Merci docteur, vous êtes gentil

Paradoxe de la profession vétérinaire, ce n’est pas quand un praticien a bien soigné un animal que son client manifeste le plus sa satisfaction, mais lorsqu’il l’a bien tué.

En pratique quotidienne, l’euthanasie n’est pas un acte banal. La charge émotionnelle du propriétaire, et parfois celle du vétérinaire quand il soigne l’animal depuis longtemps, renforcent le besoin d’adoucir ce moment, qui peut rapidement devenir pénible. La disponibilité des confrères et du personnel des cliniques est appréciée, l’empathie, la compréhension, la patience aussi. Face à la mort, chaque client est différent, chaque situation unique : certains vont préférer que l’acte soit rapidement réalisé, d’autres ont besoin de temps, de recueillement. Certains optent pour une banalisation froide, quand d’autres envient cette possibilité offerte à l’animal qui ne l’est pas à l’homme. La difficulté consiste à saisir les espoirs et les doutes qui ont conduit à cette extrémité, à gérer les émotions, mais aussi la souffrance physique de l’animal et celle, morale, de son maître.

Alors pour que tout se passe au mieux, chaque praticien développe des habitudes, des rituels : pièce à part, rendez-vous pris à des moments particuliers pour assurer un maximum d’intimité, protocole fixé à l’avance, séparation entre la partie administrative et financière, plus triviale, de l’acte lui-même, voire grande responsabilité laissée aux auxiliaires pour donner les informations incontournables sur le déroulement de l’acte et le devenir du corps.