Les intoxications qui entraînent des troubles de la coagulation - La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Christophe Hugnet*, Aurélie Levieuge**

Fonctions :
*DESV médecine interne des animaux de compagnie, praticien à La Bégude-de-Mazenc (Drôme). Article rédigé d’après une conférence présentée au congrès de l’Afvac 2011.

POINTS FORTS

– La majorité des coagulopathies induites sont liées à l’ingestion de rodenticides chez le chien.

– Beaucoup de médicaments peuvent entraîner une altération fonctionnelle des thrombocytes.

Les coagulopathies induites chez les carnivores domestiques sont quasi exclusivement la conséquence de l’ingestion de rodenticides antivitaminiques K. Ils sont une cause importante de trouble de la coagulation chez ces animaux.

CRITÈRES DE SUSPICION

Plusieurs signes cliniques sont observés :

> Des saignements extériorisés : une hémorragie y compris chirurgicale, des hématomes, des pétéchies, une épistaxis, une hémoptysie, une hématurie, une métrorragie, un méléna ou une hémorragie buccale.

> Des signes secondaires potentiellement associés à un saignement : une toux et une dyspnée qui sont souvent les premiers symptômes d’intoxication aux antivitamines K (AVK), une boiterie, un trouble neurologique consécutif à une hémorragie du système nerveux central ou périphérique.

TROUBLES DE L’HÉMOSTASE PRIMAIRE

Beaucoup de médicaments risquent d’altérer la coagulation en modifiant la fonctionnalité ou la durée de vie des thrombocytes. Les thrombopénies iatrogènes sont soit centrales ou périphériques, soit à médiation immune (c’est le cas des sulfamides et de certains sels d’or) ou dues à une cytotoxicité (comme la vinblastine, la doxorubicine, le cyclophosphamide). Certains médicaments peuvent entraîner un trouble fonctionnel des thrombocytes (l’aspirine, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, y compris les anti-cox2). Il convient d’être particulièrement vigilant chez les animaux qui présentent un déficit en facteur de Von Willebrand (notamment le dobermann et le scottish terrier), car il favoriserait l’apparition d’hémorragie en cours de traitement anti-inflammatoire. De façon anecdotique, des troubles fonctionnels des plaquettes sont rapportés lors d’administration de polysulfate de pentosane, de certains antibiotiques (céfalotine), de barbituriques, de vérapamil, de diltiazem, d’héparine, etc.

TROUBLES DE L’HÉMOSTASE SECONDAIRE

La cause la plus fréquente est l’intoxication aux AVK (elle est moins répandue chez le chat que chez le chien). Elle peut se manifester par une toux, une coagulation intravasculaire disséminée, des convulsions. Ces symptômes surviennent généralement 48 heures au minimum après l’ingestion (après l’épuisement des facteurs de coagulation). Toutefois, si l’ingestion a eu lieu au maximum 4 heures plus tôt, il est recommandé de faire vomir l’animal et de lui administrer du charbon activé, puis de vérifier le temps de Quick (TQ) deux jours plus tard. Le diagnostic biologique d’une intoxication par les AVK repose sur la mise en évidence d’une augmentation du TQ et du temps de céphaline activée (TCA). Le traitement recommandé est le “protocole vitamine K1 20 minutes” (voir encadré).

Selon les résultats de la numération-formule, du sang frais et une faible quantité de facteurs de coagulation peuvent être transfusés. L’animal peut être perfusé et recevoir une faible quantité de protéines de transport de l’oxygène (Oxyglobin®). Une antibiothérapie est justifiée en cas d’hémorragie pulmonaire. La vitamine K3, inefficace, ne doit pas être utilisée. Dans tous les cas, il convient de recontrôler le TQ 48 heures après l’arrêt de la vitaminothérapie, car il est possible d’être confronté à un mélange de plusieurs AVK dans un contexte de malveillance. Cela permet aussi d’exclure une nouvelle ingestion d’AVK en cours de traitement.

TRAITEMENT1 D’UNE INTOXICATION AUX AVK

> TQ et/ou TCA à l’admission (TQ altéré plus précocement).

> Perfusion de Ringer lactate.

> Injection de vitamine K1 à la dose de 5 mg/kg par voie intraveineuse lente (de 30 à 60 secondes).

> Mesure TQ et/ou TCA, 20 minutes plus tard (qui doivent se normaliser).

> Relais vitamine K1 per os 12 heures plus tard, puis une fois par jour. La durée du traitement dépend de la génération du rodenticide ingéré. S’il est inconnu, le traitement doit durer trois semaines.

1 Proposé par l’Acvim, 2008, San Antonio.

DÉTERMINATION DU RODENTICIDE INGÉRÉ

Outre l’analyse post-mortem sur le foie, il est désormais possible d’identifier le rodenticide à partir d’un échantillon de sang (analyse sur du plasma par la chromatographie au laboratoire de toxicologie de VetAgroSup, 45 €).

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