Retrait chirurgical d’une tumeur utérine chez une lapine - La Semaine Vétérinaire n° 1508 du 21/09/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1508 du 21/09/2012

Formation

NAC

Auteur(s) : JULIEN GOIN

Fonctions : assistant hospitalier du service
AEI d’Oniris (Nantes).

POINTS FORTS

– L’adénocarcinome de l’utérus est une tumeur fréquente chez les lapines non stérilisées, notamment à partir de l’âge de 4 ans.

– Une ovario-hystérectomie est requise lors de tumeur utérine.

– Un bilan d’extension est nécessaire, en particulier pour rechercher des métastases pulmonaires ou hépatiques.

Une lapine non stérilisée, âgée de 5 ans, est présentée en consultation vaccinale de rappel pour la myxomatose et la maladie virale hémorragique. Lors de l’examen clinique, une masse oblongue est palpée en partie caudale de l’abdomen (voir photo 1). Le reste de l’examen est normal. L’animal est en bon état général et son appétit est correct.

En raison des commémoratifs (âge, sexe, animal non stérilisé) et des signes cliniques (masse abdominale caudale), une tumeur utérine est suspectée. Le diagnostic différentiel inclut les autres types de masses abdominales (calculs vésicaux notamment).

Examens complémentaires

L’animal est hospitalisé pour réaliser des examens complémentaires. Des pertes vulvaires de sang, non remarquées par le propriétaire, sont objectivées.

> L’examen radiographique montre la présence d’une opacification de type tissulaire en partie caudale de l’abdomen (voir photo 2).

> L’examen échographique met en évidence une corne utérine droite hypertrophiée, polylobée, à l’échogénicité homogène. Cela confirme l’hypothèse d’une tumeur utérine (voir photo 3).

> Le bilan d’extension (recherche de métastases hépatiques par échographie et pulmonaires par radiographie thoracique) est négatif (voir photo 4).

TRAITEMENT

Mesures préopératoires

Une ovario-hystérectomie est envisagée. Une diète préopératoire est déconseillée chez le lapin en raison des risques d’hypoglycémie et d’iléus digestif.

L’induction de l’anesthésie est réalisée par inhalation au masque d’un mélange d’oxygène et d’isoflurane à 4 %, puis l’entretien est assuré avec une concentration à 3 %. L’analgésie est procurée à l’aide de morphine (3 mg/kg, par voie sous-cutanée) et de méloxicam (0,2 mg/kg, par voie sous-cutanée), administrés 30 minutes avant l’induction.

Une antibiothérapie est mise en place (enrofloxacine, 10 mg/ kg, par voie sous-cutanée). L’animal est placé en décubitus dorsal sur un tapis chauffant afin de limiter les risques d’hypothermie. La région abdominale ventrale est tondue et préparée chirurgicalement.

Chirurgie

Une laparotomie est réalisée par la ligne blanche. L’utérus, à l’aspect dilaté et polylobé, est visualisé et extériorisé (voir photo 5). Les ovaires sont repé­rés par une traction délicate des cornes utérines. Leur pôle vasculaire est clampé, ligaturé à l’aide de fil tressé résorbable (Vicryl® 4-0), puis sectionné (voir photo 6). Le ligament large est ensuite disséqué et l’utérus récliné caudalement, ce qui permet la visualisation des 2 cols utérins. L’utérus est clampé distalement à ces derniers. Les 2 veines utérines sont ligaturées individuellement, puis une suture transfixiante de l’utérus est réalisée, avant la section de l’ensemble (voir photo 7).

La paroi musculaire est refermée par des points résorbables en X et la peau par des points simples. Une incision de l’utérus montre la présence d’une néoformation tumorale impliquant l’endomètre (voir photo 8). L’analyse histologique est proposée au propriétaire, mais celui-ci ne souhaite pas la faire réaliser.

Mesures postopératoires

L’animal est laissé sous oxygène à 100 % au masque et sur un tapis chauffant jusqu’à son réveil.

Le traitement postopératoire comprend une antibiothérapie (enrofloxacine, 10 mg/kg/j, per os) et une médication antalgique (méloxicam, 0,3 mg/ kg/j, per os) pendant 1 semaine. L’animal est rendu à ses propriétaires le soir même. Le retrait des points est effectué 8 jours après l’intervention.

DISCUSSION

L’adénocarcinome de l’utérus est la principale affection de l’appareil reproducteur du lapin de compagnie. Il est fréquent et touche les femelles non stérilisées, notamment à partir de l’âge de 4 ans. Son évolu­tion est en général lente, avec l’apparition tardive de métastases pulmonaires, hépatiques et osseuses, 1 à 2 ans après. Son dépistage précoce est souvent difficile, en raison de sa symptomatologie discrète : hématurie, pertes vulvaires hémorragiques, kystes mammaires, iléus digestifs récidivants, infertilité (qui n’est détectable que chez les lapines reproductrices, donc essentiellement en élevage). Parfois, aucun signe clinique n’est présent (voir photo 9).

Le diagnostic est établi par l’examen échographique. Un bilan d’extension est indispensable pour rechercher la présence éventuelle de métastases, notamment pulmonaires.

Le traitement est chirurgical : une ovario-hystérectomie est nécessaire. En prévention, celle-ci peut être pratiquée à partir de l’âge de 6 mois en moyenne. Le mode opératoire est identique à celui employé chez les carnivores domesti­ques et les autres petits mammifères (furet, rongeurs). En raison de la fréquence de cette affection, il est nécessaire de conseiller à tout propriétaire la stérilisation des lapines non destinées à la reproduction, et de palper systématiquement toute femelle non stérilisée présentée en consultation.

D’autres affections utérines existent chez la lapine, comme la métrite ou le pyomètre, mais elles sont plus rares. Ces maladies touchent surtout les lapi­nes reproductrices, en élevage. Elles entraînent une diminution de la fertilité, une dégradation de l’état général, ainsi que la présence possible de pertes purulentes.

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