Un “petit frère” caché…

Force est de constater que le virus de l’influenza aviaire A/H7N9 faiblement pathogène (FP), qui sévit actuellement en Chine, a moins de “succès” que ses “grands frères”, le virus A/H5N1 hautement pathogène (HP), ou encore, plus récemment, le virus A/H1N1 2009 pdm. Médiatiquement parlant, bien entendu.

En pleine crise de popularité, quelque 600 articles sont consacrés au virus H5N1 HP par trois quotidiens français (Le Monde, Le Figaro et Libération) pour le seul second semestre 2005. En 2009, c’est le virus A/H1N1 qui s’invite sur la scène médiatique. Mais la terrible pandémie tellement redoutée n’a finalement pas lieu, laissant au passage Roselyne Bachelot avec des millions de doses vaccinales sur les bras.

Curieusement, le virus A/H7N9 FP ne défraie pas (encore ?) les chroniques écrites et audiovisuelles. Les autorités sanitaires jouent certainement la prudence, afin d’éviter de (re)déclencher une psychose. Pourtant, il s’agit d’un ennemi dangereux et sournois. Quasi asymptomatique chez les volailles (contrairement au H5N1 HP), d’où la difficulté de le détecter, le virus actuel se transmet à l’homme. À l’heure où nous mettons sous presse, le dernier bulletin épidémiologique de l’OMS fait état de 109 Chinois contaminés et de 22 décès en un mois, dans 5 provinces désormais. Le taux de létalité humaine est ainsi de 20 %, si les notifications chinoises sont fiables. C’est certes moins qu’avec le virus H5N1 HP, dont le taux estimé est d’environ 60 %. Mais le virus A/H7N9 FP contient dans son génome deux mutations, la PB2 E627K et la Q226L, qui lui permettent de s’adapter et d’assurer sa réplication chez les mammifères. Quid d’une autre mutation qui le rendrait plus dangereux ? Pour l’heure, il n’y a pas de transmission interhumaine avérée, rassure l’OMS, qui d’ailleurs ne recommande aucun dépistage particulier aux points d’entrée ni aucune restriction aux déplacements ou aux échanges commerciaux. Affaire à suivre…