Extraction d’une carnassière chez un furet - La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1520 du 14/12/2012

Formation

NAC

Auteur(s) : Anaïs Jan*, Emmanuel Risi**, Florian Boutoille***

Fonctions :
*praticiens au CHV Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique)
**praticiens au CHV Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique)
***(diplomate EVDC), praticiens au CHV Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique)

POINTS FORTS

– Chez le furet, l’extraction dentaire est indiquée lors de fracture d’une carnassière.

– Un examen approfondi de la cavité buccale est nécessaire lors de dysorexie sans atteinte de l’état général.

Un furet mâle castré de trois ans et demi est présenté en consultation pour une dysorexie qui évolue depuis deux semaines. Il est nourri avec des croquettes pour chat, achetées en grande surface, et n’a présenté aucun problème de santé auparavant. Il vit depuis peu avec un autre mâle de trois mois.

EXAMEN CLINIQUE

Les propriétaires rapportent des épisodes de ptyalisme, une mastication des aliments lente et fastidieuse, sans altération de l’état général. Aucune anomalie n’est constatée à l’examen général. Cependant, il se laisse difficilement manipuler la tête pendant la consultation, et l’examen de la cavité buccale est difficile.

Une anesthésie flash est donc réalisée pour permettre un examen approfondi de la cavité buccale et d’éventuels examens complémentaires, à l’aide d’un mélange d’oxygène (1 l/min) et d’isoflurane (induction progressive de 2 à 5 % sur 1 à 2 minutes). Un dépôt de tartre est remarqué sur la couronne de la carnassière maxillaire gauche (PM4). Son retrait au détartreur révèle une fracture de la dent. L’exploration avec une sonde dentaire pointue met en évidence une ouverture de la chambre pulpaire. La présence de tartre prouve que la fracture est ancienne. Une extraction chirurgicale de la carnassière fracturée est programmée pour le lendemain.

CHIRURGIE

Préparation

Après l’administration de buprénorphine (30 µg/kg par voie sous-cutanée), l’anesthésie est induite par un mélange d’oxygène à 100 % (1 l/min) et d’isoflurane à 5 %. Le furet est ensuite intubé, et l’anesthésie est maintenue à l’aide d’isoflurane à 2 %. L’animal est placé en décubitus latéral droit.

Une radiographie dentaire de la 4e prémolaire maxillaire gauche est réalisée avec un capteur numérique intra-oral placé dans la cavité buccale et un appareil de radiologie dentaire. Une ostéolyse est observée autour de la racine distale.

Une anesthésie locorégionale du nerf infra-orbitaire gauche est pratiquée par l’injection d’un mélange de lidocaïne (0,5 mg/kg) et de bupivacaïne (0,5 mg/kg) au niveau du foramen infra-orbitaire gauche.

Extraction dentaire

L’ensemble de la denture est détartré avec un détartreur piézoélectrique, puis la cavité buccale est rincée avec une solution aqueuse de chlorhexidine à 0,05 %. Un lambeau mucopériosté trapézoïdal est élevé sur la face latérale de la PM4 maxillaire gauche. Une alvéolotomie est réalisée avec une fraise dentaire, sous irrigation, afin d’exposer les racines vestibulaires de la dent. Celle-ci est ensuite sectionnée à la fraise en trois fragments (autant que de racines). Chaque fragment est alors mobilisé avec un luxateur de 1 mm de large, puis extrait avec un davier. L’alvéole est rincée avec du sérum physiologique, puis les spicules osseux sont éliminés à la fraise.

Le site est refermé par une suture du lambeau à la muqueuse palatine, au moyen de points simples résorbables (monofilament, 6/0).

En phase postopératoire, l’animal reçoit du méloxicam (0,1 mg/kg/j, per os, pendant cinq jours) et une association de métronidazole et de spiramycine (16 mg/100 000 UI/kg/j, per os, pendant huit jours). Il est conseillé aux propriétaires de changer l’alimentation au profit de croquettes pour furet de bonne qualité.

Lors du contrôle effectué quinze jours plus tard, l’animal a repris une alimentation autonome normale. La cicatrisation du site opératoire est parfaite.

DISCUSSION

Pathogénie

Lors de fracture dentaire avec exposition de la pulpe dentaire, cette dernière est instantanément contaminée par les bactéries présentes dans la cavité buccale. Ce stade, appelé pulpite, correspond à une inflammation de la pulpe dentaire secondaire au traumatisme et à l’infection récente. Comme le tissu pulpaire est enfermé à l’intérieur de la dent, l’œdème qui accompagne la pulpite provoque rapidement une compression et une ischémie de la pulpe, ce qui aboutit à une nécrose pulpaire en quelques jours ou semaines.

L’infection dans la dent se propage par les canalicules présents à l’apex de la ou des racines. Les bactéries ou leurs toxines initient alors une réaction inflammatoire des tissus périapicaux (stade de la parodontite apicale). Cette inflammation peut évoluer de manière chronique et entraîner la formation d’un granulome inflammatoire ou d’un kyste (par la stimulation des cellules épithéliales de Malassez présentes dans le desmodonte). Une réactivation de l’inflammation peut générer une évolution infectieuse, avec la formation d’un abcès ou d’une cellulite maxillo-faciale.

Techniques chirurgicales

L’extraction totale de la dent fracturée permet d’éliminer la source de l’infection. C’est la seule technique utilisable chez le furet pour une carnassière, en raison de la petite taille de ses canaux. Un traitement canalaire conservateur est cependant possible pour les canines.

Chez le furet, l’extraction de la carnassière maxillaire est réalisée de la même manière que chez le chien ou le chat. Il s’agit d’une extraction dite chirurgicale. L’intervention débute par un temps muqueux (élévation d’un lambeau mucopériosté), suivie d’un temps osseux (alvéolotomie) et de la section de la dent, avant de l’extraire racine par racine. Le lambeau mucopériosté préalablement élevé est repositionné et suturé, après un curetage du site. L’analgésie est assurée par l’administration de morphiniques et la réalisation d’une anesthésie locorégionale, selon les mêmes techniques que chez le chien et le chat.

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