Acheter de l’or, une valeur refuge

Crise financière oblige, les Français sont de plus en plus nombreux à privilégier les biens réels que sont l’immobilier et l’or.

L’or a progressé de plus de 12 % au cours des trois derniers mois, mais reste inférieur au plus haut taux historique franchi en septembre 2011, avec un cours de 1 900 $ l’once. Il existe encore des marges de hausse pour plusieurs raisons. L’or est une valeur refuge (contre les incertitudes monétaires et l’inflation) pour les banques centrales, une matière première stratégique pour la joaillerie et une denrée spéculative pour les fonds d’investissement qui en possèdent environ 2 780 tonnes. Soit plus que la France, qui est pourtant le sixième détenteur de métal jaune dans le monde avec 2 400 tonnes. Par ailleurs, la Monnaie de Paris a lancé le mois dernier une pièce en or de 5 000 €.

Se montrer prudent

Pour autant, cela ne signifie pas qu’il faut acheter de l’or en grande quantité, sauf à endosser le costume du spéculateur. Si plus tard, en raison d’une embellie économique, les banques centrales et les fonds d’investissement se mettent à vendre brusquement l’or détenu, les cours s’effondreront. Et il y aura alors peu de chance pour qu’ils se remettent à grimper avant longtemps. Pour mémoire, les taux d’aujourd’hui ne sont haussiers que depuis douze ans. Avant cette période, il ne se passait rien sur le marché de l’or. Alors, s’intéresser à l’or métal n’est pas dénué de sens, mais dans des proportions raisonnables et à titre de diversification patrimoniale (de 5 à 10 % de son patrimoine). Il convient de rappeler que seule la plus-value procure un gain. L’or ne distribue aucun revenu. Il est impossible de jouer sur les deux tableaux comme pour les actions (plus-values et dividendes).

Les plus fortunés peuvent acquérir un ou plusieurs lingots (environ 40 000 €). Pour les autres, le Napoléon reste un bon choix (environ 260 € la pièce). D’un point de vue fiscal, il faut prévoir un prélèvement forfaitaire de 34,5 % sur la plus-value et un abattement de 10 % à partir de la troisième année de détention. Sous réserve qu’une fois adoptée, la loi de finances pour 2013 ne change pas la donne.

Les pièces à thésauriser ou à échanger

Du point de vue de la valeur monétaire, acheter la nouvelle pièce d’or est intéressant. Sa valeur, au fil des ans, ne pourra pas être inférieure à 5 000 €. Il sera toujours possible de la changer contre de plus petites coupures dans une banque. Il faut cependant tenir compte de deux aspects : la spéculation et la valeur de collection. La pièce contient 75 g d’or. Si l’on prend en compte la cote de l’or, elle est aujourd’hui de 43,93 € le gramme. Cela signifie qu’au simple cours de l’or, la valeur de la pièce est de 3 295 €. La prime à payer est donc de plus de 50 %.

Par comparaison, un Napoléon de 20 francs or a une cote de 268,90 € avec une prime de 5,4 %. Donc du strict point de vue de la quantité et de la valeur de l’or, ce n’est pas une bonne affaire. Même si l’acheteur ne perd pas d’un point de vue monétaire. Toutefois, il convient de rappeler la fameuse “pièce semeuse” de 2009 qui, achetée 100 €, vaut aujourd’hui 2 100 €. Elle représente donc ici une bonne affaire.

L’intérêt de la nouvelle pièce d’or de 5 000 € repose sur sa quantité limitée (2 000 exemplaires commercialisés). Toutefois, son délai de souscription était très court. Ceux qui n’auront pas pu être servis à temps trouveront la pièce sur le marché secondaire. Et les premiers acquéreurs pourront peut-être alors réaliser une bonne opération !