Un outil pour améliorer le diagnostic des avortements chez les bovins - La Semaine Vétérinaire n° 1523 du 18/01/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1523 du 18/01/2013

Journée technique

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Lorenza Richard

Une démarche standardisée de diagnostic différentiel des avortements est proposée aux vétérinaires et aux éleveurs.

Le protocole national de diagnostic différentiel des avortements chez les bovins a fait l’objet d’une journée technique, organisée par la Fédération nationale des groupements de défense sanitaire (GDS France) et la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) avec la Direction générale de l’alimentation (DGAL), le 11 janvier dernier à Paris.

Élaboré par un groupe de travail1 de fin 2010 jusqu’à fin 2011, ce protocole est présenté comme un outil au service de l’éleveur et du vétérinaire lors de séries d’avortements chez les bovins3. « Les stratégies de diagnostic proposées étant fortement variables d’un département à l’autre, une démarche standardisée et cohérente devait être mise en place. L’objectif est d’élaborer et de diffuser des bases techniques pour le diagnostic différentiel en prenant en compte des éléments pratiques et économiques, afin d’améliorer la proportion de diagnostics établis », explique Anne Touratier, de GDS France.

Une approche nationale standardisée nécessaire

La démarche vise les élevages touchés par des séries d’avortements en raison des pertes économiques et d’un risque zoonotique plus importants, mais aussi parce que le diagnostic d’un avortement isolé est complexe. Un “pack” d’affections est ciblé en première intention : la fièvre Q, la néosporose, la maladie des muqueuses et, localement, la salmonellose et la listériose. Des recommandations sont également émises pour les maladies recherchées en seconde intention, selon chaque élevage. Les prélèvements à réaliser, les analyses à demander, une grille d’interprétation des résultats (gradation de l’imputabilité) et les principaux moyens de prévention et de lutte sont fournis. Une boîte standard à la norme UN 3373, contenant le matériel nécessaire à tout prélèvement en vue d’analyses de première et seconde intentions, avec des fiches de commémoratifs, facilite la récolte des échantillons. Le coût par élevage du “pack national de première intention” varie de 220 à 310 € selon les analyses effectuées. « Mais le rapport efficacité/coût de cette démarche est supérieur dans les faits aux autres diagnostics différentiels dont les résultats ne sont pas interprétables », assure notre consœur.

Un quart des éleveurs déclarent les avortements

Ce protocole a également pour objectif d’inciter les éleveurs et les praticiens à déclarer les avortements. En effet, des études menées par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) révèlent que le dispositif de déclaration obligatoire est peu sensible et peu représentatif, car seulement un quart des éleveurs qui détectent un avortement dans leur troupeau le déclarent. « Ce décalage entre la réglementation et la pratique provient, en partie, d’une mauvaise compréhension de la définition de l’avortement, mais aussi d’un écart entre les attentes de l’administration et l’adhésion des éleveurs au dispositif », précise Anne Bronner de l’Anses. Certains ne comprennent pas l’intérêt de cette démarche, ou craignent les répercussions économiques à cause du coût des analyses et des conséquences d’un résultat positif sur la vente des animaux. Les éleveurs et les vétérinaires mentionnent les difficultés de l’établissement du diagnostic différentiel et les contraintes pratiques pour le réaliser. La démarche standardisée, en favorisant l’établissement du diagnostic, devrait ainsi améliorer la déclaration des avortements : « La déclaration obligatoire est la porte d’entrée d’un diagnostic différentiel, et inversement ? », appuie Anne Touratier.

Le praticien a un rôle clé d’information

Si l’éleveur est à l’origine de l’action et le premier concerné, le vétérinaire doit s’impliquer dans la démarche. Christophe Brard, président de la SNGTV, insiste sur ce point : « Il est nécessaire de refaire passer le message sur l’importance de déclarer les avortements, et nous devons tous ensemble relancer cette dynamique. Le vétérinaire, à la fois traitant et sanitaire, intervient aux niveaux individuel et collectif. Il ne doit pas hésiter à enclencher une démarche de diagnostic différentiel. Rappelons que le déplacement et l’intervention du praticien sont pris en charge par l’État, et qu’une aide aux frais d’analyses peut être apportée par les GDS au niveau départemental. »

Ce protocole pourrait enfin permettre d’évaluer l’impact des différents agents pathogènes et, peut-être, de détecter plus rapidement les maladies émergentes.

  • 1 Ce groupe de travail est composé de professionnels des GDS, des GTV, de laboratoires vétérinaires d’analyse, de la DGAL, de l’Anses, de l’unité mixte technologique “santé des bovins” de Nantes et de l’Institut de l’élevage.

  • 2 La production du groupe de travail “bovins” était l’objet de cette journée, mais un point sur les travaux du second groupe de travail “petits ruminants” a également été présenté.

  • Voir la Semaine vétérinaire n° 1521 du 21/12/2012 en pages 40 et 41.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr