L’élevage de crevettes à São Paulo, une perspective d’avenir

Avec ses quelque 47 000 élèves, 3 300 professeurs, 1 900 laboratoires et 900 000 livres répartis dans 30 bibliothèques, l’Universidade Estadual Paulista (Unesp) est un ensemble de facultés publiques qui recouvre tout le territoire de l’État de São Paulo, au Brésil. Le campus de Jaboticabal, une ville de l’intérieur de l’État, abrite l’un des centres d’aquaculture de l’Unesp, le Caunesp. La diversité des services qu’il propose s’étend jusqu’à la carcinoculture, autrement dit l’élevage des crustacés, via une ferme expérimentale de crevettes.

Une production continue toute l’année

Deux espèces y sont élevées : la crevette d’Amazonie (Macrobrachium amazonicum) et celle, plus grosse, de Rosenberg (Macrobrachium rosenbergii). Toutes deux sont des crevettes d’eaux douce et salée : en effet, à l’état naturel, les femelles sur le point de pondre descendent le fleuve où elles ont élu domicile pour rejoindre la mer et y déposer leurs œufs.

Ces conditions sont reproduites au Caunesp : les tanks de reproducteurs sont remplis avec de l’eau douce, et les femelles sont transférées avant la ponte dans un “box à éclosion” contenant de l’eau salée. Ces derniers sont recouverts de panneaux noirs, assurant une obscurité totale à l’intérieur. Une source de lumière est placée à l’unique sortie de ce box. Les larves (qui apparaissent rapidement, car les œufs éclosent en deux jours au maximum), phototaxiques positives, sont attirées par cette lumière et sortent naturellement du compartiment recouvert du box. Après 15 (pour M. amazonicum) à 20 jours (M. rosenbergii), elles ont terminé leur croissance et sont transférées dans des bacs d’eau douce, en attendant de rejoindre les grands bassins des reproducteurs adultes.

Tous les tanks d’intérieur fonctionnent en système d’eau fermé grâce à des filtres mécaniques. Il existe en outre des enceintes couvertes dans lesquelles sont projetées en permanence de fines gouttelettes d’eau pour assurer une production continue sur l’année, la période de reproduction ayant en effet normalement lieu au cours de la période humide estivale.

Jusqu’à l’âge de cinq jours, les crevettes sont nourries exclusivement avec des larves d’artémia (un petit crustacé). Ensuite, leur ration est enrichie avec environ 35 % de protéines brutes, végétales comme animales (ces dernières ne sont interdites que dans l’alimentation des ruminants au Brésil). Au stade adulte, la ration redevient plus pauvre, car les crevettes s’alimentent aussi avec tout de ce qu’elles trouvent dans leur tank, des algues par exemple.

De la recherche aux assiettes du personnel !

Cet élevage a comme objectif de fournir un nombre conséquent d’animaux aux nombreuses recherches et expérimentations. Du côté de la recherche par exemple, une analyse des morphotypes au cours de la croissance, dans le cadre d’un élevage commun crevettes/tilapias, est en cours. Les animaux alimentent par ailleurs les assiettes du personnel de la faculté (en raison de l’absence de licence pour les vendre en grande distribution) et accompagnent les caipirinhas à l’heure de l’apéritif !

« Concernant les maladies, je travaille ici depuis plusieurs années sans en avoir rencontré aucune, souligne Michelle Santos, doctorante au service de carcinoculture. Ces animaux sont extrêmement résistants et, quand une épidémie survient, elle affecte les autres espèces, notamment les tilapias, qui cohabitent dans certains tanks avec nos crevettes. »