Retour simulé de l’influenza aviaire HP en zone Sud-Est - La Semaine Vétérinaire n° 1525 du 01/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1525 du 01/02/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : François Reymann*, Jean-Paul Demoncheaux**

Fonctions :
*inspecteur général de la santé publique vétérinaire, Draaf de la zone Lyon
**vétérinaire en chef, service de santé des armées

Un exercice interministériel civilomilitaire sur la thématique de l’épizootie s’est déroulé le 13 novembre dernier dans les régions Auvergne et Rhône-Alpes. Il s’inscrit dans le cadre de la programmation triennale des exercices zonaux par la préfecture de la zone de défense et de sécurité Sud-Est à Lyon. Son objectif principal était de tester un dispositif d’organisation de la réponse de sécurité civile (Orsec) opérationnel de renfort vétérinaire (élaboré en zone Sud-Est en 2009) : l’ordre zonal d’opérations en santé publique vétérinaire (OZO SPV).

LE DISPOSITIF OPÉRATIONNEL

Organisation

Cette instruction est actuellement unique au plan national. Son originalité est d’associer au sein d’équipes de renfort (autonomes techniquement) des compétences vétérinaires élargies issues des services de l’État, des collectivités territoriales et du secteur associatif. Ainsi, l’OZO SPV prévoit que des groupes d’intervention vétérinaire (GIV) soient constitués avec des agents en poste dans les DD(CS)PP et Draaf (inspecteurs de la santé publique vétérinaire, ingénieurs et techniciens supérieurs), des personnels du service de santé des armées (vétérinaires militaires et techniciens), des agents des SDIS (vétérinaires sapeurs-pompiers et équipiers animaliers), des GDS (vétérinaires et techniciens), et également des élèves et étudiants des établissements d’enseignement supérieur agricole et vétérinaire (ENSV et VetAgro Sup). Dans le cadre de leur mandat sanitaire, les vétérinaires praticiens participent évidemment au dispositif de lutte contre les maladies animales et sont directement sollicités par les DD(CS)PP. Chacun des douze départements de la zone de défense et de sécurité Sud-Est, de même que la Direction régionale du service de santé des armées (DRSSA) de Lyon, doit donc anticiper la composition d’au moins un GIV léger (GIV 1). Composé de quatre personnes, avec au minimum un vétérinaire fonctionnaire de l’État, il doit pouvoir être constitué et prêt à partir sur le terrain dans des délais brefs. Des GIV aux moyens plus conséquents (GIV 2) sont également constitués par base de quatre départements et par la DRSSA de Lyon (voir tableau 1).

Afin d’informer le plus largement les membres des GIV, une session de formation a réuni à Lyon, en juin 2012, une soixantaine de participants des douze départements, tous horizons professionnels confondus. Un exercice cadre a facilité l’acculturation en mettant les agents dans une situation d’intervention simulée dans un autre département et a permis d’apporter quelques modifications à l’OZO.

Modalités de mobilisation et missions

Les GIV constituent des renforts à la demande du préfet d’un département, directeur des opérations de secours, lorsque les capacités qualitatives ou quantitatives de ces dernières viennent à être dépassées lors d’une situation d’urgence majeure. La gestion de leur mobilisation est effectuée, tel que le prévoit le Code de la défense, par le niveau zonal, niveau opérationnel de gestion des crises, intermédiaire entre les niveaux départemental et national.

Le centre opérationnel de zone (COZ), activé 24 heures/24 (H24) reçoit ainsi la demande de renfort de la part du préfet de département. Il recherche la disponibilité et la proximité d’un GIV dans les autres départements de la zone de défense Sud-Est et notifie l’ordre d’engagement au préfet fournisseur concerné. Une fois le GIV constitué, sa composition et ses coordonnées sont transmises au COZ pour le suivi et la traçabilité de la mission.

Le service d’accueil doit confier au GIV des missions en autonomie technique. Cela afin d’obtenir, par exemple pour un GIV 1, la gestion d’une suspicion avec mise en place des mesures de biosécurité, la réalisation de l’enquête épidémiologique et des prélèvements. Les GIV 2 sont, quant à eux, déployés sur des situations plus complexes (vaccination de masse, chantier d’abattage, etc.).

Pendant la durée de leur mission, les agents du GIV sont placés sous l’autorité du directeur des opérations de secours (généralement du DD(CS)PP, par délégation du préfet) duquel ils reçoivent les instructions et à qui ils rendent compte. Ils doivent être considérés transitoirement comme des agents de la DD(CS)PP à part entière, avec les mêmes droits et devoirs.

L’EXERCICE ZONAL

Préparé et animé par une équipe pilotée par L’État-major interministériel de zone (Emiz), l’exercice du 13 novembre 2012 a concerné cinq départements (Ain, Allier, Isère, Loire et Rhône), sur la thématique « influenza aviaire hautement pathogène » (IAHP).

Les objectifs de cet exercice visaient à tester l’organisation de la réponse interservices face à une urgence en santé animale à travers le fonctionnement des GIV, la coordination au niveau départemental, régional et zonal, ainsi que la gestion de la communication de crise. Une mise en situation préalable positionnait cet exercice dans un contexte d’épizootie déjà installée au plan national de façon à justifier, au-delà des inévitables biais d’exercice (compression de temps notamment), la mise en application du dispositif de renfort zonal GIV. Le scénario prévoyait, de façon synthétique, la coexistence de :

> trois foyers d’IAHP avérés dont un limitrophe entre deux départements (Loire et Allier), un limitrophe entre trois départements (Rhône, Ain et Isère) et un foyer isolé en Isère ;

> deux foyers suspectés dans l’Ain et l’Allier.

Tous les départements ont donc été impactés par une phase cadre, avec activation du Centre opérationnel départemental (COD) par le préfet. Deux phases terrain ont également été jouées (voir figure) :

> un GIV 1 a été constitué dans la Loire et projeté sur le foyer suspecté de l’Allier ;

> un GIV 1 a été constitué dans le Rhône et projeté sur le foyer suspecté de l’Ain.

Mobilisation et participants

L’exercice du 13 novembre 2012 s’est déroulé de 8 h à 16 h. Il avait été précédé la veille d’une phase de mise en situation, notamment pour les départements qui participaient à une phase terrain. Durant cet exercice :

> le COZ, activé H24, est passé en niveau renforcé 4 (sur 5) ;

> 5 COD ont été activés en préfecture ;

> 5 cellules départementales d’appui ont été montées en DD(CS)PP ;

> 2 GIV ont été déployés sur le terrain (9 personnes) ;

> 13 personnels civils et 4 militaires ont composé la cellule d’animation de l’exercice, au siège de l’Emiz ;

> 10 observateurs/évaluateurs, issus des départements non joueurs, ont été déployés sur le terrain, en DD(CS)PP et en COD.

Les participants furent :

> les services de l’État : cabinet du préfet, services de protection civile, Emiz, DDI, Draaf, DRSSA et DMD, gendarmerie nationale ;

> les agences régionales de santé et leurs délégations territoriales ;

> les conseils généraux et les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) ;

> les GDS.

LES ENSEIGNEMENTS TIRÉS DE L’EXERCICE

Créer des situations afin de gérer simultanément des phases de suspicion et de foyers avérés, dans un contexte de dépassement de capacité, a engendré un scénario forcément complexe dans lequel les habituels biais des exercices ont été exacerbés. Néanmoins, pour une première expérimentation de ce type, le niveau de mobilisation et les premiers constats des participants sont des éléments positifs qui confortent l’intérêt et le principe de formaliser l’organisation de renforts par le niveau zonal.

À ce jour, le retour d’expérience exhaustif inhérent à tout exercice n’est pas encore finalisé. Cependant, à travers les débriefings réalisés dans la continuité directe de l’opération, certains points peuvent déjà être relevés, comme le manque de coordination entre le COZ, les COD, les cellules départementales et les GIV.

De plus, subsistent à ce stade de mise en œuvre, dans des conditions fictives, des interrogations et des demandes de précisions. Elles seront étudiées avec les retours d’expérience complets et aboutiront à des plans d’action ayant pour but :

> d’améliorer la coordination entre les niveaux opérationnels, de mettre à jour l’OZO SPV et d’affiner les procédures internes à chaque département ;

> d’identifier les possibilités de mutualisation aux autres zones de défense ;

> de proposer des éléments à inclure dans les futurs plans nationaux.

En conclusion, la pertinence de l’organisation d’exercices de terrain interministériels “clés en main” pour les services est confirmée, car elle seule permet d’améliorer l’acculturation des services qui travailleront ensemble en cas de crise. De telles simulations apparaissent d’autant plus indispensables qu’elles ont pour objet de tester la projection de renforts multidisciplinaires, dans des conditions de stress professionnel exacerbées par rapport à celui qu’ils vivraient dans leur environnement de travail habituel.

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