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Formation
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Philippe Zeltzman
La meilleure technique pour stabiliser les fractures digitées (métacarpe et métatarse) est controversée. Les indications de l’approche conservatrice, c’est-à-dire d’une attelle, sont les fractures d’un seul os, celles des doigts non porteurs (2 et 5) et les limites financières. L’attelle doit immobiliser le carpe ou le tarse pour être efficace. L’union osseuse prend de six à douze semaines. Afin de limiter le risque de complications telles que les plaies, notamment aux points de pression, le bandage est à changer une fois par semaine, voire davantage, selon les besoins (bande mouillée, souillée, endommagée).
Les indications de l’approche chirurgicale incluent les fractures des doigts porteurs (3 et 4), plus de deux os fracturés dans le même membre, un déplacement significatif, une fracture comminutive ou ouverte. Trois techniques font alors appel à des broches.
Après une approche dorsale de la main ou du pied, les broches intramédullaires sont mises en place de manière rétrograde dans les segments distaux, puis dans les segments proximaux. Les broches sortent par l’articulation métacarpo-phalangienne ou métatarso-phalangienne. Elles sont repliées dorsalement et coupées le plus court possible. Chaque broche occupe environ les deux tiers du diamètre du canal médullaire.
→ Technique simple.
→ Besoin fréquent de retirer les broches.
→ Traumatisme du cartilage.
→ Réparation peu rigide.
→ Nécessité d’une attelle puis de changements fréquents de bandage (requiert du temps et entraîne des frais et des complications potentielles).
Cette technique ancienne (1975) vient d’être remise au goût du jour1. Des broches de longueur et de diamètre appropriés sont coupées. Chacune est insérée dans le canal médullaire du segment osseux le plus long de manière rétrograde. Une portion de la broche en dépasse. Après une distraction des abouts osseux, la broche est insérée dans le segment osseux court.
Cette technique est plus facile à réaliser chez le chat, probablement en raison de la flexibilité de ses pieds. Au contraire, elle peut être impossible à mettre en place chez certains chiens de grande taille.
→ Protection du cartilage articulaire.
→ Pas besoin de retirer les broches.
→ Réparation peu rigide (les broches sont plus courtes que lors d’enclouage traditionnel).
→ Difficulté de retirer les broches en cas de problème (ostéomyélite).
→ Attelle (voir ci-dessus).
Une nouvelle technique, décrite par notre confrère britannique Noël Fitzpatrick2, a été baptisée Spider (secured pin intramedullary dorsal epoxy resin). Le dispositif combine des broches intramédullaires à un fixateur externe, ce qui permet de ne plus recourir à une attelle.
Dans le cas de fractures des quatre doigts (métacarpes ou métatarses), quatre broches sont placées de manière traditionnelle. Elles sont repliées dorsalement, mais laissées intactes. Une ou deux broches sont placées transversalement dans le carpe ou le tarse. Ces dernières sont également repliées dorsalement. Du méthacrylate de polyméthyle est utilisé pour connecter la pointe de toutes les broches.
→ Système plus rigide.
→ Pas besoin d’attelle (économies et moins de complications).
→ Utilisation rapide du membre.
→ Besoin de retirer les broches.
→ Traumatisme du cartilage.
→ Nécessité pour le propriétaire de désinfecter le site chirurgical quotidiennement.
Malgré l’attrait du montage Spider, chaque technique a sa place. Comme toujours dans le domaine chirurgical, tout est une question d’indications. Ainsi, certains clients seront incapables de désinfecter le site chirurgical d’un montage Spider tous les jours. Parfois, l’animal ne se laisse pas faire. Avant chaque intervention, il est donc important de prendre en compte tous les facteurs (fracture, client, animal, coût) avant de choisir la technique “idéale”.
1 B. Degasperi et coll. Intramedullary pinning of metacarpal fractures in cats using simple distraction technique. Vet. Surgery 2007, vol. 36, n° 4, pp. 382-388.
2 N. Fitzpatrick et coll. Combined intramedullary and external skeletal fixation of metatarsal and metacarpal fractures in 12 dogs and 19 cats. Vet. Surgery 2011, vol. 40, n° 8, pp. 1015-1022.
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