servir l’anatomie humaine, a su en faire bénéficier le cheval. Non content de commercialiser ses superbes mannequins équins démontables, il parvint à reproduire les principales tares osseuses, puis la série complète de mâchoires qui permettait de s’initier à la diagnose de l’âge.

→ Danielle Gourevitch et Christine Bonnet-Cadilhac ont enchaîné avec une démonstration magistrale sur l’origine de l’anatomie chez Galien (1^er siècle). C’est en disséquant des singes, des porcs ou des chèvres que le médecin de Pergame jeta les bases de l’anatomie humaine en vigueur jusqu’au XVI^e siècle. Il fallut en effet attendre la Renaissance pour réaliser que le « second Père de la médecine » (après Hippocrate) n’avait qu’une connaissance indirecte de notre structure… et que la femme ne possédait pas deux longues cornes utérines comme la chèvre !

→ Suivait l’évocation, par notre confrère Hervé Bazin, des rapports incessants entre médecines humaine et animale en matière de vaccins, un domaine où le franchissement de la frontière d’espèce fut toujours instructif.

→ Francis Trépardoux a enchaîné avec un exposé sur l’histoire de la peste bovine et de la morve à partir d’émouvants documents d’archives, et montré combien les premiers élèves de l’école de Lyon, armés de trop maigres connaissances, se trouvèrent démunis face aux épizooties désastreuses.

→ Franck Bourdy a évoqué ensuite la mémoire de Philippe Maupas (1939-1981), un confrère au service des hommes, successivement vétérinaire, pharmacien et médecin, un chercheur à l’impressionnante carrière dont la disparition prématurée fut une véritable perte.

→ La réunion s’est terminée par un distrayant exposé de Philippe Albou sur les expressions médicales imagées empruntées au monde animal.

Cette journée a été un moment d’agréable partage entre professionnels de santé intéressés par l’histoire, mais surtout l’occasion d’une rencontre intergénérationnelle. Venus en nombre, les étudiants vétérinaires se sont trouvés côte à côte avec leurs anciens, ceux qui, quelques décennies auparavant, usaient leurs fonds de culotte sur les mêmes bancs.

La SFHMSV¹ est ouverte à tous, n’hésitez pas à la rejoindre pour participer à ses réunions, échanger sur des sujets historiques ou simplement lire les textes des conférences publiés dans son bulletin.

• 1 Informations sur le site http://sfhmsv.free.fr/Accueil_SFHMSV.htm. Contact : Christophe Degueurce (cdegueurce@vet-alfort.fr).