Pensez-vous qu’un audit de votre clinique serait utile ?

Payer ne suffit pas, s’impliquer est indispensable

Estelle Ducasse, cogérante de la clinique La Fontaine à Guémené-Penfao (Loire-Atlantique).

L’audit ? Cela dépend sous quelle forme. Je ne pense pas qu’une journée suffise à un consultant pour assimiler l’ensemble des spécificités de nos structures. Je préfère des missions longues et complètes. Mon mari et moi avons repris la clinique mixte de Guémené-Penfao en 2005 et nous avons créé une antenne canine à Plessé, à 10 km, il y a dix-huit mois. Forts d’une équipe de six vétérinaires, dont deux associés, nous cherchions quelles actions entreprendre pour augmenter notre chiffre d’affaires. Nous avons soumis cette question à une consultante spécialisée en marketing. Sa première mission, l’audit proprement dit, a duré six mois, mais elle est intervenue durant deux ans dans l’entreprise. Les habitudes de chacun ont été modifiées et l’espace réaménagé. Nous avons créé des campagnes de communication trimestrielles (l’automne de l’arthrose, le printemps de la stérilisation, etc.) diffusées via des flyers, des affiches, des écrans vidéo, etc. L’atout du consultant est son dynamisme. Imperturbable par l’environnement vétérinaire, il reste concentré sur l’objectif. Il convient aussi d’impliquer tous les acteurs de la clinique. Il ne suffit pas de payer l’audit. La mission est longue et onéreuse : l’équivalent d’un vétérinaire salarié expérimenté un jour et demi par semaine. Mais cette démarche nous a permis de retourner à la vraie vie de vétérinaire, sans pâtir de la morosité ambiante.

Il faudrait réaliser un audit tous les deux ans

Jean-Jacques Bynen, gérant de la clinique des Vignes à Beaune (Côte-d’Or).

Faire auditer sa clinique se révèle toujours intéressant. Cela apporte un avis extérieur sur le fonctionnement. J’y ai eu recours deux fois. En 2005 avec le concours d’un laboratoire. Puis cinq ans plus tard, avec l’aide d’un consultant indépendant. J’ai toujours pensé qu’il fallait gérer la clinique comme une entreprise, mais je n’en ai pas toujours eu les moyens. Aujourd’hui, la structure fonctionne sur trois sites dans un rayon de 10 km. Et je souhaitais déterminer les points d’amélioration, en termes de gestion du personnel, de management, etc. Or, réaliser cette mission seul prend beaucoup de temps, pour peser le pour et le contre, sans que rien n’avance vraiment. L’expertise dure en général une journée. Nous discutons, écoutons et analysons les chiffres. Ensuite, c’est au chef d’entreprise de décider. J’ai ainsi mis en place une évaluation du personnel, organisé des réunions, choisi la forme juridique adéquate pour faire évoluer la structure. Finalement, j’ai transformé la SCP en Selas. Après la première expérience, j’ai eu envie d’aller plus loin. Cela représente un coût financier de 2 000 à 3 000 €, mais c’est aussi un investissement en temps. La mise en application des correctifs doit donc être rapide pour être efficace. Il faudrait réaliser un audit tous les deux à trois ans. J’en prévois un cette année pour faire le point sur la stabilisation de nos trois sites.

Je ne veux pas de recettes toutes faites

Philippe Zeppa, praticien à la clinique Philippe Zeppa à Arnage (Sarthe).

J’y pense. Mais vers qui me tourner ? J’ai acheté la clinique en 2005. Deux vétérinaires et deux ASV y travaillent. Je me suis demandé comment améliorer la communication, la gestion financière et humaine. Le déclic est venu lors de la demande d’un collègue salarié désireux de s’associer. Cette situation génère un certain nombre de questions qui dépassent le cadre de la mission d’un comptable. Rares sont ceux qui disposent des compétences financières et fiscales pour exploiter, gérer et optimiser des biens immobiliers. Des investissements mal raisonnés avec du matériel de plus en plus onéreux et le manque de valorisation des actes sont les principales erreurs commises par la profession. Nos revenus dépendent de plus en plus de la vente de médicaments ou d’aliments. Dans ce contexte, un audit peut nous éclairer sur les stratégies à adopter. Les articles que j’ai pu lire sur le sujet demeurent souvent inadaptés à la taille de ma clinique. Pour en savoir plus, je me suis inscrit au club Resovet. J’ai besoin de conseils et d’un suivi personnalisé, et non d’une simple analyse, car sans mise en œuvre et sans contrôle, un audit ne sert à rien. Aussi, j’ai peu de temps à y consacrer, étant engagé à la fois dans la création d’un centre d’imagerie dans la région mancelle et dans la recherche de médecines alternatives, pour m’exonérer en partie du médicament. C’est la raison pour laquelle je préfère être conseillé par des experts qui connaissent bien la profession.