« Mes deux missions, d’enseignement et de recherche, me plaisent autant »

À l’école, je préférais la rurale pour l’approche plus rationnelle des cas, sans la dimension affective et commerciale qui marque la relation avec les propriétaires en pratique canine. Cependant, j’ai rapidement réalisé que le cadre libéral pourrait être frustrant pour moi. J’aime aller au bout des choses, ce qui est parfois impossible en clientèle, faute de techniques d’investigation ou de moyens financiers. La satisfaction intellectuelle que procure la recherche et mon envie de transmettre mes connaissances m’ont naturellement dirigée vers une carrière d’enseignant chercheur.

J’ai donc suivi en dernière année un master 2 recherche (en biologie et productions animales), puis un doctorat en biologie à l’université de Rennes. Mon travail de thèse a porté sur les aspects fondamentaux de la transmission de Babesia divergens de la tique aux bovins, au sein d’une unité de recherche Inra/Oniris.

Un poste s’est alors ouvert à l’école de Lyon (VetAgro Sup) en pathologie du bétail : j’ai sauté sur l’occasion. La chance était trop belle ! Je n’ai pas eu à prolonger ma formation par un postdoctorat, éventuellement à l’étranger, avant de me stabiliser.

Mon rôle d’enseignement me plaît et me permet de rester proche de la pratique vétérinaire. Je m’épanouis en parallèle dans mes travaux sur les mycoplasmes des ruminants, car il s’agit plutôt de recherche fondamentale (faisant appel au typage génétique, par exemple). La recherche clinique m’attire moins.

Mieux vaut enchaîner le doctorat dans la foulée

En master 2, le choc a été rude. L’intitulé du programme me laissait croire que j’en connaissais une bonne partie. Cependant, le domaine étudié nous amenait jusqu’aux données de biologie cellulaire les plus poussées : par exemple, les mécanismes de régulation moléculaire du métabolisme des cellules mammaires en « production laitière ». Les universitaires et les ingénieurs agronomes sont mieux rodés à ce type de cours. Le cursus vétérinaire forme plutôt à la biologie de l’organisme.

Je ne regrette pas d’avoir suivi ces études complémentaires directement après l’école. Entamer une reconversion professionnelle après quelques années de clientèle est certainement plus difficile, du fait des études à reprendre, mais aussi du faible nombre de postes d’enseignants chercheurs disponibles. Inversement, je savais que je pourrais retourner vers la clientèle si nécessaire, ce qui est sécurisant.

Je comprends la faible proportion d’étudiants vétérinaires qui s’orientent vers la recherche. Nos activités dans ce domaine sont difficiles à valoriser auprès d’eux et nos salaires restent inférieurs à ce qu’ils attendent de la pratique libérale (malgré notre diplôme supplémentaire). Nous bénéficions en revanche d’horaires de travail plus confortables, ce qui peut peser dans la balance.

Dans le monde de la recherche, le diplôme vétérinaire élargit les débouchés, ouvrant notamment tous les domaines où l’expérimentation animale est requise. Mais personnellement, je ne voulais pas me priver de la casquette d’enseignante.