Coccidiose bovine : l’immunisation acquise préférable au traitement précoce - La Semaine Vétérinaire n° 1524 du 25/01/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1524 du 25/01/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Jean-Pierre Alzieu*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*directeur du LVD de l’Ariège, commission “parasitologie” de la SNGTV. Article tiré d’une conférence présentée aux journées de la SNGTV à Nantes, en mai 2012.

Un traitement anticoccidien trop précoce réduirait l’immuni-sation naturelle des jeunes bovins. C’est l’un des résultats mis en évidence par une enquête multicentrique menée en France sur la coccidiose bovine, en 2010 et 2011, et présentée par notre confrère Jean-Pierre Alzieu aux journées 2012 des Groupements techniques vétérinaires à Nantes.

Cette enquête a comporté un suivi coprologique individuel de 10 élevages de veaux laitiers en Bretagne, et un suivi coprologique de mélange sur 53 groupes de cinq veaux, laitiers dans l’est de la France et allaitants dans le centre.

Le rôle majeur de l’immunité acquise est souligné

Les résultats montrent une prévalence de troupeau de 83 % et une forte prédominance des trois espèces pathogènes en coproscopie de mélange : E. bovis (88 %), E. zuernii (75 %) et E. alabamensis (75 %). De plus, les associations entre ces deux ou trois espèces sont fréquentes. Au total, de quatre à cinq espèces différentes (jusqu’à neuf), pathogènes ou non, sont retrouvées chez un même animal.

À ce propos, aucune relation n’est prouvée entre l’intensité d’excrétion oocystale et l’expression clinique ou subclinique1. Pour Jean-Pierre Alzieu, « une étude épidémiologique et une diagnose des espèces d’Eimeria au microscope, grâce aux oocystes non sporulés, sont prioritaires et doivent prévaloir sur la numération quantitative ».

Le pic d’excrétion oocystale apparaît en moyenne entre cinq et six semaines de vie (35 à 50 jours d’âge), l’excrétion significative débutant environ une semaine auparavant. Deux pics voisins se confondent et correspondent à l’excrétion d’E. bovis vers 30 à 32 jours, suivie de celle d’E. zuernii jusqu’à 39 jours, ce qui est conforme aux modèles déjà décrits. Aucune coccidiose clinique ni excrétion oocystale significative n’est observée les semaines suivantes.

Ainsi, en l’absence de traitement, un profil d’immunité se met en place et Jean-Pierre Alzieu souligne le rôle majeur de l’immunité acquise, qui permet un équilibre entre l’hôte et le parasite et assure une bien meilleure réponse aux infections ultérieures. Un traitement anticoccidien précoce ne laisserait en effet pas suffisamment de temps à la muqueuse digestive pour entrer en contact avec les schizontes de 2e génération et les gamontes, les stades réputés les plus immunogènes.

Selon notre confrère, il n’existe pas de recette type pour un contrôle efficace de la coccidiose. Toutefois, « il est nécessaire d’éviter les traitements trop précoces afin d’essayer de développer l’immunisation en laissant un contact avec les parasites durant les premières semaines de vie. » L’idéal serait de traiter une semaine environ avant l’âge où surviennent habituellement les cas cliniques en l’absence de prévention. Il est important que le traitement soit métaphylactique, qu’il s’applique impérativement à tout le lot.

Contrôler Strongyloides vers deux à trois semaines d’âge est conseillé

« Si la coccidiose est la dominante pathologique du parasitisme d’intérieur des jeunes bovins, le parasitisme associé est gravement sous-évalué », rappelle notre confrère. L’enquête confirme ainsi la prévalence significative de Strongyloides papillosus (25 %), principalement en élevage allaitant. Le pic d’excrétion d’œufs de Strongyloides survient entre quatre et sept semaines en élevage laitier, mais plus tôt, entre deux et quatre semaines, en élevage allaitant. Dans ce dernier cas, les litières accumulées semblent jouer un rôle dans la précocité de la mise en évidence du nématode (pénétration percutanée).

Cette nématodose constitue un facteur de risque qui favorise la coccidiose, en polarisant la réponse immunitaire du veau vers la voie Th2 au détriment de la voie Th1, nécessaire au contrôle des infections par les protozoaires. L’expression clinique de la coccidiose est réduite chez les veaux traités contre cette nématodose2, c’est pourquoi notre confrère conseille vivement un contrôle précoce de la strongyloïdose vers deux à trois semaines pour la traiter. Les kits de flottation de faible densité (inférieure à 1,3), comme la méthode au sel à 33 %, sont indispensables pour optimiser la mise en évidence du parasite, car une densité supérieure provoque l’éclatement des œufs, à l’origine de nombreux faux négatifs.

La toxocarose à Toxocara vitulorum serait également associée à la coccidiose, mais ce parasite n’a pas été retrouvé dans cette étude3.

Ainsi, « un seul traitement stratégique contre les nématodes vers l’âge de trois semaines pourrait suffire, tout en laissant l’immunité contre la coccidiose se développer » (voir figure). Dans tous les cas, « le moment du traitement doit être déterminé avec l’éleveur, et adapté à chaque cheptel ».

  • 1 Alzieu J.-P., Chartier C. La coccidiose bovine : actualités épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques. Bulletin des GTV, 2007, hors série parasitisme des bovins, pp. 89-95.

  • 2 Alzieu J.-P., Mage C. Strongyloïdose et coccidiose : dangers et risques. Point vet. 2004 ; numéro spécial Actualités et pathologie digestive des bovins, pp. 72-77.

  • 3 Alzieu J.-P., Dorchies P, Legoupil V. et coll. Le parasitisme d’intérieur chez les bovins : actualités sur l’épidémiologie et les méthodes de diagnostic. Proceedings JNGTV 2011, pp. 503-514.

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