Particularités physiologiques et hématologiques du chiot - La Semaine Vétérinaire n° 1528 du 22/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1528 du 22/02/2013

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandre Balzer

Fonctions : praticien à Bellerive-sur-Allier (Allier).

PARTICULARITÉS PHYSIOLOGIQUES

Appareil urinaire

Le chiot a des besoins hydriques importants (1 à 2 ml pour 100 g de poids vif). Il est sujet à la déshydratation en raison d’un rapport élevé entre sa surface corporelle et son poids vif. De plus, ses reins sont immatures (développement total vers trois semaines). Le flux sanguin rénal et le débit de filtration glomérulaire augmentent de façon importante au cours du premier mois de vie (le second passe de 0,13 ml/ mn/g de tissu rénal à 2 jours à 0,91 ml/mn/g à 77 jours). Ces deux facteurs continuent d’aug­menter jusqu’à atteindre les valeurs de l’adulte vers dix semaines.

La densité urinaire des chiots de moins de trois semaines est plus faible (1,018 +/– 0,010) que celle des chiots de plus de trois semaines (1,027 à 1,035). La protéinurie est fréquente et la glycosurie est physiologique chez le chiot de moins de huit semaines (immaturité de la fonction rénale). La cristallurie, la leucocyturie et l’hématurie sont fréquentes.

Régulation de la glycémie

La plupart des fonctions métaboliques du foie sont inopérantes à la naissance, notamment concernant le métabolisme du glycogène et des acides biliaires, les biotransformations et la détoxification. Les concentrations d’albumine, de globuline et de facteurs de coagulation sont faibles (valeur définitive vers huit semaines).

Le chiot naît à la limite de l’hypoglycémie. Il possède peu de réserves de glycogène hépatique qui, de plus, est principalement recruté pour la thermorégulation. La glycémie chute de 10 % toutes les deux à trois heures (0,45 g/l quatre à six heures après la naissance puis réaugmentation à 0,70 g/l à 72 heures). À la naissance, l’épuisement des réserves s’effectue en dix heures de jeûne et après 23 heures chez les chiots plus âgés. Les autres types de réserve énergétique (glycérol dans le tissu adipeux, acides aminés glucoformateurs, lactate ou pyruvate dans le muscle) sont présents, mais en faible quantité.

La régulation de la glycémie est principalement réalisée par la prise alimentaire, le chiot étant peu sensible à l’action de l’insuline.

Système cardio-vasculaire

La pression sanguine est plus faible que chez l’adulte (entre 30 et 70 mmHg entre une et quatre semaines, pour atteindre les valeurs usuelles de l’adulte à six semaines), mais la fréquence et le débit cardia­ques sont plus élevés (valeurs connues chez l’adulte atteintes vers sept mois). Les barorécepteurs ne sont fonctionnels qu’à partir du 4e jour. Tous ces phénomènes font que le chiot a beaucoup plus de mal à compenser une situation anormale comme une hyperthermie ou une hémorragie.

Appareil digestif

L’appareil digestif subit des modifications durant le développement postnatal. La taille de l’estomac et de l’intestin grêle augmente durant la crois­sance. La longueur des villosités de l’intestin grêle chez le chiot sous la mère est plus importante que chez le chiot sevré. Elle augmente jusqu’au 21e jour, puis diminue après le sevrage. Leur diamètre croît continuellement durant la croissance.

L’activité enzymatique digestive du nouveau-né est adaptée à sa nourriture et subit des modifications durant la croissance. La pepsine, par exemple, n’est détectée qu’à partir de 21 jours et n’atteint que progressivement les valeurs usuelles connues chez l’adulte. L’amylase et la lipase sont actives dès la naissance, mais leur activité est bien plus faible avant le sevrage qu’après. La trypsine et la chimotrypsine sont actives dès la naissance. L’activité de la lactase est plus élevée pendant l’allaitement.

Durant les premières heures de vie, la barrière intestinale est perméable à toutes sortes de composés, notamment les anticorps colostraux. Le renouvellement de l’épithélium limite par la suite les capacités d’absorption intestinale. De plus, comme le pH gastrique du chiot est proche de la neutralité, les anticorps colostraux sont préservés jusqu’à leur absorption.

PARTICULARITÉS HÉMATOLOGIQUES

La lignée rouge

→ Hématocrite. Chez le chien adulte, les valeurs usuelles s’échelonnent de 38 à 57 %. L’hématocrite du nouveau-né est identique à celui de l’adulte, mais chute dès la première semaine à 30 %. Ce n’est que vers trois mois que l’hématocrite se rapproche des valeurs habituelles de l’adulte.

→ Hémoglobine. Durant les huit premières semaines, la libération de l’oxygène au niveau des tissus est facilitée par une modification des capacités de saturation de l’hémoglobine. Ainsi, même si l’hématocrite est plus faible chez les chiots, les tissus sont correctement oxygénés. La concentration en hémoglobine chez le chien adulte est comprise entre 13,2 et 19,2 g/dl. À la naissance, les valeurs sont de 14 à 17 g/dl, puis chutent à 9 g/dl vers deux à quatre semaines. Elles correspondent aux normes de l’adulte vers trois mois.

→ Hématies. Les valeurs usuelles chez le chien adulte s’échelonnent de 5,6 à 8,5 x 106/mm3. À la naissance, le chiot compte 4,5 à 5,5 x 106 GR/mm3 puis ces valeurs chutent dès les premiers jours (4 x 106/mm3) pour remonter doucement jusqu’à six mois.

→ Volume globulaire moyen (VGM). Chez l’adulte, ce volume varie entre 62 et 71 fL. À la naissance, le VGM est élevé (de l’ordre de 90 fL, en raison de la plus grande taille des hématies fœtales) puis affiche des valeurs proches de celles de l’adulte entre le deuxième et le troisième mois (disparition des hématies fœtales). Il est de 80 fL à deux semaines et de 73 fL à six ou huit semaines.

→ Teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine (TCMH). Chez l’adulte, ce facteur est compris entre 19 et 25 pg. De la même manière que précédemment, les valeurs usuelles du chiot sont élevées à la naissance (30 pg) avant de descendre progressivement en trois à quatre semaines jusqu’à celles de l’adulte.

→ Réticulocytes. En raison de la faible teneur en fer du lait, les chiots allaités deviennent déficients en fer à la suite de l’accroissement rapide du volume sanguin, qui s’adapte à l’augmentation de la taille corporelle. L’expansion rapide du volume sanguin est par ailleurs liée à une activité médullaire accrue, avec en particulier une érythropoïèse médullaire et extramédullaire active et un taux de réticulocytes dans le sang périphérique qui avoisine 10 % pendant les deux premiers mois (0 à 1,5 % de réticulocytes chez l’adulte). Les frottis sanguins des nouveau-nés sont caractérisés par une polychromatophilie, avec la présence de réticulocytes et d’érythroblastes.

La lignée blanche

Le nombre de leucocytes est plus élevé à la naissance (moyenne de l’ordre de 16 x 109/l). Chez le chiot de zéro à trois jours, un déplacement à gauche de la courbe d’Arneth est noté (granulocytes neutrophiles non segmentés correspondant à de jeunes et nombreux granulocytes neutrophiles dénommés band cells). Il disparaît entre le 7e et le 10e jour. La présence de métamyélocytes (précurseurs de la lignée neutrophilique) sur le frottis sanguin est occasionnellement rapportée durant cette période.

Le nombre de lymphocytes est significativement plus élevé avec, jusqu’à l’âge de six mois, des valeurs qui atteignent au moins 2 x 109/l, voire jusqu’à 10 x 109/l.

Une lymphopénie est observée chez le chien de trois à six mois lorsque le nombre absolu de lymphocytes est inférieur à 2 x 109/l (versus 1,5 x 109/l chez le chien de huit mois à deux ans et 1 x 109/l chez celui de plus de deux ans).

Enfin, chez le jeune, les leucocytoses (neutrophilie) secondaires à une sécrétion d’adrénaline lors de peur (notamment au cours de la première visite chez le vétérinaire), d’effort musculaire ou d’excitation, sont plus marquées que chez l’adulte. Elles surviennent en quelques minutes pour disparaître dans la demi-heure qui suit.

Les plaquettes

Aucune particularité n’est mise en évidence chez le chiot par rapport à l’adulte.

TOXICITÉ DE CERTAINS MÉDICAMENTS CHEZ LE JEUNE

→ Comme la flore digestive se met en place au cours des cinq premières semaines de vie, toute administration d’antibiotique per os durant cette période peut entraîner des diarrhées aiguës et une déshydratation fatale.

→ Les tétracyclines et les quinolones, qui ont une action sur les tissus osseux et les cartilages en croissance, sont à proscrire jusqu’à l’âge adulte.

→ Les aminoglucosides sont néphrotoxiques et ne doivent pas être utilisés avant l’âge de deux mois.

→ L’immaturité hépatique engendre une sensibilité accrue aux agents anesthésiques (augmentation de leur demi-vie).

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