« Notre implication peut aider à limiter les achats illégaux » - La Semaine Vétérinaire n° 1521 du 21/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1521 du 21/12/2012

Christophe Bulliot

Dossier

ENTRETIEN

Auteur(s) : Hélène Rose

Rencontrez-vous beaucoup d’animaux d’espèces illégales dans votre clientèle ?

J’en vois régulièrement en consultation, surtout des tortues. En effet, les tortues grecques (Testudo graeca) sont présentes en grand nombre sur les marchés des pays du Maghreb. Beaucoup de vacanciers en achètent et les ramènent avec eux, sans savoir que leur importation en Europe est illégale1. Elles sont souvent en mauvaise santé lors de l’achat, et ces propriétaires ne connaissent pas leurs besoins. Des tortues grecques nées en élevage sont pourtant disponibles en animalerie, avec une facture attestant de leur origine légale.

Je reçois aussi des tortues d’Hermann (Testudo hermanni), alors que cette espèce du sud de la France, menacée dans son environnement naturel, est protégée par la législation française2.

Beaucoup de clients m’apportent aussi des hérissons, sans être conscients que le maintien en captivité de ces animaux de la faune sauvage autochtone est illégal.

Certains propriétaires contournent-ils sciemment la loi ?

De nombreuses espèces de reptiles sont interdites à la vente en animalerie en France, mais peuvent être achetées légalement en Belgique ou en Allemagne. Les propriétaires qui font le déplacement sont le plus souvent des terrariophiles avertis. Ils connaissent les besoins de leurs animaux. Mais ils dépassent assez rapidement les quotas de détention autorisés dans l’Hexagone pour les particuliers. Considérés comme des éleveurs, ils devraient posséder un certificat de capacité. Mais il leur faudrait alors justifier de la provenance de leurs animaux : ils préfèrent en général rester dans l’illégalité. J’ai déjà vu quelques cas de confiscation, mais cela reste peu fréquent.

Certains achats se font également de manière illégale. Il suffit de parcourir les magazines de petites annonces, ou de naviguer sur Internet, pour trouver des oiseaux, des reptiles ou des singes, pourtant interdits à la vente et à la détention par des particuliers.

Les praticiens ont-ils un rôle à jouer au quotidien ?

Notre rôle est de soigner les animaux qui en ont besoin, mais aussi d’informer sur la législation, souvent peu connue des particuliers. Nous n’avons pas à contrôler les papiers des animaux, mais notre implication peut aider à limiter les achats illégaux. De plus, les propriétaires doivent être conscients des risques zoonotiques (portage de salmonelles chez les reptiles, par exemple) ou de la dangerosité de certaines espèces3.

Avec Jean-Marie Péricard, président du Groupe d’étude des nouveaux animaux de compagnie (Genac), nous proposons d’ailleurs à nos confrères une nouvelle formation sur la législation en vigueur, ainsi que sur les techniques d’implantation des puces d’identification électronique (dans le cadre d’un partenariat Afvac-Genac-SAPV). Ce marquage est une obligation légale pour certaines espèces, mais aussi une mesure de sécurité, en particulier pour les propriétaires de spécimens à forte valeur marchande. Un nouveau fichier, baptisé VétoNAC, permet leur enregistrement et assure une véritable traçabilité.

Des listes positives d’espèces autorisées, comme pour les mammifères en Belgique, vous semblent-elles utiles ?

Interdire une espèce – ce qui revient à la placer sur une liste négative – peut simplement décaler le problème. C’est le cas pour les tortues de Floride à tempes rouges (Trachemys scripta elegans). Interdites à la vente en Europe à la suite de leur prolifération dans les cours d’eau, elles ont été remplacées dans les animaleries par des tortues de Floride à tempes jaunes (Trachemys scripta scripta)… La France a pris des mesures plus draconiennes, en interdisant toutes les tortues de type “Floride”, soit une vingtaine d’espèces.

Des listes positives pourraient être mises en œuvre plus simplement, à condition d’être évolutives (comme celles des espèces protégées par la Cites) et élaborées avec soin.

  • 1 Espèce en annexe A de la réglementation européenne sur le commerce des espèces sauvages animales et végétales.

  • 2 Aussi présente en annexe II de la Cites, et en annexe A européenne.

  • 3 La liste des espèces considérées comme dangereuses en France figure à l’annexe 3 de l’arrêté du 10/8/2004, publié au JO n° 228 du 30/9/2004.

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