Outre-Rhin, la profession s’étoffe - La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012

Dossier

Auteur(s) : CLARISSE BURGER*, SOPHIE VIGNERON**, RODOLPHE BRUGÈDES***

En Allemagne, l’activité canine et les structures mixtes dominent. D’abord en perte de vitesse, la pratique rurale devrait se développer à nouveau, car les postes deviennent attractifs financièrement et la demande plus pressante. À l’inverse de la France, les fonctionnaires sont deux fois plus nombreux outre-Rhin, une situation due à une forte décentralisation des instances gouvernementales. Plus d’un millier d’étudiants sont inscrits en première année dans les cinq universités allemandes qui dispensent l’enseignement des sciences vétérinaires.

Ils sont 37 265 à travailler ou à évoluer dans le secteur de la médecine vétérinaire en Allemagne, dont 2,3 % d’étrangers. La majorité d’entre eux sont en activité, soit 20 746 vétérinaires et 5 980 assistants. Répartis dans les seize Länder du pays, ils sont praticiens en cabinet ou en clinique, fonctionnaires dans les services publics de santé ou de protection animale, en poste dans les instituts nationaux de recherche, dans l’industrie privée, l’agriculture ou dans l’administration européenne. Selon les dernières statistiques de la chambre fédérale des vétérinaires, la Bundestierärztekammer (ou BTK), la profession s’étoffe légèrement, avec une hausse de près de 2 % entre les années 2010 et 2011.

Quant aux vétérinaires référencés dans les non-actifs (plus de 10500), ils représentent les doctorants et les hospitaliers non rémunérés, les vétérinaires en congé parental, sans emploi et retraités, mais aussi ceux qui exercent un autre métier.

LES ACTIVITÉS CANINE ET MIXTE DOMINENT

Toujours selon la BTK, 11 832 praticiens actifs exercent aujourd’hui outre-Rhin.

L’activité “animaux de compagnie” domine (48,6 % des praticiens), suivie par l’exercice en structure mixte (canine et animaux de rente, 40,8 %). Quant à la rurale pure (10,6 %), elle fait figure de parent pauvre.

En France, 18 830 vétérinaires sont en activité dont 14 043 praticiens, selon l’Annuaire Roy. La majorité d’entre eux (74,3 %) travaillent en canine et/ou mixte canine.

Les pratiques sont assez proches dans les deux pays et il manque, en Allemagne comme en France, des vétérinaires ruraux. Mais ces postes deviennent plus attractifs outre-Rhin, participant au développement de l’activité, voire de la vocation pour les animaux de rente. Jusqu’ici, beaucoup d’étudiants allemands ne s’intéresseraient pas à la médecine rurale, ayant une image d’un travail éprouvant, avec des horaires difficiles, de longs trajets quotidiens et des tâches administratives chronophages, selon l’association Vets4vieh.

Les praticiens sont majoritaires en Bavière et au Bade-Wurtemberg (au sud de l’Allemagne), en Basse-Saxe et en Rhénanie du Nord-Wesphalie (au nord), dans les plus grands bassins d’agriculture et d’élevage. Là où se concentrent surtout les élevages laitiers et porcins, ainsi que l’aviculture. L’Allemagne occupe aujourd’hui la première place de la production laitière en Europe, dépassant la France depuis quelques années. Les exploitations agricoles allemandes ont su rester dynamiques, en optimisant leurs investissements dans le Nord, et en se maintenant dans le Sud, selon l’Institut de l’élevage. Grâce aux politiques spécifiques ou régionalisées des Länder (notamment aux soutiens publics en termes de fiscalité et de succession), elles ont pu rebondir et diversifier leurs modèles de production.

L’EXERCICE LIBÉRAL EN PREMIÈRE POSITION

En ce qui concerne les structures vétérinaires, la BTK recense, à fin 2011, un total de 10 512 cabinets et de 287 cliniques. Ils sont surtout concentrés en Bavière (1 979 structures) et en Basse-Saxe (1 470) où le cheptel allemand est prédominant. À l’inverse, la Sarre et l’État de Brème, dont les superficies sont nettement plus petites, en comptent beaucoup moins (respectivement, 41 et 112).

En Bavière par exemple, qui représente l’un des trois principaux bassins de production laitière du pays, 7 170 vétérinaires sont membres de la chambre fédérale (l’équivalent de l’Ordre en France) et 2 213 praticiens sont en activité. La plupart d’entre eux exercent à titre individuel en libéral, les autres se sont associés ou regroupés. Un cinquième des vétérinaires bavarois sont fonctionnaires. Ils assument des missions de contrôle des maladies animales, des zoonoses et d’inspection des viandes. Près de 10 % travaillent dans la recherche et l’enseignement.

Quant à la pyramide des âges, les trentenaires et les quadragénaires sont majoritaires dans l’ensemble des Länder. La tranche d’âge des 40 à 49 ans regroupe le plus de vétérinaires actifs, tous types confondus (soit 9 691 docteurs, dont 76,7 % de femmes). Elle est suivie de près par la génération des 30 à 39 ans, qui rassemble 8 112 praticiens, avec une plus forte proportion de femmes (81,4 %). Enfin, moins nombreux, les cinquantenaires (50 à 59 ans) comptent davantage d’hommes, ce qui est aussi le cas des générations antérieures.

Le métier est aujourd’hui clairement investi en Allemagne par les femmes, comme dans l’Hexagone.

DEUX FOIS PLUS DE FONCTIONNAIRES QU’EN FRANCE

Les vétérinaires allemands fonctionnaires (plus de 4 200) sont beaucoup plus nombreux qu’en France (à peine 2 000), selon le dernier rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER, janvier 2012). De son côté, la BTK en recense plus de 5 900, tous postes et fonctions confondus dans le secteur public, incluant vraisemblablement les contrats de travail de droit privé et de droit public.

Ils travaillent dans les divers services publics du pays (secteur agricole, services de santé et de protection animale, sécurité sanitaire, armée, etc.). Cette situation est due à une forte décentralisation des institutions allemandes, aux niveaux fédéral, régional (Land) et local (Kreis). Selon le Land, il peut y avoir plusieurs types de décentralisation, avec un nombre variable de ministères. Et à chaque niveau sont intégrées les autorités vétérinaires spécialisées (fédérales, régionales, locales). Par exemple, le Bade-Wurtemberg compte une dizaine de ministères. Toutefois, cette organisation décentralisée et complexe n’est pas du goût de tout le monde. Certains vétérinaires fonctionnaires ont également des missions de conseil auprès des éleveurs. Ils se trouvent alors en concurrence avec les praticiens libéraux et suscitent parfois des conflits ordinaux, toujours selon le rapport du CGAAER.

UN NOMBRE D’ÉTUDIANTS EN HAUSSE

Du côté de l’enseignement vétérinaire, 6 206 étudiants étaient inscrits pour l’année scolaire 2011-2012 (dont 291 étrangers). Plus d’un millier (1 102) ont suivi la première année d’études (avec 84,66 % de filles). Presque deux fois et demie plus qu’en France ! Dix ans auparavant, l’Allemagne en comptait une centaine de moins. Et le taux de filles (87,9 %) était plus élevé. L’an dernier, 940 jeunes allemands ont été diplômés d’État (dont 89 % de femmes) par les cinq universités allemandes qui dispensent l’enseignement vétérinaire. Celles-ci sont basées à Berlin, Giessen, Hanovre, Munich et Leipzig. En dix ans, la profession a bénéficié d’une hausse de 5,32 % de diplômés. Un enseignement qui attire aussi les étudiants étrangers, notamment dans le cadre du programme Erasmus (voir article ci-dessous).

Enfin, en termes de rémunération, la BTK publie des recommandations salariales, puisque l’Allemagne ne dispose pas de revenu minimum, comme en France. En novembre 2010, la chambre fédérale annonçait que « le nouveau diplômé doit être payé au minimum 2 600 € bruts pour 40 heures de travail par semaine. Après une période d’essai de six mois, le revenu augmente et passe à 3 038 €. »

DES CAISSES SOLIDAIRES EN CAS D’ÉPIDÉMIES ANIMALES

Les caisses solidaires fédérales concernent les propriétaires d’animaux de rente. Elles dédommagent les pertes animales des éleveurs en cas d’épidémie. Elles peuvent aussi apporter une aide face aux frais de lutte et de prévention des épidémies. Ce n’est, en aucun cas, une assurance contre les incendies ou les accidents. La contribution à la caisse solidaire du Land est obligatoire et renouvelée tous les ans. Par exemple, en 2012, en Rhénanie du Nord-Westphalie, lorsque le propriétaire a plus de six bovins, il débourse 2 € par animal. Pour un cheptel d’un à cinq bovins, la contribution s’élève à 10 €. Son montant annuel est fixé via le calcul du coût total pour l’espèce considérée : indemnités lors d’épidémies, coût de la lutte, de la prévention, etc.

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