Comment percevez-vous la féminisation de la profession ? - La Semaine Vétérinaire n° 1511 du 12/10/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1511 du 12/10/2012

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : SERGE TROUILLET

C’est un déséquilibre qui pose question

Jacques Monet, praticien rural à Mauriac (Cantal).

La profession se féminise, c’est un fait. La proportion de filles dans les écoles vétérinaires marque un déséquilibre qui ne pose pas problème, mais question ! Pourquoi ? Je laisse volontiers aux spécialistes le soin d’y répondre. Sur le terrain, nous constatons cette tendance. Dans notre cabinet, depuis 7 à 8 ans, les femmes répondent à nos annonces. Nous avons eu plusieurs assistantes. Pourtant, géographiquement, nous ne sommes pas très attractifs. Le Cantal est peu demandé, hormis peut-être Saint-Flour, situé au bord de l’autoroute. Et ce n’est pas avec la publicité quotidienne que nous fait la météo nationale, pointant Aurillac en permanence, que cela a des chances de s’améliorer !

En ce moment – est-ce une coïncidence ? – nos assistantes viennent plutôt de l’étranger : l’une est flamande, une autre franco-espagnole (sa mère est cependant native de notre ville), et une Italienne se montre intéressée par notre dernière annonce de recrutement. Quel est l’impact sur le travail au quotidien ? Aucun pour la clientèle, hormis quelques rustres, dès lors qu’elles font bien leur travail. En ce qui concerne le statut, elles souhaitent le plus souvent demeurer salariées, comme tous les assistants en général. Nous préférerions le contraire car, en milieu rural, la convention collective s’applique mal. Les titulaires travaillent au moins 30 jours de plus sur l’année !

Comment gérerons-nous la désertification en rurale ?

Johanna Ouziaux, praticienne à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

La féminisation est d’abord une réalité qui se manifeste dès l’école. Il s’en dégage même une impression de déséquilibre dans l’ambiance. Ensuite, dans la société, l’omniprésence féminine chez les vétérinaires fait indiscutablement évoluer les esprits. Lors de mes premiers pas de salariée, je n’ai jamais ressenti de discrimination, ni d’ailleurs de favoritisme à mon égard. Enfin, l’impact de cette tendance lourde découlera du mode d’exercice propre des femmes. Avec ses atouts et ses handicaps.

Personnellement, le choix de mon activité ne s’est pas porté sur la rurale en raison des contraintes qu’elle fait peser sur la vie de famille, quand on a des enfants. Si je dois embaucher à mon tour, peu importe que ce soit un homme ou une femme, je fonctionne au feeling ! Et je raisonne dans le même esprit lorsque je recherche un associé. Là, toutes choses égales par ailleurs, je privilégierai un diplôme d’Alfort, par esprit de solidarité. Sans doute notre approche du métier contribuera-t-elle, par sa généralisation, à en modifier la pratique et la perception que les gens en auront. Dans la clientèle, nous sommes en général perçues comme plus douces, plus attentionnées, plus cordiales avec les propriétaires d’animaux. Toutefois, comment gérerons-nous la désertification rurale de la médecine vétérinaire ?

Le phénomène est si massif qu’il paraît irréversible

Catherine Tourre-Malen, anthropologue, maître de conférences à l’université Paris-Est Créteil.

Curieusement, l’accès des femmes au métier de vétérinaire a été tardif, au regard d’autres professions libérales (médecin, avocat, architecte, etc.). Le temps des pionnières s’est prolongé jusqu’au début des années 80. Mais, ensuite, l’introduction de femmes a été rapide et massive. Nous pouvons y voir la convergence de plusieurs facteurs : les bons résultats scolaires des filles, le renforcement de la sélection à l’entrée des écoles vétérinaires, l’attraction des filles pour les animaux et leur éducation au care, la féminisation de l’équitation, la modification du statut de l’animal dans la société, avec une hausse des animaux de compagnie. Le métier leur est devenu plus “envisageable”. Sauf dispositifs particuliers, la féminisation est aujourd’hui tellement massive qu’elle paraît irréversible.

Comme cela est constaté dans d’autres métiers féminisés, par un effet “boule de neige”, une forte présence de femmes engendre une augmentation des vocations féminines. Concomitamment, nous observons une diminution des vocations masculines : les hommes “désertent” ou s’orientent vers des “bastions masculins” comme la chirurgie, en médecine humaine.

Si la féminisation d’une profession s’accompagne généralement d’un changement des représentations, elle bouleverse aussi la manière de l’exercer, notamment ce qui a trait à l’organisation. Les femmes privilégient souvent les temps familiaux si elles vivent en couple ou avec des enfants. Mais il est difficile de déterminer si ces transformations sont du seul fait des femmes ou si elles découlent de l’évolution de la société.

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