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Reportage
Auteur(s) : Fanny Pandolfi
Au Gabon, la médecine vétérinaire est encore peu représentée. Les quelques vétérinaires gabonais, pour la plupart diplômés à Dakar (Sénégal), ont peu d’occasion d’exercer, que ce soit en pratique pure, au sein du monde agricole ou dans les institutions scientifiques. Le Centre international de recherches médicales de Franceville (Cirmf) leur ouvre de réelles perspectives.
La recherche, la santé publique et la formation sont les axes majeurs du Cirmf, implanté à Franceville, au Gabon, depuis 31 ans. Il est doté d’un des plus grands centres de primatologie au monde, d’une station d’études des gorilles et chimpanzés et d’une unité des maladies virales émergentes. Des instruments et des méthodes de lutte contre les maladies sont ainsi proposés au système de santé gabonais. De nombreux étudiants et jeunes chercheurs sont accueillis, et le centre forme chaque année des doctorants.
Le Centre de primatologie (CDP) a été créé dans les années 80 et s’étend sur près de 20 hectares. Une vingtaine de personnes y travaillent sous la responsabilité du Dr Barthélémy Ngoubangoye, chef de service, assisté par le Dr Anaïs Herbert. L’action du centre s’articule autour de trois axes.
Il soutient la recherche, malgré la régulation de l’expérimentation qui a fait battre en retraite les tentatives de découvertes scientifiques. La casquette pluridisciplinaire des vétérinaires pourrait bien faire renaître cette unité de recherche.
Il s’occupe du suivi sanitaire et écologique des primates, ce qui inclut divers prélèvements sanguins et examens médicaux.
Enfin, le centre est un acteur important de la conservation des primates. Les orphelins ou les adultes retrouvés lors de saisies sont conservés en zone de haute sécurité de type A2 (mise en quarantaine) et subissent plusieurs contrôles sanitaires avant leur réinsertion.
Le CDP étudie avec précision les singes. Diverses analyses ont été étalonnées pour établir des normes locales et répondre à ce besoin d’exactitude. Les interventions sur le site, la médecine vétérinaire et ses actions associées laissent peu de place à l’improvisation.
Sur place, le personnel animalier assiste régulièrement à de brèves présentations sur les résultats de travaux menés par les étudiants ou d’autres intervenants. Ainsi, les projets suivis au sein du CDP impliquent les “petites mains”, ce qui confère un esprit d’équité. L’impact est positif sur la motivation générale.
Au début des années 80, la santé des primates, surtout leur alimentation et la chaîne alimentaire à laquelle ils appartiennent, a été le point d’attention. Des études pluridisciplinaires se sont développées par la suite, dont la phénologie par exemple. En 2008, le Dr Jean-Paul Gonzalez a été promu directeur général du Cirmf. Parmi ses nouveaux objectifs figurait la réhabilitation de la Station d’études des gorilles et des chimpanzés (SEGC) afin de recentrer les recherches sur le domaine de la santé. Le Centre national de recherches scientifiques et technologiques (Cenarest) a joué un rôle d’intermédiaire en détachant un gestionnaire de la station d’origine gabonaise.
Le Cirmf est aujourd’hui sous la direction du Dr Éric Leroy. Des gorilles et des chimpanzés, la station ne porte plus que le nom. Les principaux projets en cours concernent les gîtes larvaires des moustiques, vecteurs d’infections humaines, et l’identification et l’évaluation des risques zoonotiques liés aux rongeurs péridomestiques. Les vétérinaires, via la gestion technique des prélèvements et leur connaissance approfondie de la santé animale, sont susceptibles d’apporter une précieuse contribution à ces différents projets.
Notre confrère Éric Leroy, directeur général du Cirmf, est également à la tête de l’Unité des maladies virales émergentes (UMVE). Un service tourné vers la santé animale qui mène parallèlement des actions de santé publique. L’unité s’attelle à trois grandes activités : la recherche, le diagnostic et la formation. La recherche cible naturellement les maladies animales en raison du caractère zoonotique d’une partie d’entre elles. La compréhension des mécanismes qui sont à l’origine de la rupture de la barrière interespèces, est l’une des principales préoccupations. Ces connaissances acquises, le mécanisme d’adaptation nécessaire au transfert de l’animal à l’homme et celui de la propagation interhumaine (épidémie) seront mieux compris.
Dans le climat chaud et humide de la zone tropicale, le Gabon est un pays pourvu d’une grande richesse microbiologique. Le risque d’émergence de maladies, notamment zoonotiques, et la mobilité croissante au niveau mondial incitent à une réflexion pluridisciplinaire sur les micro-organismes. La participation des vétérinaires, grâce à leur connaissance approfondie des sciences médicales, répond à cette nécessité d’une vue globale. Une porte bien spécifique s’entrouvre pour la médecine vétérinaire gabonaise. Un partenariat avec différentes institutions scientifiques internationales laisse en effet une place à l’émergence de son élite scientifique. Une voie d’épanouissement pour tous.
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