Les confrères proactifs face à la menace sur la prescription-délivrance

« Nous sommes des praticiens responsables, nous ne sommes pas responsables de l’antibiorésistance. À nous d’être proactifs », estime une consœur. Comme elle, plus d’un tiers des vétérinaires internautes qui ont répondu à notre sondage sur le site WK-Vet.fr pensent que le meilleur bouclier, contre la menace qui plane sur la prescription-délivrance, sera l’énergie déployée par la profession pour la repousser. En effet, ses atouts sont multiples, de la gestion raisonnée de l’usage des antibiotiques à celle plus large des médicaments en passant par la pharmacovigilance, etc.

17,53 % des sondés la voient toute proche et inquiétante. Toutefois, le débat, ouvert largement par le nouvel occupant de la rue de Varennes, Stéphane Le Foll, s’inscrit dans une certaine continuité avec celui de son prédécesseur. Dans le cadre de l’antibio-résistance, Bruno Le Maire avait déjà ouvert la réflexion sur les pratiques commerciales qui lient les vétérinaires aux laboratoires.

Pour un autre tiers de confrères, la menace viendra de l’Europe, mais des années s’écouleront d’ici là. L’écho du Parlement européen, en décembre dernier, qui recommande la séparation du droit de prescrire de celui de vendre des antimicrobiens, renforce les craintes. Mais les délais sont longs avant que les décisions soient actées au niveau de l’Europe, si elles aboutissent… « Pas le Danemark, mais la France dans l’Europe, une volonté, un projet, un objectif. Si nous sommes d’accord sur l’objectif, c’est ensemble que nous y arriverons. C’est ensemble que nous nous embarquerons dans un beau projet », a déclaré le ministre de l’Agriculture. « La seule chose que nous lui demandons est qu’il fasse respecter la loi et que les vétérinaires ruraux, qui sont auprès des vaches, soient les seuls à prescrire. Pourquoi ne pas instaurer un contrat vetérinaire-éleveur, sous l’égide d’un ministre de l’Agriculture écologiste, comme en Belgique ? », réagissait un intervenant aux propos de Stéphane Le Foll lors du congrès Afvac-RNV en décembre dernier. « Cela s’appelle nous mener en bateau… pour mieux nous noyer plus tard », s’indignait un autre confrère.

Ce découplage pourrait être de bon augure estiment 8,44 % des vétérinaires sondés. L’un d’eux motive son opinion : « C’est une bonne chose, les médecins vivent ainsi. » 7,14 % des confrères ne savent qu’en penser. C’est une sage décision, car actuellement le débat est plus ouvert qu’abouti. 4,55 % considèrent même qu’il faut cesser de se faire peur avec de telles affabulations.