Appréciation post-mortem de la mort subite - La Semaine Vétérinaire n° 1515 du 09/11/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1515 du 09/11/2012

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Janet Patterson-Kane*, Marine Neveux**

Fonctions :
*université de Glasgow (Royaume-Uni).

POINTS FORTS

- Le praticien doit s’attacher à obtenir l’historique, à l’écrire et à le faire signer. Il convient de réaliser des clichés de l’animal et de l’environnement. Les prélèvements sont à conserver.

- Il est important de déterminer l’existence de traumatismes et de faire un focus sur les sites potentiels d’injection.

- Les atteintes cardiovasculaires importantes incluent la rupture de gros vaisseaux sanguins, les hémorragies, les lésions cardiaques.

- Les coliques peuvent être une cause de mort subite.

- Le crâne, le cerveau et la moelle épinière devraient être à chaque fois examinés pour rechercher un traumatisme.

Les cas de mort subite représentent entre 9 à 26 % de la mortalité chez le cheval, selon les études. Le recours au laboratoire et à un anatomo-pathologiste expérimenté permet d’explorer les différents organes de façon approfondie. Ces examens sont parfois impossibles dans un box ou au pré. Cela peut mettre en difficulté les vétérinaires qui sont amenés à effectuer eux-mêmes ce constat.

ANAMNÈSE

Le praticien doit alors s’attacher à obtenir l’historique, à l’écrire et à le faire signer. Cela inclut l’identification de l’animal et des précisions sur la survenue de la mort, consécutive à une injection, à un entraînement, etc. Ce recueil de l’anamnèse contient également les résultats de prises de sang récentes. Des photographies du site de la mort et de l’environnement sont à conserver (y inclure la présence d’autres chevaux ou d’animaux, des échantillons de plantes potentiellement toxiques ou d’agents chimiques). D’autres facteurs environnementaux sont à noter : le cheval a-t-il été trouvé dans l’eau ? Quelle est sa température corporelle ?, etc.

EXAMEN POST-MORTEM ET LÉSIONS FRÉQUENTES

Peau et tissu sous-cutané

Il est important de déterminer s‘il existe des signes de traumatisme et de faire un focus sur les sites potentiels d’injections (observer les tissus autour de la veine jugulaire et de l’artère carotide). Une dissection précautionneuse est requise autour de l’artère carotide, car l’injection par inadvertance de certaines substances peut être une cause de mort subite.

Le corps entier doit être observé : recherche des tissus sous-cutanés, musculaires et périarticulaires. Si un site d’injection potentiel est identifié, il doit être retiré en bloc, conservé et scellé dans un container dédié.

Appareil cardiovasculaire

Les lésions importantes incluent la rupture de gros vaisseaux sanguins (aorte, artère pulmonaire, artères iliaques), une hémorragie provenant de l’artère carotide interne dans les poches gutturales à la suite d’une infection mycosique, une rupture cardiaque, des lésions valvulaires, des lésions myocardiques (par exemple ischémie et mycardite), des hémorragies d’origine non identifiée et d’autres signes d’un état de choc incluant une congestion viscérale, des pétéchies. Chez le cheval, les zones significatives du cœur sont à examiner au microscope (y compris le nœud sino-atrial et les artères coronaires).

Système gastro-intestinal

Les coliques provoquent 36 % de la mortalité équine, selon une étude conduite aux États-Unis, et 39 % des morts subites, d’après une autre étude menée sur 151 chevaux. Les lésions peuvent inclure une rupture gastrique ou intestinale ; un volvulus, un entrapement, une intussusception ou une impaction du petit intestin; une torsion, une intussusception ou une impaction du cæcum ou du côlon ; une lacération rectale, une colite, une hernie diaphragmatique.

Système neurologique

Le crâne, le cerveau et la moelle épinière devraient être à chaque fois examinés pour rechercher un traumatisme. En outre, des lésions qui s’étendent lentement (incluant les néoplasmes et les abcès) peuvent échapper à la vigilance du propriétaire, et provoquer une mort subite quand ils touchent des régions vitales du cerveau.

Trouvé mort versus mort subite

Pour être rigoureux sur la sémantique, il est possible de parler de mort subite seulement si elle survient alors que l’animal était suivi et apparemment en bonne santé auparavant. Les lésions aiguës comme chroniques doivent être notées, car il est toujours possible que le propriétaire ait ignoré des lésions subcliniques qui se sont exacerbées (par exemple, hémorragie lors d’un phaechromocytome).

TOXICOLOGIE

Il est tentant de penser que les analyses toxicologiques vont apporter une réponse, en l’absence de causes évidentes de la mort. Si l’aspect financier peut limiter les investigations, il est néanmoins utile de prélever des échantillons (incluant ingestas et digestas) et de les conserver, au cas où une analyse ultérieure serait requise. Au final, un examen post-mortem ne permet pas toujours de déterminer l’origine de la mort. Selon plusieurs études, la cause définitive n’est identifiée que dans 50 à 70 % des cas.

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