Comment évaluer le prix d’un acte vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1527 du 15/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1527 du 15/02/2013

Entreprise

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Dans le contexte économique actuel, bien estimer le prix de ses prestations et identifier les divers coûts de son activité sont des précautions indispensables à prendre.

Savoir évaluer le prix d’un acte vétérinaire permet de maîtriser son coût et par conséquent de facturer correctement le client. Pour cela, il convient de définir une stratégie de prix de vente. Ce dernier peut aller du simple prix d’appel au tarif plus discriminatif d’un service à valeur ajoutée. Comment définir les termes de prix et de coût ?

Le prix est une notion subjective. Il implique le client et correspond à la compensation qu’un opérateur est disposé à remettre à un autre en contrepartie de la cession d’un service.

Quant à la notion de coût, il s’agit de la somme des charges de l’entreprise.

Agir par instinct ou « faire comme les autres » est, bien que pratiquée, une stratégie aléatoire lorsque l’on souhaite déterminer de manière rigoureuse son prix de vente. Deux méthodes de calcul méritent d’être déchiffrées : l’une par l’approche des coûts, l’autre en s’appuyant sur les attentes et les besoins des clients.

MÉTHODE DE CALCUL PAR L’APPROCHE DES COÛTS

Charges variables ou fixes. Les charges variables dépendent de l’activité de la structure vétérinaire. Plus les services seront vendus, plus le montant des charges variables augmentera. Elles apparaissent lorsqu’un chiffre d’affaires est généré. Les charges fixes sont indépendantes, donc totalement détachées de l’activité.

Les éléments essentiels à retenir sont :

Au seuil de rentabilité (SR), qui intègre l’ensemble des charges et permet d’évaluer la viabilité de l’activité, le résultat est nul :

Par exemple, l’activité de radiologie comprend des charges variables (les films, utilisés seulement si des radios sont effectuées) et des charges fixes (amortissement du matériel à payer, quel que soit le nombre de radios réalisées). Cependant, l’activité est complexe et les services proposés sont de technicité, et donc de coûts, hétérogènes.

Charges indirectes ou directes. Les charges indirectes sont relatives à plusieurs produits de l’entreprise. Elles nécessitent une répartition calculée, afin de les imputer aussi justement que possible dans le cadre d’une comptabilité analytique. Les charges directes sont imputables directement, et sans ambiguïté, au coût d’un projet ou d’un produit donné. L’activité de radiologie supporte des charges indirectes (l’énergie, le loyer de la clinique, etc.) et des charges directes (les films).

L’inconvénient de cette dichotomie entre les charges directes et indirectes est le risque de subventionnement croisé entre les services et de surpondération du prix des services en réalité peu coûteux. Et inversement. Ainsi, le prix du mètre carré d’une salle de radiologie n’a pas la même valeur que celui d’un parking.

Méthode fondée sur l’activité ABC (activity based costing). Cette méthode de calcul du coût de revient d’un produit ou d’un service consiste à identifier les activités ou les process requis par sa création. Elle prend également en compte leurs coûts respectifs. L’entreprise est découpée en centres de production. Des charges fixes et variables sont imputées à chacun d’entre eux, afin de différencier de façon transversale les activités de la clinique. Cela permet d’obtenir des coûts par activité. Le prérequis à cette procédure est de connaître les processus d’organisation des activités. Dans un exemple présenté au congrès de l’Afvac 20121, les lignes du formulaire de la déclaration 2035 des bénéfices non commerciaux (BNC) sont affectées aux activités de la clinique, en ventilant les charges directes et indirectes en fonction des grands processus transversaux, afin de déterminer “un coût d’unité d’œuvre”. Ce dernier est rapporté au temps de travail du vétérinaire, de l’auxiliaire et du nombre de services vendus pour déterminer le coût de revient hors taxes de la prestation. Cette méthode est disponible sous matrice Excel.

MÉTHODE DE CALCUL PAR L’APPROCHE CLIENT

Elle repose sur une compréhension opérationnelle des attentes et des besoins de la clientèle et sur une distinction entre les coûts valorisés et ceux non valorisés directement par le client. Cela intègre des opérations successives :

> une identification claire et rigoureuse des activités de l’entreprise (distincte des concurrents) en contrepartie desquelles le client est prêt à verser une contribution financière nouvelle ;

> une identification des coûts et des marges générés par ces activités, et des coûts liés aux activités non valorisées directement par le client ;

> un calcul du coût de revient des produits et des services offerts au client, induit par les activités réellement valorisées par ce dernier.

Pour cela, il convient de distribuer aux clients un formulaire qui décrit chaque service et pose deux questions : au-dessus de quel prix n’achèteriez-vous pas ce service ; au-dessous de quel prix n’achèteriez-vous pas ce service ?

L’analyse aboutit à la définition de deux points importants : la zone où le service satisfait le plus de clients et celle où la prestation permet d’obtenir la marge maximale. Reste au dirigeant vétérinaire à choisir sa stratégie tarifaire, en fonction du service et de la concurrence éventuelle.

  • 1 Conférence de Philippe Nicollet.

MÉMENTO DE COMPTABILITÉ

> Amortissement : dépréciation de la valeur de l’actif immobilisé de l’entreprise, due à divers facteurs (diminution de la valeur du matériel, évolution des besoins des clients, etc.)

> Besoin en fonds de roulement (BFR) : montant de trésorerie nécessaire au fonctionnement de la clinique ou du cabinet à un instant donné.

> Capacité d’autofinancement (CAF) : faculté de l’entreprise à se financer elle-même (investissements, emprunts, versement de dividendes aux actionnaires, etc.), avec un résultat bénéficiaire de son activité. CAF = résultat net + amortissements + provisions

> Capitaux propres : apportés par les actionnaires ou les associés, ils sont destinés à la gestion de l’exploitation de la société. Ils regroupent le capital social, les réserves légales et statutaires, les bénéfices antérieurs non distribués, le résultat de l’exercice.

> Chiffre d’affaires : dans une entreprise vétérinaire, c’est le montant (exprimé hors taxes) de l’ensemble des transactions réalisées par celle-ci avec des tiers, dans le cadre de son activité “normale et courante”.

> Compte de résultat : le résultat comptable s’obtient par la soustraction des montants des charges et des produits engagés au cours de l’exercice. Il indique la capacité de l’entreprise à créer de la richesse.

> Seuil de rentabilité (ou point mort) : il correspond au chiffre d’affaires à partir duquel une entreprise ne réalise ni une perte ni un bénéfice, et où son résultat est nul. Seuil de rentabilité = charges fixes/taux de marge sur coût variable.

> Charges fixes : ces charges de structure sont constantes, quelle que soit l’évolution de l’activité (assurances, loyer, etc.).

> Charges variables : ce sont des charges opérationnelles qui varient proportionnellement à l’évolution de l’activité (l’électricité, l’eau, etc.). Plus je produis, plus je consomme.

> Ebitda : (earning before interest tax depreciation and amortization) est le résultat opérationnel de l’entreprise (ou résultat d’exploitation) avant la dépréciation et l’amortissement. Il mesure les éléments financiers de l’entreprise.

> Flux de trésorerie : différence entre les encaissements (les recettes de l’entreprise) et les décaissements (les dépenses) générés par l’activité. Le flux de trésorerie disponible (ou liquidité) acquis dans l’année n’est affecté ni aux achats ni aux remboursements.

> Marge brute ou marge commerciale : c’est la différence entre le montant des ventes de marchandises et le coût d’achat de ces marchandises.

> Résultat d’exploitation (RE) : il est issu de l’activité courante de l’entreprise. RE = chiffre d’affaires – charges d’exploitation (personnel, impôts, etc.).

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