L’Acersa a conscience du besoin d’informations sur l’appellation “non IPI” - La Semaine Vétérinaire n° 1527 du 15/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1527 du 15/02/2013

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : FRÉDÉRIC LARS*, SOPHIE MÈMETEAU**

Fonctions :
*(SNGTV)
**(ACERSA)

Nos confrères répondent à l’article intitulé « Bovin non IPI : une certification “vétérinaire” sans acte vétérinaire » d’Alain Mayer, paru dans le n° 1523 du 18 janvier en pages 14-15.

En 2011, l’Association pour la certification en santé animale (Acersa) a été reconnue comme un organisme concourant à la certification en matière de diarrhée virale bovine (BVD). Le cahier des charges sur lequel s’appuie cette certification a été homologué par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et est paru au Journal officiel fin août 2011. Il s’agit par ailleurs de la première appellation attribuée au bovin, et non au cheptel.

Cette certification va commencer au printemps prochain et des inquiétudes légitimes voient le jour, à l’instar de cette tribune libre publiée par Alain Mayer dans La Semaine Vétérinaire. Cet article a retenu toute notre attention, tant les questions et les craintes soulevées, certes compréhensibles, méritent d’être expliquées davantage.

Il est vrai que cette certification ne s’appuie pas systématiquement sur des prélèvements, donc sur des actes vétérinaires, mais c’est le cas d’autres maladies, pour lesquelles les statuts peuvent également être attribués sur la base d’analyses sur des laits de tank (IBR, varron, brucellose, etc.).

L’appellation “BVD : bovin non IPI” peut être attribuée sur la base de différentes catégories de critères. Nous travaillons sur ceux dits “directs”, à partir d’un résultat d’analyse connu chez un bovin, mais aussi – et c’est la première fois – sur des critères dits “indirects” : certains sont liés à la filiation (partant du principe qu’une mère IPI donne nécessairement un veau IPI, et qu’une mère non IPI séronégative n’a pas donné naissance à un veau IPI), d’autres sont des critères épidémiologiques qui s’appuient sur le contrôle du troupeau.

Cette dernière catégorie de critères repose aujourd’hui sur des analyses sérologiques sur lait de grand mélange, sans connaissance précise des animaux présents dans le lait de tank. Ce dernier se veut en l’occurrence le témoin d’une circulation virale dans le troupeau laitier : une vache dont le lait aurait été retiré du tank est quand même en contact avec ses congénères et, si elle est IPI, les autres vaches auront séroconverti, au moins en partie, ce qui donnera l’alerte sur le lait de tank. Cela explique pourquoi, dans ce contexte, la connaissance exacte de l’échantillon n’est pas requise. De plus, si ces analyses sur lait de tank sont la base des critères épidémiologiques, ce ne sont pas les seuls éléments pris en compte. S’y ajoutent ceux qui concernent le temps de présence des bovins dans l’atelier laitier, les rangs de lactation des animaux ou leur date de vêlage.

« Le statut non IPI n’est pas une certitude mais une probabilité » : c’est exact, mais aucune certification ne peut se prévaloir d’une garantie à 100 %, ne serait-ce que par les limites de performance des tests. Apporter une appellation à un bovin a un intérêt commercial et économique. Dans tous les cas, l’acquisition de cette appellation doit répondre à un compromis entre la meilleure qualité possible au regard de son coût et de ses enjeux.

En matière de BVD, ce risque d’erreur accepté est quantifié. Le schéma directeur des travaux a donc été de fournir une garantie la plus robuste possible, tout en acceptant un taux d’erreur inférieur à un certain seuil. Ce seuil a été fixé en tenant compte des caractéristiques générales de sensibilité et de spécificité des tests antigénémiques qui sont telles que le résultat d’un test, positif ou négatif, n’est jamais certain à 100 %. Ainsi, pour le repérage des IPI, et malgré les bonnes performances du test, il existe un risque d’obtenir un résultat faussement négatif. Ce risque, avec le test antigénémique, est de deux cas sur 10 000 animaux, le seuil d’un sur 5 000 a donc été retenu.

Cela signifie que le taux de bovins qualifiés à tort ne doit pas dépasser ce seuil, quel que soit le critère utilisé. Afin de s’en assurer, l’Acersa met en place un dispositif de collecte et d’expertise en temps réel des anomalies, pour vérifier la pertinence des critères par rapport au seuil défini d’animaux garantis à tort. Les critères retenus dans le cahier des charges s’appuient sur les données de terrain existantes qui évaluent, critère par critère, la proportion d’animaux IPI garantis à tort.

Ces données sont formelles. Les critères épidémiologiques sont beaucoup plus solides que les analytiques purs issus d’un examen biologique sur un échantillon sanguin.

Il reste que tous les critères indirects sont plus précis et apportent moins de résultats faussement négatifs que l’examen individuel :

→ la mère d’un non-IPI a trois fois moins de chance d’être IPI qu’un animal garanti par une PCR individuelle ;

→ les génisses de plus de 19 mois de troupeau “sans” anticorps et les vaches de troupeau (rang de lactation supérieur à 1) avec un niveau d’anticorps modéré présentent dix fois moins de risque d’être garanties à tort que par la méthode de PCR individuelle ;

→ quant aux vaches appartenant à un troupeau avec un niveau d’anticorps non détecté et aux veaux garantis par une mère séronégative, aucun(e) n’a jamais été retrouvé IPI.

Les prélèvements utilisés dans le cadre de ce cahier des charges peuvent donc être des laits de mélange (laits de tanks), des prélèvements de laits individuels, des prélèvements de sang réalisés par les vétérinaires, et des biopsies auriculaires qui peuvent être effectuées par l’éleveur.

Ce dernier point fait partie des inquiétudes soulevées. Pour information, l’objectif est que cette boucle préleveuse soit également utilisée comme boucle d’identification. Elle est conçue de manière à ce que le prélèvement soit identifié automatiquement avec le numéro d’identification de l’animal. Elle apporte des garanties de fiabilité et de traçabilité, sans lesquelles ni l’Acersa ni la DGAL n’auraient validé ce dispositif.

Par ailleurs, l’éleveur vendeur a tout intérêt à jouer le jeu car, s’il triche, sa crédibilité commerciale, voire sa responsabilité, seront engagées. En outre, la certification repose sur l’engagement de tous les acteurs à connaître et à respecter le cahier des charges.

Les prélèvements de sang peuvent être réalisés spécifiquement pour l’acquisition de l’appellation, mais aussi dans de nombreux autres contextes (concours, contrôle d’introduction, diagnostic, etc.). C’est aussi une manière de valoriser le résultat d’une analyse obtenue chez un bovin.

S’il s’agit d’une analyse PCR, le bovin sera garanti si le résultat est négatif. La question de la différenciation entre l’animal virémique transitoire et IPI ne se pose pas directement dans le cadre de l’appellation. Un résultat PCR positif pourra par ailleurs nécessiter, selon le contexte, des examens complémentaires pour vérifier le statut du bovin.

Les laits de grand mélange représentent une source d’information bien réelle, dont il serait dommage de se priver, sous réserve, bien entendu, de s’être assuré de la qualité et de la pertinence des résultats obtenus, ce qui, en l’occurrence, est le cas.

Enfin, notre confrère insiste sur les animaux virémiques transitoires. Il a raison, et le cahier des charges le précise en préambule : cette appellation se limite à garantir le statut non IPI d’un bovin. Elle ne couvre pas les risques associés à l’introduction du virus de la BVD dans un cheptel par l’intermédiaire d’un animal atteint d’une infection aiguë, excréteur transitoire, ou d’une infection spermatique permanente. Par conséquent, elle n’annule en rien la nécessité d’une quarantaine en cas d’introduction d’un bovin dans un cheptel.

Communiquer sur cet aspect auprès des éleveurs fait d’ailleurs partie des obligations des Schémas territoriaux de certification (STC) pour être habilités à délivrer l’appellation “BVD : bovin non IPI”. Cette certification prévoit le suivi dans le temps des anomalies, qui existeront toujours quel que soit le système choisi. Elle permet également de valoriser des prélèvements et/ou des analyses réalisées dans d’autres contextes. Quant aux vétérinaires, ils auront un rôle important à jouer, notamment auprès des éleveurs, pour repérer et explorer les anomalies, dont le suivi est essentiel dans ce dispositif.

L’Acersa a pleinement conscience du besoin d’informations sur cette appellation. Une communication plus détaillée sera réalisée sur le terrain pour accompagner sa mise en place, afin de pouvoir répondre de manière plus précise aux questions et aux inquiétudes relayées par l’article d’Alain Mayer.

Références bibliographiques

  • → Ezanno P., Fourichon C., Seegers H. « Influence of herd structure and type of virus introduction on the spread of bovine viral diarrhoea virus (BVDV) within a dairy herd », Veterinary Research, 2008, 39:39.
  • → Joly A., Maurin L., H.Seegers H.,Beaudeau F., Fourichon C. « Principles of use and evaluation of a data base attesting that animals are not persistently infected with bovine viral diarrhoea virus », European Buiatrics Forum, 2009, Marseille.
  • → Lars F., Joly A. : « Le fichier “animaux garantis non IPI” – Appellation bovin non-IPI : principes et modalités de gestion d’un fichier », JNGTV 2012; p. 945-952.
  • → Trapes C. « Mise en place et description d’un fichier d’animaux garantis non IPI pour la maîtrise de l’infection par le virus de la diarrhée virale bovine (BVD) en région Bretagne : cahier des charges techniques, traitement des anomalies », thèse doctorat vétérinaire, 2005, Toulouse.
  • → Joly A., Vermesse R., Roger G., Le Falher T., Garrec M.H., Maurin L. « BVD : comment gérer les risques liés à l’introduction de cheptels », Le Nouveau Praticien, 2010,16;342-345.
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