La phénylbutazone en invitée surprise

Il n’y a aucun lien avec la fraude sur la viande “pur bœuf” préparée à partir de chevaux abattus en Roumanie et propres à la consommation humaine. Et pourtant, quelques traces résiduelles de phénylbutazone, relevées dans des carcasses de viande chevaline importées d’outre-Manche, sont venues se télescoper avec cette crise. Ce qui n’était qu’une grave tromperie, sans impact sanitaire, a failli basculer, en quelques heures, en une vraie-fausse crise sanitaire pour cause de résidus.

Un AINS sans LMR

La phénylbutazone ne dispose pas de limites maximales de résidus (LMR), dans aucune espèce animale. Comme la quasi-totalité des médicaments humains et de nombreuses spécialités pour chiens et chats, sans LMR, elle est interdite d’emploi chez les animaux producteurs de viande, de lait, d’œufs, etc., y compris les équidés non exclus de l’abattage. La présence de résidus de phénylbutazone rend donc la viande impropre à la consommation humaine, même si cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) était encore commercialisé chez l’homme comme traitement contre les douleurs rhumatismales jusqu’en 2012.

Les résidus sont-ils dangereux ?

Personne ne connaît vraiment la dangerosité des résidus de phénylbutazone, car leur toxicité sur le long cours n’a jamais été évaluée en vue de la fixation de LMR. Mais il est évident que ceux qui pourraient être présents dans quelques carcasses de viande de cheval en France ne font pas courir de danger aux rares consommateurs, volontaires ou involontaires, de cette viande. Sauf à consommer tous les jours de la viande de chevaux abattus au cours des quelques jours qui suivent l’administration de cet AINS. Ce scénario, qui est celui utilisé dans le calcul des LMR, est évidemment improbable.

Néanmoins, la phénylbutazone est interdite chez les chevaux non exclus de l’abattage. Et la présence de ses résidus dans une carcasse rend cette dernière « impropre à la consommation humaine ».