L’emploi vétérinaire en pleine mutation - La Semaine Vétérinaire n° 1529 du 01/03/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1529 du 01/03/2013

Dossier

Auteur(s) : Clarisse Burger*, Françoise Sigot**, Serge Trouillet***

Depuis plusieurs années, le secteur vétérinaire évolue en France avec un fort taux de libéraux en pratique canine, mais un sous-effectif en rurale. La répartition des cabinets et des cliniques sur le territoire ne recouvre plus la réalité d’il y a trente ans : le regroupement des praticiens dans les grandes agglomérations, une forte demande des jeunes en pratique salariée, avec d’autres conditions de travail (contrat à durée indéterminée et temps partiel) changent aujourd’hui la donne.

Le marché de l’emploi vétérinaire évolue. Il compte davantage de salariés et de jeunes, tous profils confondus, mais aussi de femmes, qui accèdent plus souvent aux contrats à durée indéterminée (CDI). Les hommes restent plus nombreux à occuper un poste à temps plein.

Pour autant, l’équilibre entre l’offre et la demande est-il stable ? Rien n’est moins certain. L’activité canine demeure prédominante et le choix du statut, comme les conditions de travail, correspondent parfois mal aux besoins médicaux réels des diverses catégories d’animaux présentes en France. Ce phénomène est actuellement surveillé de près par plusieurs acteurs, dont le conseil régional ordinal (CRO) des vétérinaires de Rhône-Alpes (voir en page 26). Il souhaiterait, dans cette optique, établir un observatoire de l’emploi plus averti, notamment pour veiller à l’équilibre de la continuité des soins.

DANS LA SANTÉ, NEUF SALARIÉS SUR DIX SONT DES FEMMES

Force est de constater que plusieurs facteurs changent la donne de l’emploi dans la profession. Tout d’abord la féminisation, qui s’est développée dans l’ensemble du secteur de la santé. Ainsi, neuf salariés sur dix sont des femmes, selon la dernière étude de l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL) réalisée fin 2012. Les cabinets et les cliniques vétérinaires n’y échappent pas et comptent d’importants effectifs féminins salariés (88 %, et jusqu’à 97 % pour le secteur dentaire).

Ensuite, une forte présence de jeunes (jusqu’à 26 ans) est constatée, due au nombre significatif de stagiaires en apprentissage et en alternance.

En termes de catégories professionnelles, les structures vétérinaires affichent le taux de cadres supérieurs le plus élevé des différentes branches du secteur de la santé (28 %, versus 4 % pour les cabinets médicaux), dont la plus forte proportion de femmes (comme c’est aussi le cas dans les officines pharmaceutiques).

UNE MAJORITÉ DE SALARIÉS

Globalement, les cabinets vétérinaires ont un taux significatif d’employés (59 %, versus 16 % pour les pharmacies). Les entreprises vétérinaires (de moins de dix salariés) regroupent les effectifs de salariés les plus conséquents. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), leur nombre a augmenté de 4 % entre 2009 et 2010, passant à 7 452 structures en 2010, avec 14 725 salariés (dont une majorité à temps plein). À fin 2012, l’OMPL recense 15 852 personnes travaillant dans les cabinets et cliniques vétérinaires.

Les conditions d’emploi actuelles laissent à penser que la profession vétérinaire n’est pas en sous-effectif. Toutefois, certains départements de l’Hexagone commencent à être touchés par la crise, ou par d’autres facteurs comme la désertion des professionnels. Fin 2012, le secteur vétérinaire regroupait une majorité de salariés en CDI (77 %), selon l’OMPL. Ces données sont à rapprocher du taux moyen de CDI (62 %) recensé pour l’ensemble des secteurs économiques via la déclaration annuelle de données sociales (DADS).

Cependant, une particularité ressort du type de contrat de travail des vétérinaires. En effet, comme davantage de femmes accèdent à un CDI, pour un homme en CDD, il y a 0,51 femme dans ce cas, toujours selon l’OMPL. À l’inverse, la durée du temps de travail est actuellement plus favorable à la gent masculine. Pour un homme à temps partiel, presque deux femmes (1,67) travaillent dans ce même cadre.

Est-il pour autant plus facile aujourd’hui pour un praticien de choisir son activité, son statut et le lieu de son exercice ? Les jeunes vétérinaires trouvent généralement un poste à la sortie de l’école. En témoignent par exemple les promotions 2011 et 2012 (déclarées dans l’Annuaire Roy), qui travaillent en majorité en tant que salariés en pratique canine, tous départements français confondus. Ceux qui ont opté pour le statut de collaborateur libéral ou pour un poste dans les secteurs privé et public sont beaucoup moins nombreux. Toutefois, les organismes publics (Pôle emploi, Insee) disposent de peu d’informations sur le taux d’activité actuel de ces jeunes. Et il est difficile de déceler s’ils choisissent effectivement leur structure et leur pratique, ou s’ils prennent un poste par défaut.

DES TRENTENAIRES PEU INSTALLÉS OU ASSOCIÉS

Leurs confrères plus expérimentés, diplômés depuis au moins cinq ans, sont-ils si différents ? Dans quelle région de France exercent-ils, dans quelle activité, quel poste occupent-ils ? En examinant de plus près la situation des promotions 2006 à 2007 et en la comparant à celle de leurs aînés de dix ans (1995 à 1997), via les données de l’Annuaire Roy, des similitudes apparaissent.

Les promotions 2006 et 2007 des quatre ENV (soit 833 docteurs vétérinaires au total selon le Roy) exercent majoritairement en France, dans le secteur libéral, avec une prédominance en pratique canine ou mixte. 74 % de ces trentenaires (toutes écoles confondues) sont, pour l’heure, praticiens avec le statut de remplaçant, d’aide ou d’assistant dans un cabinet ou une clinique. Peu d’entre eux sont installés et associés (26 %) ou encore collaborateurs libéraux (8 %). La raison principale est vraisemblablement financière. Ils sont encore moins nombreux à évoluer dans les secteurs privé (7 %) et public (4 %). En outre, d’autres sont actuellement en formation complémentaire ou ne sont pas, pour l’heure, répertoriés dans les catégories professionnelles de l’Annuaire Roy.

Certains facteurs, comme la rareté des postes dans le secteur public et une plus forte tension économique, sont également à prendre en considération (voir graphiques 5 et 7).

L’ENV d’Alfort regroupe la plus forte proportion de praticiens qui évoluent en pratique canine, à la fois chez les trentenaires et les quadragénaires étudiés dans le comparatif (voir graphique 5). Les écoles de Toulouse et de Nantes rassemblent, à elles deux, le nombre le plus élevé de vétérinaires en pratique mixte.

DES QUADRAGÉNAIRES EN MAJORITÉ LIBÉRAUX

Quant à leurs aînés de dix ans, les quadragénaires (promotions de 1995 à 1997 soit 1 337 vétérinaires), la plupart exercent leur activité en libéral (73 %). Ils sont installés à 79 %, pour seulement 13 % de salariés rattachés à une structure vétérinaire.

Leur effectif dans le secteur public (10 %) est plus de deux fois supérieur à celui de la génération des trentenaires étudiée. Enfin, les deux points d’écart en faveur des quadragénaires travaillant dans le secteur privé peuvent s’expliquer par une offre plus généreuse à leur époque, voire par un choix délibéré. Quant à l’emploi des seniors, il est également intéressant à expliciter : le taux des salariés vétérinaires de plus de 50 ans est plus faible (14 %) que la moyenne du secteur de la santé (24 %), selon l’OMPL. Et une majorité de ces praticiens expérimentés (61 %, versus 50 % en moyenne dans la santé) sont à temps partiel dans les cabinets ou les cliniques.

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