L’enfance tombée du nid

Dans les récits d’apprentissage au cinéma, la relation animal/ enfant occupe une place centrale. Au sentimentalisme un peu mièvre de la plupart des films (L’Étalon noir, Jodi et le faon, etc.), Ken Loach opposa, en 1969, l’âpre beauté de Kes¹. Little Bird, 1^er long-métrage de Boudewijn Koole, s’inscrit dans cette filiation. S’il n’en reconduit pas la critique sociale, il en épouse l’exigence naturaliste et la tonalité douce-amère.

Le film dresse le portrait d’un garçon de 10 ans, dans une périphérie urbaine des Pays-Bas, entre nature en friche et voies rapides. Plein de vie et livré à lui-même, Jojo cherche un équilibre entre les désirs de l’enfance et une réalité tendue par un père taciturne et une mère absente. L’enfant trouve alors un réconfort inattendu auprès d’un choucas tombé du nid qu’il recueille en cachette. Métaphore de lui-même, l’oiseau lui donnera la force de surmonter le déni dans lequel il s’est réfugié et de briser le mur d’isolement qui le sépare de son père.

Pour la jeunesse, mais pas seulement, Little Bird est un beau film sur le deuil, moins par originalité que par la sensibilité de son approche. Une attention à l’enfance, tendre et sans sensiblerie, énergiquement soutenue par le travail de Daniël Bouquet à la caméra. L’interprétation du jeune Rick Tens (Jojo) est remarquable. Plusieurs fois primé², le film représentera les Pays-Bas aux prochains Oscars.

Little Bird (Kauwboy) de Boudewijn Koole, Pays-Bas, 1h21, sortie le 21 novembre 2012.

• 1 Film britannique mettant en scène un enfant d’une ville minière qui oublie son quotidien oppressif en apprivoisant un faucon.

• 2 Prix du meilleur premier film lors de la dernière Berlinale et du meilleur film jeunesse de l’European Film Academy 2012.