Œdème palpébral bilatéral chez un lapin de compagnie - La Semaine Vétérinaire n° 1513 du 26/10/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1513 du 26/10/2012

Formation

NAC

Auteur(s) : ANAÏS JAN*, HÉLOÏSE COUSIN**, EMMANUEL RISI***

Fonctions :
*praticien au centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes
**praticien au centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes
***praticien au centre hospitalier vétérinaire Atlantia, à Nantes

POINTS FORTS

– La myxomatose est une maladie polymorphe : la forme nodulaire est la plus classique, une forme respiratoire existe aussi et des formes atténuées, non mortelles, sont parfois observées.

– La myxomatose doit systématiquement faire partie du diagnostic différentiel lorsqu’un lapin est présenté pour une tuméfaction des paupières, un coryza, des lésions cutanées, un abattement ou une anorexie.

Un lapin mâle entier non vacciné de 2 ans est présenté en consultation d’urgence pour une blépharite bilatérale, apparue en quelques heures, et une légère baisse d’appétit. Depuis une dizaine de jours, l’animal a accès à un nouvel enclos extérieur duquel il s’enfuit régulièrement. D’autres lapins domestiques et des lapins de garenne ont été aperçus dans le voisinage.

CAS CLINIQUE

Examen clinique

À l’examen général, l’animal apparaît en bon état, son abdomen est souple avec un transit satisfaisant, sa température est normale.

À l’examen rapproché des yeux et des paupières, un œdème palpébral bilatéral marqué et une blépharite sont constatés, ainsi qu’un écoulement séro-purulent bilatéral modéré. Une discrète rhinite est également notée, avec un léger jetage séreux bilatéral.

Diagnostic différentiel

Plusieurs hypothèses diagnostiques sont envisagées :

– une dacryocystite associée à une baisse de la prise alimentaire, due à une malocclusion dentaire ;

– une rhinite bactérienne ;

– une dacryocystite et une rhinite d’origine allergique secondairement infectée ;

– des piqûres d’abeille ou d’autres insectes au niveau des paupières ;

– une blépharite d’origine infectieuse bactérienne.

Traitement initial

Le lapin est hospitalisé, et un traitement médical “classique” des infections oculaires et nasales est mis en place : antibiotique (enrofloxacine, 10 mg/kg, 2 fois par jour, par voie sous-cutanée), anti-inflammatoire (méloxicam, 0,3 mg/kg, 1 fois par jour, par voie sous-cutanée), alimentation forcée (foin en poudre, 3 fois par jour, en plus des aliments habituels), soins des yeux (solution de rinçage et collyre associant framycétine et dexaméthasone, 2 fois par jour).

Évolution

→ Après 24 heures d’hospitalisation, une baisse d’appétit plus marquée, une aggravation de la blépharite et une hyperthermie sont constatées. La diminution de la prise alimentaire semble liée à la gêne occasionnée par la fermeture des yeux due au blépharœdème. En effet, l’animal avale facilement les bouillies de gavage lorsqu’elles sont proposées à la seringue.

→ Après 48 heures d’hospitalisation, une myxomatose est envisagée. Un prélèvement de sang sur anticoagulant (EDTA) est envoyé au laboratoire pour une analyse par polymerase chain reaction (PCR). Dans l’attente du résultat, comme son état général est stable, le lapin est rendu à sa propriétaire et le traitement médical est poursuivi.

→ Le résultat de la PCR, positif, révèle une charge forte de virus myxomateux, à hauteur de 1 million de copies par millilitre de sang. Le pronostic est réservé. Pourtant, le lapin se porte bien et l’œdème palpébral a diminué. Comme une forme atténuée de myxomatose est envisageable, la décision est prise de renforcer le traitement de soutien (gavage, réhydratation orale, vitamines) et l’antibiothérapie (ajout de pénicilline G longue action, 40 000 UI/kg, chaque jour, afin de prévenir au mieux les surinfections bactériennes).

→ Lors de la consultation pour la 1re injection, une régression de l’œdème palpébral est constatée, mais l’animal présente une tuméfaction des oreilles et de la face, ainsi qu’une légère perte de poids (presque 100 g). Au cours des 2 jours qui suivent, son état général se dégrade rapidement et le lapin est finalement euthanasié.

DISCUSSION

Épidémiologie

La myxomatose est une maladie polymorphe. La forme nodulaire est la plus classique et la plus facile à reconnaître. Elle est fréquente en France, toute l’année. Une forme respiratoire est également décrite (voir tableau). Une adaptation du virus peut aussi être observée, à l’origine de formes dites atténuées, non mortelles. Les signes cliniques sont peu visibles ou se limitent à quelques lésions cutanées plates et croûteuses.

La myxomatose doit systématiquement faire partie du diagnostic différentiel lorsqu’un lapin est présenté pour une tuméfaction des paupières, un coryza, des lésions cutanées, un abattement, une anorexie, que l’on ait affaire à un ou à plusieurs de ces signes cliniques combinés.

Quelle que soit la forme exprimée, il convient d’avertir les propriétaires que l’issue est quasiment toujours fatale, et que l’objectif du traitement proposé est de soutenir l’organisme (réalimentation, réhydratation, etc.) et de prévenir les surinfections bactériennes.

Prévention

La prévention de la myxomatose repose sur la vaccination de tous les lapins, même ceux qui n’ont pas accès à l’extérieur, puisque les insectes piqueurs peuvent entrer dans le domicile. La vaccination est réalisée, selon les vaccins, tous les 6 mois ou tous les ans.

Il importe également d’isoler l’animal des autres lagomorphes, domestiques ou sauvages, et de le protéger contre les puces et les moustiques, vecteurs du virus. La maladie ne connaît plus de saisonnalité marquée, en raison des variations climatiques observées : des cas de myxomatose sont aujourd’hui fréquents en période hivernale.

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