La convivialité collective : une culture d’entreprise payante - La Semaine Vétérinaire n° 1531 du 15/03/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1531 du 15/03/2013

Entreprise

Auteur(s) : Marie Hitz

Les mauvaises relations au travail peuvent détruire la valeur d’un cabinet ou d’une clinique. Des bonnes pratiques existent pour y remédier. Explications.

Manque d’entrain, crispation, absence de communication, votre équipe peu souriante traîne les pieds. Pour regagner en vitalité et renouer avec l’efficacité collective, rien ne vaut pour commencer, une bonne dose de convivialité.

« Mon souhait est de faire entrer la convivialité dans l’entreprise, déclare Philippe Détrie1, président-directeur général du cabinet de conseil en management Inergie basé à Vanves (Hauts-de-Seine). Il est aussi fondateur de l’association Entreprise et convivialité, créée en 2007 par treize sociétés (dont Saint-Gobain, groupe La Poste, Club Med Gym et Inergie). « Dans une organisation, les objectifs et la pression sont là, impossible de le nier et c’est normal. Mais ce qui n’est pas admissible, c’est d’ajouter du stress au reste. Il est totalement anormal que des salariés se suicident au travail », ajoute-t-il.

Même si votre équipe n’est pas encore au bord du suicide, il est sans doute temps de repenser son mode de communication, donc le vôtre. Pour ce dirigeant, il y a des bonnes pratiques à connaître pour modifier, voire transformer, la culture de l’entreprise. « La convivialité, c’est aller voir les personnes et mettre de la densité humaine dans les rapports professionnels, explique Philippe Détrie. C’est aller au-delà du nécessaire. » Prendre le temps du dialogue, sans se limiter à l’état du stock ou au suivi des dossiers. Une attitude qui commence par le simple fait de se dire bonjour et qui se poursuit par une écoute active.

ÊTRE INTRANSIGEANT SUR LE SAVOIR-VIVRE

Facile à dire, pensez-vous. Mais comment agir ? Comment développer ce que Philippe Détrie définit comme « un état d’esprit et une démarche qui favorisent le bien-vivre ensemble ». Il le confirme, « on n’apprend pas cela à l’école, voilà bien longtemps qu’il n’y a même plus de prix de camaraderie ! » Bien entendu, la convivialité ne se décrète pas, mais elle peut s’encourager. « La démarche est à la fois modeste et ambitieuse, souligne Philippe Détrie. Modeste, car il ne s’agit pas de faire croire qu’une action conviviale va résoudre toutes les difficultés, mais simplement de créer des occasions supplémentaires pour inciter les gens à communiquer entre eux. Ambitieuse, car ne rien faire est pire. Elle se construit et s’entretient au quotidien. »

Un avis que partage Patrick Dumoulin, directeur de l’institut Great Place to Work France : « Être une entreprise où il fait bon travailler n’est ni une question de taille, ni une question de secteur d’activité. Pas besoin d’en faire des tonnes, de forcer sa nature. Il suffit de mettre en place des choses simples, accessibles, sympathiques. Tout tient à la volonté du chef d’entreprise, à son envie d’avoir une équipe heureuse et fière de venir travailler chez lui. »

PROMOUVOIR LE BIEN-ÊTRE INDIVIDUEL

Tout commence par le lieu de travail. Il s’agit non seulement de créer des espaces de convivialité – un endroit dans la clinique où chacun peut faire une pause, lire les journaux de la profession, prendre connaissance des résultats –, mais aussi de reconsidérer l’esthétique des lieux. Si chacun se sent bien, il est fort probable que ce bien-être individuel favorisera le développement du bien-être collectif. Une contagion qui va jusqu’au client. Un cercle vertueux testé et approuvé par Maria-Luz Truffet, praticienne à Perpignan, comme en témoigne son aménagement intérieur : « L’équipement de la clinique a été entièrement pensé pour que les animaux et l’équipe évoluent dans un environnement apaisé, en accord avec notre conception des soins vétérinaires. L’ambiance est proche de celle que nous pouvons avoir à la maison. Dans cette clinique que j’ai rendue accueillante et chaleureuse, l’équipe n’a pas eu de mal à trouver ses marques et les clients, eux aussi, ont vite adhéré. »

GÉNÉRER LE MIEUX-ÊTRE COLLECTIF

En plus des espaces, il est nécessaire de prévoir des moments de convivialité, qu’il s’agisse de temps de discussion dans la journée ou de rendez-vous dans l’année. « Il est important de fixer des périodes de présence auprès de ses collègues où l’on instille la connaissance de l’autre en dehors du rapport professionnel, souligne Philippe Détrie. Attention, si c’est au manager de lancer l’idée, c’est à l’équipe dans son ensemble de s’en emparer et de décider du contenu. »

Vous choisirez peut-être, comme Patrick Dumoulin, de convier votre équipe chez vous pour un barbecue ou, comme cette praticienne installée à l’île de La Réunion, de faire livrer des fruits et des légumes à la clinique. « On entend tous les jours “il faut manger cinq fruits et légumes par jour”. J’en ai parlé avec mes employés et je me suis aperçu qu’ils n’avaient pas forcément le temps d’aller au marché en acheter. Alors, j’ai décidé de leur faire livrer au boulot un panier fraîcheur tous les mardis », confie-t-elle. Vous pouvez aussi tout simplement retrouver le goût de la célébration en fêtant les anniversaires, les naissances, les mariages ou les temps forts du calendrier.

OPTIMISER SA VALEUR ET SA “CHALEUR AJOUTÉE”

Et pourquoi pas détendre l’atmosphère ? Mais attention, il ne faudrait tout de même pas perdre de vue les objectifs. Or la convivialité n’a rien du loup qui pourrait entrer dans la bergerie de l’efficacité. « La chaleur ajoutée », comme la nomme Philippe Détrie, rimerait plutôt avec valeur ajoutée. L’institut Great Place to Work démontre d’ailleurs chaque année, et depuis plus de dix ans, que les sociétés jugées par leurs salariés comme un endroit où il fait bon travailler sont particulièrement performantes. Le constat est clair : « Lorsque les entreprises atteignent l’excellence en termes de qualité de vie au travail, le cloisonnement entre les dirigeants et les salariés diminue. Le lieu professionnel devient une communauté. Les salariés sont fiers de leur travail, de leur équipe et de leur société. Ils sentent qu’ils peuvent y être eux-mêmes (…) et prennent plaisir à venir travailler, se réjouissant de développer un partenariat durable avec leurs collègues. Ils envisagent leur carrière au sein de l’entreprise. »

Et le résultat est là : les sociétés “motivantes” bénéficient d’atouts considérables. Philippe Détrie pointe notamment la fidélisation de leurs collaborateurs, la réduction du nombre d’arrêts de travail, un niveau plus élevé de satisfaction et de fidélité dans leur clientèle, l’augmentation de leur productivité et de leur rentabi­lité. Autant d’avantages qui valent bien un sourire, un café chaud ou, en début d’année, une galette des rois !

  • 1 Philippe Détrie : « La convivialité, aller vers une entreprise où il fait bon travailler », Eyrolles, éditions d’Organisation.

LA RECETTE DE LA CONVIVIALITÉ EN ENTREPRISE

Sur une base de 20 % de méthode et 80 % de comportement, les ingrédients à réunir sont les suivants :

→ être souriant ;

→ aller à la rencontre des autres ;

→ dire bonjour, appeler son interlocuteur par le (bon) prénom et le regarder ;

→ se montrer poli et courtois en toutes circonstances (dire s’il vous plaît, merci, etc.) ;

→ pratiquer l’écoute active ;

→ partager des moments de pause avec son équipe ;

→ positiver, voir le bon côté des choses ;

→ célébrer tous les succès, même les petites victoires ;

→ privilégier les relations directes ;

→ mettre de la bonne humeur dans les contacts ;

→ ne pas accepter les incivilités (nuisances sonores, manque de respect, dégradations, etc.) ;

→ ne commencer une réunion qu’après 9 h et avant 17 h 30 ;

→ expliquer ses décisions (pourquoi oui ou non) ;

→ être accessible et disponible ;

→ éviter la domination par la peur, la dévalorisation, le dénigrement, l’agression, le chantage, la culpabilisation, les insultes, les violences verbales et physiques, le harcèlement, etc.

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